La voix insurgée de Déwé Gorodé - La voz insurgente de Déwé Gorodé
« Nous essaierons de
Recoller les
brisures des espérances anéanties
Regrouper les
images du discours étranglé
Retrouver
l’unité de la parole éparpillée
Aux quatre vents
de la solitude [. . .]
Recréer la
phrase rituelle qui démasque la traîtrise
Réinventer la
danse magique qui assure la victoire »
Un peu
d’histoire
La Nouvelle Calédonie fut principalement colonisée par des bagnards dont des Communards ayant échappé à la peine de mort, parmi lesquels se trouvait Louise Michel.
Une fois leur peine
accomplie, la plupart d’entre eux n’avaient pas le droit de retourner en
Métropole, ce qui permit de peupler le territoire de colons d’origine européenne.
Ce qui entraîna, bien entendu, une spoliation foncière qui fit éclater une
révolte kanake, en 1878, les Kanaks étant les habitants originaires de
l’archipel.
Le colonisateur
français isola les Kanaks et fit venir, comme
main-d’œuvre, des natifs de l’Asie du Sud-Est.
Cette situation
persista jusqu’à la seconde Guerre mondiale. Après 1946, le Code de l’indigénat
fut aboli et tous les habitants devinrent français, supposément, à part entière.
Se forma alors, au début des années 50, l’Union calédonienne qui remporta élection après élection. À l’instar de l’OAS, en Algérie, les tenant de la République coloniale, eurent recours à l’illégalité des attentats et des meurtres.
Dans les années 60.
Alors que la Polynésie devient le centre de l’expérimentation nucléaire de la
France, le gouvernement revient à la tradition autoritaire en Nouvelle
Calédonie. Les Kanaks redeviennent les laisses ´pir compte de leur pays. En
1985, 8% d’entre eux obtiennent le baccalauréat.
Or, déjà dans les
années 60, et s’inspirant des luttes du tiers monde, les bacheliers kanaks
dénoncent la marginalisation et le racisme qui frappe leur peuple.
Le gouvernement
répond en installant en Nouvelle Calédonie, des Français en provenance des anciennes colonies d’Afrique du Nord.
Les années 80 sont,
dans l’archipel. La scène de ce que l’hypocrisie langagière française appelle, comme elle le fit pour la guerre d’Algérie, les
événements, concrètement une guerre civile qui opposa les kanaks aux tenants de
l’appartenance à la République française que l’on
nomme caldoches.
Les accords de
Matignon, signés le 28 juin 1988, mettent fin aux hostilités mais les deux
signataires du côté kanak, Jean-Marie Djibaoui et Yéwéné Yéwéné, sont
assassinés, le 4 mai 1989, par un indépendantiste irréductible.
Après ses études secondaires dans son pays natal, elle obtient, en
1973, une licence en lettres modernes à l’université de Montpellier. Elle y découvre aussi les écrivains de la
Négritude, ce qui déclenche en elle une prise de conscience aussi bien
artistique que politique.
L’autrice est incarcérée en 1973 ainsi qu’en 1977 à cause de son
engagement dans le mouvement indépendantiste kanak.
Voici ce qu’écrivait Déwé Görödé dans ces années montpelliéraines :
Nuits nues
à toi, ma sœur kanake
Nuits nues
Ombres sans lune
Seul l’aveugle à vie
vit
avec ta peau
belle
femme qui attend
dans les nuits nues
Tu es la iule (1) errante au bord des sources le long des rivières et
des ruisseaux
tu t’enroules dans ta chevelure qui te recouvre toute
Puis à la venue du guerrier qui poursuit la fille enfuie de la Tribu
tu te dénudes tu te découvres tu t’ouvres
Et l’âme du fils de la tribu
pénètre dans ta chevelure et s’y perd
L’âme du fils de la tribu l’esprit du guerrier
sont devenus la case où vit la iule errante
Tu es la fleur sans cesse
effeuillée par les souffles du récif le dieu cyclone
tu te laisses cueillir au gré des nuits interminables
par les mains les doigts qui manient les sagaies les haches ostensoirs
et les
casse-têtes
tu t’abandonnes tu te fanes tu revis
et tes mains du tayo (2) se lassent
et les armes du tayo reposent en paix
les haches les sagaies les casse-têtes se sont endormis
et sont sages totems de tes pétales immortels
Tu es la pluie limpide qui hante la haute montagne gardienne des
esprits tabous
L’appel anxieux du sorcier
faiseur de pluie te tente
Devenue multitude pour lui tu quittes les nues
dans la noire folie des eaux
Et la danse du sorcier t’accueille
et les voies rituelles cette nuit se taisent
La rivière de la vallée vous a engloutis
et les paroles du sorcier deviennent gouttes de pluie
Yeux
clos
Larmes de joie
A
l’aube la rosée
jaillit de tes seins
sources
eaux qui divaguent
dans tes yeux clos
(Montpellier, 14 janvier 1972)
(1) iule : sorte de chenille, assimilée à une nymphe des sources et des
bois. Totem de certains clans, elle est réputée pour égarer ou rendre fous les
passants.
(2) tayo : homme kanak
Le premier recueil de poèmes de Déwé Gorodé, Sous les cendres des conques, commencé en prison, paraît en 1985 aux éditions Edipop. Nous y trouvons l’un de ses textes les plus connus :
Araucaria
Araucaria
pin colonnaire
qui troue le ciel de mon pays
de son tronc s'étirant
vers les souvenirs inavoués
de mon peuple humilié
réfugié dans le ciel des prières
pour oublier
Araucaria
arbre à palabres
de clans et tribus trahis
sur cette terre qui est leur
leurs paroles figées
dans ta dure résine solide
je les dirai en face car je ne veux
PAS OUBLIER
Je les écrirai
là où je le pourrai
du mieux que je le pourrai
ici et maintenant car
j'ai beau chercher
la nuit le jour
je ne vois rien d'autre dans le ciel que
pour éclairer ma mémoire
En 1994, l’écrivaine publie Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier, un recieol de nouvelles qui sera réédité vingt ans plus tard avec deux autres textes dont Utê Mûrûnû 2014 qui évoque , à travers plusieurs générations, la condition de la femme kanak, tiraillée entre le respect de sa culture millénaire et l'appel d'une société en mouvement.« Utê Mûrûnû, mais laquelle d'entre nous toutes finalement ? Bonne question ! Car aujourd'hui nous sommes très nombreuses, nous qui portons ces deux prénoms hérités de nos grands-mères des générations précédentes. Ici même dans notre tribu, voire à travers le pays, selon les réseaux de parenté qui fondent et qui régissent la formation sociale kanak. Toujours est-il que moi, UM 2014, qui ai vingt ans cette année, je suis cette petite fille dont ma grand-mère éponyme avait rêvé lorsque j'étais encore dans le ventre de ma mère. Je suis absolument sûre de cela puisque, au fur et à mesure que je grandissais auprès d'elle, dans les années de ma prime enfance, elle me répétait sans cesse que j'étais le portrait craché de la petite fille de son rêve. »
En 2005, Déwé Gorodé publie, aux éditions Madrépores, son premier roman, L’épave.
Aux abords de Nouméa, à l’abri d’une vieille barque retournée sur la
plage, Tom et Léna, vont apprendre à s’aimer...
Au gré des rencontres, au fil des souvenirs qui s’égrènent, et parfois
les rongent, ils tentent en vain de démêler l’écheveau des désirs, des peurs et
des doutes qui pèsent sur leurs jeunes vies.
« […] après, quand le front a décidé la mise en place à la base
des structures politiques, économiques et scolaires à la rentrée, là où c'était
possible, avec mon copain, on a rejoint d'autres jeunes dans sa tribu au fond
de la vallée pour animer l'EPK, l'école populaire kanak. Auu, ma sœur, l'EPK,
j'ai aimé ! Qu'est-ce que j'ai aimé cette école-là ! Cette école de ce
temps-là. Le temps des luttes. Cette école qui n'avait rien à voir avec celle
que je venais de laisser tomber derrière moi. Cette école qui m'a ouvert les
yeux sur mon identité. Sur d'où je viens, qui je suis, où je vais. Cette école
où j'ai appris à être debout. Et à être avec les autres. L'école de mes rêves ! »
L’autrice néo-calédonienne publie en 2009, toujours aux éditions Madrépores, un deuxième roman, Graines de pin colonnaire. Dans un style que l’on pourrait qualifier de « patchwork » où elle mêle poèmes, fragments de journal et nouvelles, nous découvrons le portrait sans fard des femmes de l’archipel.
« Je
m’appelle Tany,
comme
ma tante que j’ai eu l’immense privilège
d’accompagner
durant sa longue maladie,
jusqu’au
bout de sa vraie vie…
Ma
tante écrivait au fil des jours,
beaucoup
de courts poèmes, de brefs récits
et
d’autres petites odes à la vie quotidienne,
sous
forme de journal de ce temps-là.
J’avais
le privilège de leur première lecture,
comme
de la promesse de m’occuper
un
jour de leur publication.
Elle
les partageait ensuite avec ses amies,
lors
de ce qu’elle appelait avec humour
«
le divan du psy », « la séance confidences »
ou
« l’heure de la confession ».
Au
cours de ces réunions,
elles
lui livraient, à leur tour, leurs histoires personnelles.
Légères
comme une plume, je vous les livre aussi,
avec
ses poèmes, son journal et ses nouvelles,
propres
à se disperser et à pousser là où elles peuvent,
telles les graines de pin colonnaire.
Il est toujours question de femmes dans Tâdo, Tâdo, wéé ! Ou « No more baby », éd. Au Vent des Iles, 2012. Du savoir ancestral des femmes qu’elles se transmettent oralement et qui leur permet s’accéder a la liberté. Bien que pragmatique, ce savoir s’approche, bien entendu, de la magie et du merveilleux.
« En plus, dans le conte, elle l'a finalement piégé pour
l'enfermer dans la marmite sous laquelle le feu couvait sous la cendre.
Maintenant, elle commence à l'allumer pour de bon et pour longtemps.
Ce feu, c'est celui de la parole trop longtemps confisquée et qui lui
brûlait les entrailles de femme stérile. »
Dans le roman, ce sont les deux tantes de la protagoniste, Tâdo, qui
lui transmettent leur savoir, elles l’entraînent « dans le dédale de la
forêt enchantée où elles allaient autrefois cueillir de bon matin les tiges et
les feuilles des plantes de guérison ». Puis, elles lui font découvrir «
d'une roche plate gravée des signes et des motifs propres aux pétroglyphes ».
Tout ce savoir est lié au secret et au silence. Les femmes ne se le
transmettent que dans le cadre le plus intime.
«J'ai vite appris à ne pas pleurer pas me plaindre. J'ai vite appris le silence »
Un dernier recueil de poèmes paraîtra en 2014, A l’orée du sable, publié par
Vents d’ailleurs.
En pays d’Utopia
Banni du réel
en pays d'Utopia
de désirs en illusions
tu promènes tes rêves
des rivages du mythe
au virage des nuages
de la plage des mirages
au visage de la mort
Exclu de la terre
en pays d'Utopia
aux rives de l'irréel
des poèmes en délire
tu dérives tes vers
du seuil du virtuel
aux portes du désir
et au plaisir de ta mort
lente et programmée
L’air est doux
L’air est doux
au clair du jour
tel l’amour
en appel
au secours
en sa tour
prend garde
à l’affût
de mots taillés
en armes fourbies
en écriture
d’embuscade
en poésie
de combat
à remplir
l’absence
le temps
du souvenir
oui
voici venu
le temps
de battre
le rappel
de mémoire
Ceci n’est qu’un aperçu de l’œuvre de Déwé Gorodé qui décède 14 août 2022 dans sa Nouvelle Calédonie. Une écrivaine qui remis à la lumière du jour l’histoire de son peuple et ses souffrances et qui, de ce fait, nous est le plus souvent présentée dans le groupe des auteur·ices « francophones » dont le teint est généralement un peu plus foncé que celui du Français « de souche ». Un racisme à peine voilé qui se pointe même dans les manuels de français langue étrangère !
Des écrivain·es qui, comme Déwé Gorodé, dénoncent la politique encore coloniale de la France, et qui, en outre, apportent à la langue française un nouveau souffle et de nouvelles saveurs.
Reagrupar las imágenes del discurso ahogado
Volver a encontrar la unidad de la palabra desparramada
A los cuatro vientos de la soledad (…)
Recrear la frase ritual que desenmascara la traición
Reinventar la danza mágica que asegura la victoria.”
Un poco de historia
Nueva Caledonia fue principalmente colonizada por presidiarios entre los cuales los Comunardos que habían escapado de la pena de muerte como Louise Michel.
Una vez terminada su pena, la mayoría no tenía el derecho de volver a la
metrópoli, lo que permitió poblar el territorio con colonos de origen europeo.
Lo que trajo, por supuesto, une expolición territorial que hizo estallar una
revuelta kanak, en 1976, siendo los kanaks los habitantes originarios del
archipiélago.
El colonizador francés aisló a los Kanaks e hizo venir, como mano de
obra, a nativos de Asia del sudeste.
Esta situación persistió hasta la segunda Guerra Mundial. Después de
1946, el Código del Indigenismo fue abolido y todos los habitantes se volvieron
supuestamente franceses por completo.
Se formó, entonces, a comienzos de los años 50, la Unión Caledoniana que
gana elección tras elección. Al igual que la OAS, en Argelia, los partidarios
de la república colonial, recurrieron a la ilegalidad de los atentados y
asesinatos.
En los años 60, mientras la Polinesia se vuelve el centro de experimentación nuclear de Francia, el gobierno vuelve a la tradición autoritaria en Nueva Caledonia. Los Kanaks vuelven a ser los dejados de lado en su país. En 1985, el 8% entre ellos obtiene el bachillerato.
Ya en los años 60, empero, e inspirándose en las luchas del tercer
mundo, los bachilleres kanaks denuncian la marginalización y el racusmi que
golpea a su pueblo.
El gobierno responde instalando en Nueva Caledonia a franceses
provenientes de las ex colonias de África del norte.
Los años 80 son, en el archipiélago, el escenario de lo que la hipocresía
lingüística francesa llama, como lo hizo en Argelia, de acontecimientos,
concretamente una guerra civil que opuso a los kanaks a los partidarios de
pertenecer a la república francesa llamados caldoches.
Lps acuerdos de Matignon, firmados el 28 de junio de 1988, ponen fin a las hostilidades, pero los dos firmantes del lado kanak, Jean-Marie Djibaoui y Yéwéné Yéwéné, son asesinados el 4 de mayo de 1989, por un partidario irreductible de la independencia.
En esta tierra conflictiva, nació, en 1949, Déwé Gorodé.
Después de estudios secundarios en su país natal, termina, en 1973, una licenciatura en letras modernas en la
universidad de Montpellier. Allí
descubre también a los autores de la Negritud, lo que desencadena en ella una toma
de consciencia tanto artística como política.
La autora es encarcelada en 1973 así como en 1977, a causa de su
compromiso con el movimiento independentista kanak.
Esto es lo que escribía Déwé Görödé en sus añ{os en Montpelier::
Noches desnudas
para vos, mi hermana kanak
Noches
desnudas
Sombras
sin luna
Sólo
el ciego de por vida
vive
con tu piel
bella
mujer
que espera
en
las noches desnudas
Sos la iule (1) errante al borde de las fuentes a lo largo de los ríos y
riachos
te enrollás en tu cabellera que te cubre entera
Luego al llegar el guerrero que persigue a la chica que huye de la Tribu
te desnudás te descubris te abrís
Y el alma del hijo de la tribu
penetra en tu cabellera y se pierde
El alma del hijo de la tribu el espíritu del guerrero
se han vuelto la choza donde vive la iule errante
Sos la flor deshojada sin cesar
por el soplo del arrecife el dios ciclón
Te dejás cortar al azar de las noches interminables
por las manos los dedos que manejan las lanzas las hachas de custodia y los
garrotes
te abandonás te marchitás revivís
y tus manos se cansan del tayo (2)
y las armas del tayo descansan en paz
las hachas las lanzas los garrotes se durmieron
y son los tranquilos tótems de tus pétalos inmortales
Sos la lluvia límpida que ronda la alta montaña guardiana de los
espíritus tabús
El llamado ansioso del brujo
hacedor de lluvia te tienta
Vuelta multitud para él dejás las nubes
en la negra locura de las aguas
Y la danza del brujo te recibe
y las vías rituales esta noche se callan
El río del valle se los ha tragado
y las palabras del brujo se vuelven gotas de lluvia
Ojos
cerrados
Lágrimas
de alegría
Al
alba el rocío
surge
de tus senos
fuentes
aguas
que divagan
en
tus ojos cerrados
(Montpellier, 14 de enero de 1972)
(1) iule : suerte de oruga, asimilada a una ninfa de las fuentes y los
bosques. Tótem de ciertos clanes, es conocida por extraviar o volver lovos a
los paseantes.
(2) tayo : hombre kanak
El primer libro de poemas de Déwé Gorodé, Sous les cendres des conques (Bajo las cenizas de las caracolas), comenzado en prisión, aparece en 1974. Encontramos en él uno de sus textos más conocidos.
Araucaria
Araucaria
pino columnar
que agujerea el cielo de mi país
con su tronco que se estira
hacia los recuerdos inconfesables
de mi pueblo humillado
refugiado en el cielo de las plegarias
para olvidar
Araucaria
árbol de palabras
de clanes y tribus traicionados
en esta tierra que es la suya
sus palabras detenidas
en la dura resina sólida
les diré en la vara ya que no quiero
OLVIDAR
Les escribiré
allí donde pueda
lo mejor que pueda
aquí y ahora
por más que busque
noche y día
no veo otra cosa en el cielo
para iluminar mi memoria
En 1994, la escritora publica Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier (Utê Mûrûnû, pequeña flor de cocotero), un libro de cuentos que será reeditado veinte años después con dos otros textos, uno de ellos, Utê Mûrûnû 2014, evoca, a través varias generaciones, la condición de las mujeres lanal, tironeadas entre el respeto por su cultura milenaria y el llamado de una sociedad en movimiento.
”Utê Mûrûnû, ¿pero cuál entre todas nosotras? ¡Buena pregunta! Ya que hoy somos muy numerosas las que llevamos esos dos nombres heredados de nuestras abuelas de las generaciones precedentes. Aquí mismo en nuestra tribu, aún por todo el país, según las redes de parentela que fundan y que regulan la formación social kanak. En lo que a mi concierne, UM 2014, que tengo veinte años este año, soy esa niñita con la que había soñado su abuela epónima cuando aún estaba en el vientre de mi madre. Estoy absolutamente segura de eso pues, a medida que crecía cerca de ella, en los años de mi primera infancia, ella me repetía sin cesar que yo era el retrato calcado de la niña de su sueño.”
En 2005, Déwé Gorodé publica, en la editorial Madrépores, su primera novela, , L’épave (El barco naufragado).
Cerca de Numea, bajo la protección de una vieja lancha dada vuelta en la
playa, Tom y Léna van a aprender a amarse...
Al filo de los encuentros, de los recuerdos que se desgranan, y que a
veces los roen, intentan en cano desmarañar v la madeja de sus deseos, de los
deseos y los miedos que pesan sobre sus jóvenes vidas.
“[…] después, cuando el frente decidió la puesta en marcha en la base
de las estructuras políticas, económicas y escolares en el comienzo de clases,
allí donde se podía, con mi amigo, nos juntamos con otros jóvenes en su tribu
en el fondo del valle para animar la EPK, la escuela popular kanak. Auu,
hermana, la EPK, esa escuela, ¡la amé! ¡Lo que la amé esa escuela!Esa escuela
de ese tiempo. El tiempo de las luchas. Esa escuela que no tenía nada que
ver con la que acababa de abandonar. Esa
escuela que me abrió los ojos sobre mi identidad. Sobre de dónde vengo, quién
soy y adonde voy. Esa escuela donde aprendí a estar de pie. Y a estar con los
otros. ¡La escuela de mis sueños!”
“Mirá, voy a decirte, yo, lo único que les interesa a esos buenos señores, es nuestro níquel, punto y aparte. Además, evidentemente, sus comercios, negocios, y todo el circo, ¡eh! Y sobre esto, no hay dudas, son todos iguales, esos tipos, ¡cuando se trata de su plata grande y de otros tráficos grandes! ¡Porque el Guijarro, como le dicen, es jugoso, aún es muy jugoso! ¡Hasta qué punto! ¡Ni siquiera tenemos idea tanto nos sacaron de los lugares de decisión! Sí, siempre es el gran negocio con las enormes ganancias para sus grandes sociedades, ¿Cómo las llaman en su diario? Ah sí, ¡las multinacionales! Y ahora que comenzamos con esta asociación buena para nosotros, en el norte, en el sur, van a volcar las porquerías de la mina en el canal de la Havannah. Señor, pero el canal, hermana, ¡es el paso de todos los antepasados! No, pero, ¿te das cuenta? ¿Dónde vamos con todo esto? ¿Querés que te diga? ¡Soñé con eso, con un país en el agua aceitosa, con hombres sentados y sus boniatos parados en el agua! ¡Y yo los veía desde muy muy arriba, como desde una montaña alta o desde los hombros de un gigante! Y ves, ¡estos son los sueños que realmente me dan miedo! ¡Ah! ¡Todavía me dan escalofríos!...”
La autora neocaledoniana publica, en 2009, siempre en la editorial Madrépores, una segunda novela. Graines de pin colonnaire (Semillas de Araucaria columnaris). En un estilo que se podría calificar de “patchwork” en el que mezcla poemas, fragmentos de diario y cuentos, descubrimos el retrato sin maquillaje de las mujeres del archipiélago.
Me llamo Tany,
como mi tía a quien
tuve el inmenso privilegio
de acompañar
durante su larga enfermedad,
gasta el final de
su verdadera vida…
Mi tía escribía a
lo largo de los días,
muchos cortos
poemas, breves relatos
y otras pequeñas
odas a la vida cotidiana,
bajo la forma de un
diario en esos tiempos.
Yo tenía el
privilegio de su primera lectura,
como de la promesa
de ocuparme
un día de su
publicación.
Ella los compartía
luego con sus amigas,
durante lo que llamaban
con humor
“el diván del psicólogo”
“la sesión confidencias”
o “la hora de la
confesión”.
Durante esas
reuniones,
ellas le confiaban,
a su vez, sus historias personales.
Ligeras como su pluma,
se los confío también,
con sus poemas, su
diario y sus cuentos,
llevados a dispersarse
y a crecer allí donde puedan,
como las semillas de la araucaria columnaris.”
En Tâdo, Tâdo, wéé ! Ou « No more baby », éd. Au Vent des Iles, 2012, también se habla de mujeres. Del saber ancestral de las mujeres que se transmiten oralmente y que les permite acceder a la libertad. Aunque pragmático, este saber se acerca, por supuesto, de la magia t de lo maravilloso.
“Además, en el cuento, ella finalmente, lo entrampó para encerrarlo
en la olla bajo la cual calentaba el fuego bajo la ceniza. Ahora, comienza a
encenderlo realmente y por largo tiempo.
Este fuego es el de la palabra confiscada durante demasiado tiempo y que
le quemaba las entrañas de mujer estéril.”
En la novela, son las dos tías de la protagonista, Tâdo, quienes le
transmiten su saber, “en el dédalo del bosque encantado donde iban otrora a
buscar bien de mañana los tallo y las hojas de las plantas de curación.” Luego,
le hacen descubrir, “una roca chata grabada con signos y motivos propios de
los petroglifos”.
Todo este saber está ligado al secreto y al silencio. Las mujeres sólo
se lo transmiten en el ámbito más íntimo.
“Rápidamente aprendí a no llorar a no quejarme. Aprendí rápido el silencio”.
Un último libro de poemas aparecerá en 2014, A l’orée du sable (En el linde de la arena), publicado por Vents d’ailleurs.
Desterrado de lo real
en tierras de
Utopía
de deseos a ilusiones
paseás tus sueños
de las riberas del mito
al viraje de las nubes
le la playa de los espejismos
al rostro de la muerte
Excluido de la tierra
en tierras de Utopía
en las riberas de lo irreal
de los poemas en delirio
derivás tus versos
del umbral de lo virtual
a las puertas del deseo
y al placer de tu muerte
lenta y programada
El aire está tibio
en el claro del día
como el amor
pidiendo
auxilio
en su torre
tené cuidado
con el acecho
de palabras talladas
como armas bruñidas
en escritura
de emboscada
en poesía
de combate
para llenar
la ausencia
el tiempo
con el recuerdo
sí
ha llegado
el tiempo
de golpear
el llamado
de la memoria
Esto es sólo yn pantallazo de la obra de Déwé Gorodé que muere el 14 de agosto de 2022 en su Nueva Caledonia, Una escritora que volvió a poner a la luz del día la historia de su pueblo y sus sufrimientos, y que por ello, nos es le más a menudo presentada en el gripo de los autor@s “francófonos” cuya tez es generalmente más oscura que la de los franceses de cepa. ¡Un racismo a penas velado que aparece aún en los manuales de francés lengua extranjera!
Escritor@s que, como Déwé Gorodé, denuncian la política aún colonial de
Francia y que, además, traen a la lengua francesa un nuevo soplo y nuevos
sabores.
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