Il y a juste 50 ans – Hace justo 50 años

 


2008. Congrès national des professeurs de français, dans la belle ville de Salta.

Durant une pause, je discutais avec des collègues quand une dame de mon âge m’interpelle :

-Tu es Alain Chedeville ?

-Oui, oui.

-J’étais ta camarade à l’Institut Joaquín V. González, au Professorat de français. C’est dommage que tu ne sois resté que quelques mois. Tu étais le seul garçon.

-Ah oui … répondis-je avec l’impression d’avoir reçu un coup au beau milieu du crâne.

Aucun souvenir d’être passé par le J.V. González, aucun souvenir d’avoir entamé un quelconque professorat de français !

Amnésie. Amnésie totale. Amnésie alcoolique dans mon cas.

Ce fut sûrement au début des années 70, quand je vivais empêtré jusqu’à la lie dans de l’alcool, avant que je ne cesse de boire, il y a juste 50 ans, en janvier 1974. Ne me demandez pas le jour exact de cette date aussi importante pour moi que le jour de ma naissance. Mon cerveau devait avoir la consistance d’une bouillie !

Ce jour-là, à Salta, tout un pan de ma vie défila dans ma tête.

La première réunion aux Alcooliques Anonymes où je ne me souviens pas d’avoir eu l’espoir de quoique ce soit, mais le miracle se produisit, ce soir-là, je vidais dans les WC les bouteilles cachées dans mon armoire et j’arrêtai de boire jusqu’à ce jour.

Je réappris à vivre. Je donnais des cours de français me fiant à mon intuition et aux guides pédagogiques que je pouvais trouver au Palais du Livre, la librairie française de l’époque.

En 1975, je commençai à apprendre le théâtre avec la merveilleuse Beatriz Matar, et 5 ans plus tard, je jouais des tout petits rôles sur la scène du théâtre Cervantes, siège de la Comédie nationale argentine.

Ce jour-là, à Salta, je pris une autre décision.

Quelque temps auparavant, nous avions appris, mon jeune collègue Mauricio Rodríguez et moi, l’existence du professorat à distance de l’Institut Cossettini, de Rosario, ce qui semblait idéal pour que Mauricio pût obtenir un diplôme.

Je décidai sur le champ de l’accompagner dans l’aventure. J’avais ma revanche à prendre.

En 2012, nous obtînmes nos diplômes. J’avais 65 ans !

Ce soir, donc, au couchant de la belle aventure de ma vie, quand ma fille adorée et mes ami·es viennent de quitter ma petite maison, après l’avoir remplie d’amour et de joie, je me dis, à l’instar de Pablo Neruda, « j’avoue que j’ai vécu ».


Salta.

Durante una pausa, charlaba con colegas cuando una señora de mi edad me pregunta:

-Vos sos Alain Chedeville?

-Sí, sí.

-Era tu compañera en el Instituto Joaquín V. González, en el profesorado de francés. Es una pena que te hayas quedado sólo unos meses. Eras el único varón.

-Ah sí … contesté con la impresión de haber recibido un buen golpe en medio del cráneo.

Ningún recuerdo de haber pasado por el J.V. González, ¡ningún recuerdo de haber comenzado cualquier profesorado de francés!

Amnesia. Amnesia total. Amnesia alcohólica en mi caso.

Fue seguramente a comienzos de los años 70, cuando vivía incrustado hasta la médula en el alcohol, antes de que dejara de beber, hace justo 50 años, en enero de 1974. No me pregunten el día exacto de esta fecha tan importante para mí como la de mi nacimiento. ¡Mi cerebro debía tener la consistencia de una papilla!

Ese día, en Salta, toda una parte de mi vida desfiló en mi cabeza.

La primera reunión de Alcohólicos Anónimos en la que no recuerdo haber tenido esperanza alguna, pero el milagro se produjo, esa noche vacié en el inodoro las botellas escondidas en mi armario y dejé de beber hasta hoy.

Reaprendí a vivir. Daba clases de francés confiando en mi intuición t en las guías pedagógicas que podía encontrar en el Palacio del Libro, la librería francesa de esos tiempos.

En 1975, empecé a aprender teatro con la maravillosa Beatriz Matar, y 5 años más tarde, representaba muy pequeños papeles en el escenario del teatro Cervantes, sede de la Comedia Nacional Argentina.

Ese día, en Salta, toné otra decisión.

Algún tiempo antes, nos habíamos enterado, mi joven colega Mauricio Rodríguez y yo, de la existencia del profesorado a distancia del Instituto Olga Cossettini, de Rosario, lo que parecía ideal para que Mauricio obtuviera un título.

Decidí de inmediato acompañarlo en la aventura. Tenía que tomar mi revancha,

En 2012, conseguimos nuestros diplomas. ¡Tenía 65 años!

Esta noche, entonces, en el poniente de la bella aventura de mi vida, cuando mi adorada hija y mis amig@s acaban de dejar mi pequeña casa, después de llenarla de amor y alegría, me digo, como Pablo Neruda, “confieso que he vivido”.





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