UNE PETITE HISTOIRE DE LA CHANSON EN FRANÇAIS (1)
Avant-Propos
Cela fait longtemps, presque 20 ans, nous eûmes l’idée, mon collègue
et, surtout, ami Mauricio Rodríguez, et moi, de créer une « Histoire de la
chanson française et francophone » composée d’un CD-Rom et de 26 CD audio.
Il y a quelques jours, travaillant en classe sur un texte de Didier
Varrod, mon élève Gabriel fut vivement intéressé par le sujet, la chanson en
français étant très peu présente dans les médias audiovisuels argentins.
Je me replongeai donc dans notre ouvrage qui s’achevait en 2004, y
trouvai certaines absences dont « La liberté des Nègres » composée
durant la Révolution française, et, ayant moi-même pris position contre tout ce
que véhicule le mot « francophonie » de néocolonialisme, je décidai de
faire référence à la « chanson en français », car, comme dans le cas
de la littérature, il me semble absolument rétrograde de parler de chanson
« française et francophone »
PRÉFACE
À quoi sert une chanson
Si elle est désarmée
Comme une langue ancienne
Qu’on voudrait massacrer.
Je veux être utile
À vivre et à rêver.
E.Roda-Gil – J.Clerc
Il nous est tous arrivé, un
jour ou l’autre, d’être particulièrement émus par une chanson. Quelques mots
qui surfent sur une mélodie et que l’on n’oubliera plus.
Certaines de ces chansons
interpellent nos émotions premières, ce sont celles avec lesquelles on nous
berçait et que nous chantons plus tard à nos enfants, ou bien celles qui ont
encadré nos amours adolescentes, ou encore celles dont nous ne comprenons pas
les paroles mais qui nous ouvrent les portes de l’inconnu... La liste pourrait
être interminable.
Art mineur, selon Gainsbourg,
art majeur, selon Pierre Seghers, éditeur de la collection “Poésie et
chansons”, impossible de trancher, surtout si, très souvent, les chansons qui
ont le plus touché notre cœur ont des paroles anodines et un air banal. Ce
n’est pas notre intellect qu’elles émeuvent mais quelque chose de plus profond,
voire de plus primitif.
Il existe d’ailleurs des
chansons pour tous les goûts et pour toutes les circonstances. Elles font
partie de notre imaginaire et de notre mémoire affective, familiale et sociale.
Tout est chanson, l’amour, la révolution, la religion et les lendemains. On
chante en dansant, en travaillant et pour se donner courage quand on est dans
le noir.
En France, “tout finit par des
chansons”, écrivait Beaumarchais. Il est vrai que la chanson, comme presque
partout, n’y est pas qu’une affaire privée, elle participe aussi de l’histoire
collective, c’est par son intermédiaire que se manifeste la voix du peuple
quand les autres moyens de s’exprimer lui sont fermés.
Mème si un souci d’objectivité
m’a guidé dans la préparation de ce travail, il se peut que certains artistes
appréciés du lecteur ne soient pas mentionnés. Je m’en excuse, mais outre que
mon goût personnel y a certainement pointé son nez, nommer toutes les chansons
et tous les interprètes serait une tâche herculéenne, considérant qu’environ un
million de chansons sont apparues en France depuis le Serment de Strasbourg
(842).
Je souhaiterais, enfin, vous
faire partager cette passion pour la chanson, née sans doute des berceuses de
ma grand-mère, des chansons de Trenet que chantait ma mère, de celles de
Françoise Hardy que j’écoutais adolescent, jusqu’à en arriver à “Santé” de Stromae, que j’écoute tout en écrivant ces lignes.
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