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Affichage des articles du avril, 2023

L’esclavage en toutes lettres (4) – La esclavitud con todas las letras (4)

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« Comme tous les enfants de l’esclavage, les “criollitos” (petits créoles) comme on les appelait, je suis né dans une infirmerie, où on amenait les Noires grosses pour qu’elles accouchent. À mon avis, il s’agissait de la plantation Santa Teresa, même si je ne suis pas bien sûr. Ce dont je me souviens c’est que mes parrains me parlaient beaucoup de cette plantation et de ses propriétaires, des messieurs nommés La Ronda. Mes parrains ont porté ce nom pendant longtemps, jusqu’à ce que l’esclavage est parti de Cuba. Les Noirs se vendaient comme des “cochinaticos” (porcelets) et moi, j’ai été vendu très vite, voilà pourquoi je ne me souviens rien de cet endroit. » Celui qui s’exprime ainsi se nomme Esteban Montejo, il s’agit d’un Noir marron, figure centrale du roman-témoignage Biografía de un cimarrón (Biographie d’un marron) (1966) de l’écrivain et ethnologue cubain Manuel Barnet . À 22 ans, Barnet rencontre Montejo, 103 ans, ancien esclave et ancien marron. Après trois ans d’entreti

L’esclavage en toutes lettres (3) – La esclavitud con todas las letras (3)

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  « Cela devint pour moi d’une grande évidence pendant mon séjour en Haïti. Je foulais une terre où des milliers d’hommes avides de liberté avaient cru au pouvoir de lycanthrope de Mackandal, au point que cette foi collective produisit un miracle le jour de son exécution. (…) Le réel merveilleux se présente à chaque pas dans l’existence d’hommes qui firent date dans l’histoire du Continent. » Alejo Carpentier, Le royaume de ce monde Nous continuons à naviguer dans la mer Caraïbe, et nous faisons escale à Cuba pour y découvrir un nouveau roman sur le soulèvement haïtien Alejo Carpentier, né en 1904 à Cuba, publia, en 1944, Le royaume de ce monde , un classique incontournable à l’origine de tout un courant de la littérature latinoaméricaine du XXe siècle, mais dont l’influence est aussi évidente chez les romanciers de langue fran ç aise antillais et même africains. Carpentier va raconter l’Amérique, son histoire douloureuse de colonisation et d’esclavage, selon une perspective