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Affichage des articles du novembre, 2021

Attention, chef-d’œuvre ! - ¡Atención, obra maestra!

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La plus secrète mémoire des hommes, Mohamed Mbougar Sarr , Philippe Rey/Jimsaan, Paris, 2021 “ La vie n'est rien d'autre que le trait d'union du mot peut-être’’ Cela faisait bien longtemps qu’un roman ne m’avait pas happé, transporté comme La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr , de qui je connaissais déjà l’excellent De purs hommes . Il s’agit ici d’un roman placé sous le signe de Bolaño et de Borges, mais, surtout, de Yambo Ouologuem , l’auteur mythique du Devoir de violence . Un roman que je peux qualifier, et je pèse mes mots, de vrai chef-d’œuvre, l’un de ces textes que l’on rencontre très de temps en temps et qui vous habitent longtemps après en avoir fini la lecture. S’agit-il d’un roman africain ? Assurément. Or, la contrée dans laquelle il se déroule vraiment est celle de l’ homo scriptor , la littérature et ses multiples visages. «  Rien de beau ne s’écrit sans mélancolie. On peut la jouer, la travestir, la prolonger en tragédie absol

Yambo Ouologuem, le fondateur . Yambo Ouologuem, el fundador

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  La plus secrète mémoire des hommes , le splendide roman de Mohamed Mbougar Sarr , prix Goncourt 2021, remet sur l’échiquier le nom de l’écrivain malien Yambo Ouologuem et celui de son roman Le devoir de violence , prix Renaudot 1968. Je publiai, il y a une dizaine d’années, cet article sur Ouologuem et son roman que je considère l’un des textes fondateurs de la littérature africaine au même titre que Les soleils des indépendances d’ Ahmadou Kourouma . J’ajouterai que, lorsque la France se décide enfin à restituer une minuscule partie des chefs-d’œuvre volés impunément aux pays africains, le paragraphe sur Shrobénius est particulièrement éclairant. Par rapport au roman de Yambo Ouologuem , voyons ce que nous en dit Alain Mabanckou ( Le sanglot de l’homme noir, Fayard, 2012) « Je n’ignore pas ce qui attend un Africain qui accepte sa part de responsabilité dans la traite négrière.   Lorsque le lumineux Yambo Ouologuem publia Le devoir de violence en 1968, le couperet ne ta

Un roman d’aventures – Una novela de aventuras

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  La porte du voyage sans retour, David Diop Seuil, 2021                                                                                                                 « Je suis parti au Sénégal à la recherche des plantes, des fleurs, des coquillages et des arbres qu’aucun autre savant européen n’avait décrits jusqu’alors, et j’y ai rencontré des souffrances. Les habitants du Sénégal ne nous sont pas moins inconnus que la nature qui les environne. Pourtant nous croyons les connaître assez pour prétendre qu’ils nous sont naturellement inférieurs », ainsi s’exprime Michel Adanson, botaniste des Lumières, dans le dernier roman de David Diop, La porte du voyage sans retour. Une opinion qui tranche avec celles qui circulaient à l’époque, et qui justifiaient aussi bien la colonisation que l’esclavage par le biais d’un supposée infériorité des Africains. Opinion qui, malgré les avancées de la science, a encore la vie dure. Diop s’est inspiré, pour écrire ce roman, des cahiers d’Adanson,