UNE PETITE HISTOIRE DE LA CHANSON EN FRANÇAIS (2)
LE MOYEN-ÂGE ET LA RENAISSANCE
Le premier texte chanté connu en
français, la Séquence chantée de Sainte Eulalie, date du IXe siècle. Ses
paroles cadencées par un rythme simple sont un moyen mnémotechnique pour
stimuler la mémoire à l’époque de la transmission orale.
Dès lors l’histoire de la
littérature et celle de la musique vont se confondre. Au XIe siècle, la chanson
apparaît sous la forme du poème épique psalmodié sur accompagnement de vielle,
la chanson de geste, dont la plus connue est la Chanson de Roland.
Un siècle plus tard, une
distinction s’impose : celle de la chanson savante en langue vulgaire de la
chanson populaire transmise de façon orale et qui ne sera répertoriée qu’à
partir du XIXe siècle.
L’histoire de la chanson
savante peut être découpée en trois périodes : la chanson monodique, la
mélodie pour une seule voix des troubadours et des trouvères, aux XIIe et XIIIe
siècles ; la chanson polyphonique, la polyphonie étant l’art de traiter
simultanément plusieurs sons, des XIVe et XVe siècles et, enfin, la chanson de
la Renaissance au XVIe siècle.
La chanson
monodique
Troubadours et trouvères
Dès le XIe siècle, la vie de cour est née en Aquitaine et Gascogne.
Le lyrisme courtois y fleurit et c’est un grand personnage, Guillaume, le premier troubadour, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine de 1088 à 1126, qui nous révèle son existence. Guillaume IX invente une poésie personnelle et aristocratique. Il exalte la joie de vivre. Les formes d’art qu’il aime sont les plus recherchées, elles sont aussi parfois les plus obscures.
Ab
la dolchor del temps novel
Foillo li bosc, et
li aucel
Chanton
chascus en lo lati
Segon
lo vers del novel chan;
Adonc esta ben
c’om s’aisi
D’acho don bom a
plus talan
Canzo
Avec la douceur du
temps nouveau
Les bois se
couvrent de feuillage et les oiseaux
Chantent chacun en
son latin
Selon les vers du
nouveau chant
Il est donc bien
que chacun se procure
Ce qu’il désire le
plus
https://www.youtube.com/watch?v=ORmBWrOA_Oo
Cercamon et Marcabru sont d’autres troubadours qui développent la théorie de l’amour courtois. L’amant courtois s’adresse à une femme mariée de condition supérieure ; séduit par sa beauté, il s’efforce de la mériter. L’amour courtois inaugure le culte de la femme.
https://www.youtube.com/watch?v=MSW9HPAh0wc
La chanson d’amour est un poème relativement court, comportant en règle
générale quatre à six strophes de structure identique, toutes chantées sur la
même mélodie. À cet ensemble s’ajoutent en guise de conclusion une ou plusieurs
tornades ou envois.
D’où provient la musique de ces chansons d’amour ? On peut parler de
deux influences qui ne s’excluent jamais, l’influence liturgique et celle du
monde hispano-arabe.
La chanson profane en langue vulgaire à plus d’une fois un
correspondant proche ou lointain dans le chant d’église, connu de tous et donc
facile à retenir.
Les spécialistes attribuent, d’autre part, une importance décisive aux
contacts qui, par l’intermédiaire de l’Espagne, ont pu s’établir entre le monde
roman et le monde arabe. On reconnaît déjà chez Guillaume IX l’influence des
poètes arabes d’Andalousie.
C’est vers 1140-1150 que la lyrique provençale connaît son apogée avec Jaufré Rudel, Arnaut Daniel, Peire Vidal et le plus grand et le plus complet des troubadours Bernard de Ventadour.
Fils d’un soldat et d’une fille de cuisine du château de Ventadour,
protégé d’Aliénor d’Aquitaine, qu’il finit par suivre en Angleterre ; grand
voyageur, ce troubadour reprit tous les thèmes à la mode, il exalta surtout
l’amour réel parfois comme un poète romantique.
https://www.youtube.com/watch?v=CxItLfpPBGM
Quan l’erba
fresch’ e.ill fuoilla par
E la flors boton’
el verjan
E.l rossignols
autet e clar
Leva sa votz e mou
so chan
Joi ai de lui e
joi ai de la flor
Joi ai de mi e de
midons major
Daus totas partz
sui de joi claus e sens
Mas sel es jois
que totz autres jois vens
Quand l’herbe est
fraîche et la feuille paraît
et la fleur
bourgeonne sur la branche
et le rossignol
haut et clair
élève sa voix et
entame son chant
j’ai joie de lui
et j’ai joie de la fleur
et joie de
moi-même et joie plus grande de ma dame.
De toutes parts je
suis endos et ceint de joie
mais celui-ci est
joie qui vainc toutes les autres.
Le mariage de Louis VII avec une reine lettrée, Aliénor d’Aquitaine
(1137) importe au Nord le goût provençal. Sous cette influence, commencent
alors à apparaître, notamment en Champagne et en Artois, des auteurs-compositeurs
que l’on nommera trouvères.
Deux d’entre eux, Chrétien de Troyes, plus connu comme auteur de romans, et Gace Brulé, dont les chansons connurent un énorme succès, s’épanouirent à la cour de Marie de Champagne, fille d’Aliénor et donc arrière-petite-fille de Guillaume IX.
https://www.youtube.com/watch?v=2sJ7MBATsF8
À cette génération
appartiennent encore Gautier de Dargies, Conon de Béthune, Blondel
de Nesles.
https://www.youtube.com/watch?v=hrejsmJW1KY
https://www.youtube.com/watch?v=5og_v0G22Bs
D’une façon générale, ils
simplifient la tradition provençale. Leur langue recherche moins l’éclat que la
souplesse et la fluidité.
À cette époque apparaissent
aussi les chansons de toile, de courtes compositions poétiques que les
femmes chantaient en tissant la toile. Leurs sujets se rattachent au fond
aristocratique dont se nourrit la poésie courtoise. La plupart est anonyme.
https://www.youtube.com/watch?v=0CHoFKRbNQw
Belle Doette as
fenestres se siet
Lit en un livre,
mais au coeur ne l’en tient;
De son ami Doon li
ressovient,
Qu’en autres
terres est alez tournoier
Et or en ai doi
La
Belle Douette
La Belle Douette
s’assied à la fenêtre
Elle lit un livre
mais cela ne lui tient pas au coeur
Elle se souvient
de son ami Doon
Qui est allé
combattre dans d’autres terres
Et maintenant elle
a du chagrin
Thibaut de Champagne (1201-1253) est le principal représentant de la seconde génération de trouvères. Filant de précieuses métaphores, il ne cesse jamais de raisonner son émotion.
https://www.youtube.com/watch?v=nPT6TAe2Z7E
D’autres trouvères
s’intéressent à la chanson de femme. Ce retour aux sources populaires est
encouragé par le public cultivé.
À partir de 1200, rondeaux,
virelais et ballades vont préciser leurs structures et connaître un brillant
succès et concurrencer avec la chanson courtoise qu’ils vont finir par
supplanter au XIVe siècle.
D’autres changements
s’esquissent dans les villes du Nord. La bourgeoisie enrichie par le commerce
et l’industrie s’entoure de faste et protège la poésie.
À Arras, Jean Bodel, Baude
Fastoul et Adam de la Halle font éclater le monde étroit de la
chanson. On se rapproche de la vie quotidienne et de ses problèmes.
Adam de la Halle est en outre l’auteur de deux charmantes comédies pastorales que l’on pourrait qualifier comme les premières opérettes françaises, Le Jeu de la Feuillée (1275) et Le Jeu de Marion et de Robin (1285). La Feuillée, qui met en scène Adam lui-même, est une revue satirique où paraissent diverses personnalités d’Arras. Le Jeu de Marion et de Robin reprend le thème des pastourelles : un chevalier de passage essaie de séduire une bergère, il échoue et tout finit sur des jeux champêtres, Marion reste à Robin.
https://www.youtube.com/watch?v=6MS-gPBRnLg&list=OLAK5uy_n6mhH0mIeKdeomenGMID8I2SeJL1OaZOQ
Marions – Rondeau (A.de la Halle)
Chant et guitare
sarrasine
Robins m’aime, Robins
m’a
Robins m’a demandée,
si m’ara.
Robins m’acata cotele
D’escarlate boaine et
bele
Souskanie et
chanturele
A leur i va!
Robins m’aime, Robins
m’a...
Li chevaliers – Refrain (A. De la Halle)
Chant et percussions
Je me repairoie du
tournoiement
Si trovai Marote seulete, au corps gent
En Champagne, entre temps, Colin Muset descend des sommets de sa rêverie pour parler franchement de lui-même, de sa vie incertaine de chanteur vagabond.
https://www.youtube.com/watch?v=l8FnMEIJ3o4
Sire cuens, j’ai
viélé
Devant vous en votre
ostel,
Si ne m’avez riens
doné
Ne mes gages aquité:
C’est vilanie!
Foi que doi sainte
Marie
Ensi ne vous sieurré
mie.
M’aumosnière est mal
garnie
Et ma bourse mal
farsie.
Les profits et les
déboires du métier de trouvère
Seigneur comte, j’ai
joué de la vielle
Devant vous, en votre
hôtel
Et vous ne m’avez
rien donné
Vous n’avez pas payé
mes gages,
C’est une méchanceté
!
Par la foi que je
dois à sainte Marie
Je ne vous suivrez
plus
Mon aumônière est mal
garnie
Et ma bourse est mal
farcie
La chanson polyphonique
La chanson monodique disparaît
avec le XIIe siècle ainsi que la culture chevaleresque.
On assiste tout d’abord au
développement de la polyphonie religieuse qui va plus tard contaminer le
domaine profane. Les musiciens se détachent du sens des paroles pour ne considérer
la voix que comme un instrument à part entière.
Sous le nom d’Organum,
on avait tenté les premiers essais de polyphonie, bien timides d’ailleurs. Les
pompes religieuses incitaient les compositeurs à créer plus de richesse sonore.
C’est à Saint-Martial de
Limoges qu’a été retrouvé le premier manuscrit connu d’organum.
C’est dans les cathédrales de France que naquit le contrepoint, c’est-à- dire l’art de superposer et d’exécuter ensemble des mélodies qui ont leur vie et leurs beautés propres. Avec Pérotin de Notre Dame (fin du XIIe siècle) s’établit la première œuvre capitale de la polyphonie religieuse.
https://www.youtube.com/watch?v=OvxhfLi82x4
L’Ars nova
Vers 1330, Philippe de Vitry donna ce titre á l’un de ses
ouvrages sur la composition. C’est aussi le nom de la période musicale qui en a
procédé. On n’hésitait plus à superposer plusieurs voix qui gardaient chacune
leur indépendance.
Le plus important compositeur de l’Ars nova est Guillaume de Machaut que l’on appelle le dernier trouvère car il combina les vieilles formes des trouvères et de la chevalerie avec les techniques polyphoniques de la période gothique.
Né vers l’an 1300, il sera,
tout d’abord à Prague, le secrétaire de Jean de Luxembourg, roi de Bohème. Son
office le fait accompagner son maître en Orient. Puis, il se rend à la cour du
comte de Flandres qui, à partir de 1340, lui offre la charge de chanoine de la
cathédrale de Reims. Il connaît une gloire immense et ses contemporains le reconnaissent
comme chef d’école pour avoir codifié certains genres à forme fixe, tels que
ballades, rondeaux, virelais, etc.
https://www.youtube.com/watch?v=SbgK7z3ED3E
De bonté, de
valour
De beauté, de
doucour
Ma dame est parée
De manière,
d’atour
De sens, de grace
est couronée
Dame désirée
Richement aournée
De colour
Bien endoctrinée
De tous a droit
loée
Par savour
Joenette, sans
falour
Simplette, sans
baudour
De bonne heure née
Parfaite en toute
honour
Nulle n’est a vous
comparée
De bonté, de
valour
De bonté, de valeur
De beauté, de douceur
Ma dame est parée
De manière, d’atours,
De sens, de grâce
couronnée
Dame désirée
Richement ornée
De couleur
Bien instruite
Louée vraiment de
tous
Par goût
Jeunette sans folie
Simple sans
effronterie
Née de bonne heure
Parfaite en tout
honneur
Aucune ne peut vous être comparée
La seconde moitié du XIVe
siècle, en dépit des guerres, des pestes et de la dépression économique, montre
un épanouissement des arts, de la littérature et de la philosophie dont la
caractéristique principale est la recherche de toute sorte de complexités. Ceci
est évident pour le gothique flamboyant et pour les enluminures des manuscrits.
La musique n’y échappe pas et un exemple de ce goût pour la subtilité est Tout par compas, un rondeau canonique de Baude Cordier, harpiste de Philippe duc de Bourgogne. La composition qui symbolise la perfection, est enfermée dans un cercle.
https://www.youtube.com/watch?v=iaeOWdXM4Pg
Tout par compas
En cette ronde
proprement
Pour moy chanter plus sereusement
Tout par compas
Avec un compas j’ai
composé
Proprement ce rondeau
Pour le chanter plus sûrement
Le début du XVe siècle marque
le départ de la grande polyphonie franco-flamande et de la prédominance
musicale de la cour de Bourgogne. Les choristes français et flamands étaient
recherchés partout en Europe, notamment dans les cours d’Italie et à la chapelle
pontificale.
Guillaume Dufay, le maître le plus ancien de l’école franco-flamande apportait un grand nombre de subtilités qui passèrent à leur époque pour d’étonnantes audaces musicales.
https://www.youtube.com/watch?v=_dG-NUaq2o4
À la fin du XVe siècle
apparaissent quelques maîtres prestigieux, la seconde école franco-flamande,
dont le représentant le plus connu est Josquin des Prés.
Il ne nous reste malheureusement aucune trace de l’enfance ni de la scolarité de Josquin. Mais nous savons que son existence fut mouvementée. Il est chanteur à la chapelle pontificale, puis directeur de chœur de la cathédrale de Cambrai ; sa vie est ensuite partagée entre Paris et les villes d’Italie du Nord. De son vivant, on le nommait “le prince des musiciens”. Le jeu de ses combinaisons atteint une grande virtuosité.
Josquin est en fait la
charnière entre le moyen âge et la Renaissance, entre la musique “ancienne” et
la musique “moderne”.
https://www.youtube.com/watch?v=4r7FwEpZ8eE
Les instruments de l’époque médiévale
Nous n’avons conservé pratiquement aucun exemplaire authentique d’instrument d’avant le XVe siècle. On ne peut donc les reconstituer qu’à partir de l’iconographie. Les représentations d’instruments deviennent très abondantes au cours des XIIe et XIIIe siècles. On constate alors que sous des aspects parfois identiques, une bonne partie d’entre eux existe encore dans le Maghreb, les Balkans et le Moyen Orient. Car, quitte à faire de la peine à certains, la beaucoup de nos instruments de musique sont originaires des pays arabes.
Les vents
Les flûtes
Les pipeaux comportent un sifflet taillé à l’extrémité de l’instrument et un nombre variable de trous. Il peut être en os, en roseau, en bois et en métal.
La flûte à bec, dont le son est produit par un sifflet, est
souvent appelée “flûte d’Allemagne”. C’est un instrument beaucoup plus élaboré
que le pipeau. Un travail beaucoup plus soigné sur le sifflet et un plus grand
nombre de trous lui permettent de plus larges possibilités d’expression.
Le gemshorn ou “cor de chamois”. Le gros bout de la corne évidée est obturé à l’exception d’une petite fente par laquelle on souffle. L’émission du son le plus grave est assurée par un petit trou placé vers le bout de la corne.
La flûte traversière : le son est produit par le souffle sur le
bord d’un trou appelé embouchure. Au Moyen Âge, c’est la flûte la plus
représentée.
Le gaboulet-tambourin est une sorte de flûte à bec qui se joue
d’une main, l’autre jouant un petit tambourin.
Les anches
L’anche est une languette mobile dont les vibrations produisent le son
dans les instruments dits à anche (clarinette, saxophone, etc.)
La chalemie, employée jusqu’au XVe siècle est similaire au hautbois d’Afrique du Nord.
La bombarde est munie au moins d’une clef, protégée par un
élément décoratif.
Le chalumeau. On regroupe sous ce nom tous les petits
instruments archaïques encore fabriqués tout autour de la Méditerranée. En
Tunisie, ils portent le nom de “zamr”.
Un pavillon en corne est parfois ajouté à l’extrémité de l’instrument. On trouve fréquemment des chalumeaux doubles.
La cornemuse, muse ou musette. Le mot cornemuse es récent. C’est déjà un instrument lié à la danse, à connotation populaire.
La douçaine est, comme son nom l’indique, un instrument à anche
à son doux. C’est l’ancêtre direct du basson.
Les embouchures
La saqueboute est l’ancêtre direct du trombone. De son doux,
elle était employée dans les fêtes de la liturgie.
La trompette. Le plus souvent droite, elle n’a pas beaucoup
changé.
Le cor ou trompe. Ce sont des instruments d’appel. On cite souvent l’Olifant, une trompe taillée dans une défense d’éléphant.
Les orgues
L’orgue est introduit en Europe à l’époque de Charlemagne. Le
premier instrument fut offert à l’Empereur par une mission diplomatique de
Byzance.
Le Moyen Âge en connaît trois formes : l’orgue de chœur à plusieurs jeux, l’orgue à un seul jeu et l’orgue portatif qui se joue à une main.
Les cordes
Les cordes pincées
Le luth dérive de l’oud oriental. Il apparaît dans l’iconographie vers 1250. Jusqu’à la fin du XVe siècle, son manche sera monté de 5 cordes pincées au moyen d’un plectre, petite baguette de bois, d’ivoire, servant à gratter, à pincer les cordes d’un instrument.
À partir de 1480, le nombre de cordes augmentera régulièrement.
La guitare sarrasine ou guitare mauresque. C’est une variante du luth avec un long mache sur lequel sont tendues des cordes généralement métalliques et doublées.
Aujourd’hui une variante de cet instrument, le “saz”, est l’instrument
le plus répandu en Turquie.
La guitare latine, guitern ou citole a plusieurs formes : ovale, cintrée. C’est l’ancêtre de la guitare actuelle. Sans doute apparue en Espagne, cet instrument aux cordes doublées en boyau et à fond plat a précédé le luth.
La harpe est, avec la vielle, l’instrument des poètes et des seigneurs.
Le psaltérion est une forme particulière de la cithare.
Quelle que soit la forme, le principe est toujours le même: les cordes
plus ou moins longues sont tendues au-dessus d’une caisse de résonnance plate
et sont pincées à l’aide d’un plectre.
L’escachier d’Angleterre est un clavier à cordes pincées. C’est l’ancêtre du clavecin.
Les cordes frottées
Les archets ont toujours la forme d’un arc.
Le rebec est la forme occidentale des instruments à cordes frottées orientaux qui, à partir du XIIe siècle, arrivèrent en Espagne.
Le nom de rebec n’apparaît que tardivement, vers 1270 dans le Roman de
la Rose.
Le corps de l’instrument est creusé dans la masse du bois, le faisant
ressembler à une grande cuillère au fond arrondi. Les cordes sont généralement
au nombre de trois.
La vielle, multiforme, est l’ancêtre des violons et des violes
de gambe.
Du XIe au XVe siècles la vielle est l’instrument le plus répandu. Elle
est composée d’une caisse ovale, de deux ouïes opposées, d’un manche séparé de
la caisse et de cinq cordes.
L’instrument peut se tenir aussi bien en appui, sur l’épaule, sur le
bras, que posé sur les cuisses.
La lyre est une vielle à
trois cordes.
Le monocorde est la trompette marine du “Bourgeois gentilhomme”.
Muni d’un chevalet placé en porte-à-faux et qui vibre contre la table
d’harmonie, l’instrument est joué en harmonique.
Le crwt (prononcer crout) est une lyre à archet d’origine galloise.
La chiffonie ou vielle à roue. Les cordes sont frottées par une
roue archet actionnée avec une manivelle par la main droite et les notes sont produites
par un clavier joué de la main gauche.
Les percussions
On trouve beaucoup de percussions comme le tambour, le tambourin,
les naquaires, doubles timbales en poterie ou en métal, le triangle,
la cymbale, à l’origine deux coquilles que l’on frappait l’une contre
l’autre, le carillon, un jeu de petites cloches accordées, la cloche,
l’échelette qui a évolué pour devenir le xylophone.
LA CHANSON DE LA RENAISSANCE
La chanson française continue
la tradition du XVe siècle mais gagne en élégance et en limpidité. Au moment du
plus vif engouement pour l’Italie, elle sait garder son individualité propre.
La chanson satirique et la chanson galante sont caractéristiques de cette
époque.
Parmi les auteurs les plus estimables : Nicolas Gambert, Jacques Mauduit et Claudin de Sermisy, maître de chapelle de Henri II, auteur d’au moins 150 chansons polyphoniques, dont l’écriture est savante et l’inspiration recherchée.
https://www.youtube.com/watch?v=gIm2IUMezQI
Au joly boys en
l’ombre d’ung soucy
My fault aller pour
passer ma trsitesse,
Remply de deuil,
d’ung souvenir transy,
Manger my falut
maintes poires d’angoisse.
En un jardin remply
de noires flours,
De mes deulx yeulx
feray larmes et plours
Fy de lyesse
Et hardiesse
Regret m’oppresse
Puisque j’ay perdu
mes amours
Las, trop j’endure
Le temps my dure,
Je vous asseure,
Soulas, vous n’avez
plus de cours.
Au joly boys
Au joli bois à
l’ombre d’un souci,
Je dois aller pour
passer ma tristesse,
Rempli de deuil,
transi d’un souvenir
Je dois manger
beaucoup de poires d’angoisse
Dans un jardin rempli
de fleurs noires
De mes deux yeux je
ferait larmes et pleurs,
Adieu la joie
Et le courage
Le regret m’oppresse
Car j’ai perdu mes
amours
Las, je souffre trop
Le temps me dure
Je vous assure
Seul, vous n’avez plus cours.
L’écriture contrapuntique s’efface progressivement au profit de l’harmonie sous l’influence prééminente de Clément Janequin (1485-1558), maître de la musique descriptive et de l’onomatopée. Son œuvre, plus de 250 chansons, se caractérise par l’invention rythmique et la précision prosodique et nous apporte comme une survivance de la société de son temps : Les cris de Paris, Le caquet des femmes et son œuvre la plus célèbre, La Bataille de Marignan.
https://www.youtube.com/watch?v=FiPhbS_ZlRk
Voulez ouyr les
cris de Paris?
Où sont ils ces
petits pions?
Pastez tous très
chaulx, qui l’aira?
Vin blanc, vin
cleret, vin vermeil, à six deniers
Casse museaux tous
chaulx,
Je les vends, je
les vends pour un petit blanc.
Tartelettes
friandes à la belle gauffre!
Et est à
l’enseigne du berseau
Qui est en la rue
de la Harpe.
Se à boyre, ça!
Aigre, vin aigre!
Fault il point de
saultce vert?
Moustarde,
moustarde fine!
Harenc blanc, harenc de la nuyt!
Les cris de Paris
Voulez-vous entendre
les cris de Paris ?
Oú sont-ils ces
petits pauvres ?
Gâteaux chauds, qui
les aura ?
Vin blanc, vin
claret, vin rouge, à six deniers
Casse-croûtes tout
chauds,
Je les vends, je les
donne pour un petit blanc.
Tartelettes friandes
à la belle gaufre !
C’est à l’enseigne du
berceau
Qui est rue de la
Harpe
Vous voulez boire !
Aigre, vin aigre !
Il vous faut de la
sauce verte ?
Moutarde, moutarde fine
!
Hareng blanc, hareng de la nuit !
Sous François 1er apparaît la
vie de cour. Le gentilhomme ne s’isole plus dans son château, il veut être
connu du roi et se fait courtisan. À la cour des Valois on raffole des ballets
et des divertissements. Musiciens et poètes collaborent à une œuvre commune.
Les musiciens illustrent des textes de Clément Marot, Melin de
Saint-Gervais ou Pierre Ronsard.
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