HISTOIRE DU SOLDAT - HISTORIA DEL SOLDADO

 Certaines musiques ainsi que certaines chansons nous marquent à tout jamais. Elles laissent une trace indélébile dans notre mémoire et notre imaginaire.

Ce fut le cas, pour moi, il y a presque 60 ans, de l’Histoire du Soldat, du compositeur russe Igor Stravinsky, sur un texte du poète suisse Charles-Ferdinand Ramuz, présentée au théâtre Gran Rex de Buenos Aires, intégrant le cycle Conciertos del Mediodía (Concerts de Midi) du Mozarteum argentin.

Je viens de découvrir que l’émotion que déclencha chez moi cette musique est intacte devant un documentaire de la chaîne ARTE, bien que la mise en scène de la Fura del Baus ne me plaise nullement, s’écartant trop de l’un des charmes de la pièce, l’idée d’un théâtre ambulant, pauvre pourrait-on dire, qui animait ces créateurs, Stravinsky, Ramuz et le chef d’orchestre Ernest Ansermet, au beau milieu de la première Guerre mondiale.

« L’idée de l'Histoire du Soldat me vint durant le printemps de 1917. J’avais souvent envisagé, depuis le début de la guerre, de composer un spectacle dramatique pour un théâtre ambulant. Je pensais à une œuvre qui pourrait, par le nombre limité de ses interprètes, être exécutée lors d’une tournée dans des villages suisses, et à l’intrigue assez simple dans ses grandes lignes pour être aisément comprise », nous explique le compositeur lui-même.

Cette musique, hors normes aux temps de sa création, ainsi que dans les années 60, quand je la découvris et même aujourd’hui; très savante malgré ses allures populaires de valse, tango et rag-time, me subjugua et me subjuguera toujours.

Le texte de Ramuz s’accorde à cette apparente simplicité :

« Entre Denges et Denezy,

Un soldat qui rentre chez lui

Quinze jours de congé qu’il a

Marche depuis longtemps déjà.

A marché, a beaucoup marché

S’impatiente d’arriver

Parce qu’il a beaucoup marché. »

Des phrases courtes et percutantes qui nous entrainent dans l’histoire faustienne de ce soldat qui, revenant du front, finit par vendre son violon, son âme, au diable.

Cette fable contre la guerre et contre l’argent roi est donc desservie par un nombre réduit d’interprètes, un violon, bien entendu, une contrebasse, une clarinette, un basson, un cornet, un trombone et des percussions. Sept musiciens accompagnés par quatre acteurs, le récitant, le soldat, le diable et la princesse. Si mes souvenirs sont bons, dans ces lointaines, mais si proches encore pour moi, années 60, les acteurs étaient aussi danseurs.

Cette œuvre, un véritable feu d’artifice, passerelle entre la musique soi-disant populaire et celle soi—disant savante, un spectacle intégral, musique, texte, décor, conçu pour tous les publics, fut, en somme, une vraie révolution.

https://www.youtube.com/watch?v=SMRAypobc5Q

Ciertas músicas,  así como ciertas canciones, nos marcan para siempre. Dejan un rastro imborrable en nuestra memoria y en nuestro imaginario.

Fue el caso, para mí, hace casi 60 años, de la Historia del Soldado, del compositor ruso Igor Stravinsky, sobre un texto del poeta suizo Charles-Ferdinand Ramuz, presentada en el teatro Gran Rex de Buenos Aires, integrando el ciclo de los Conciertos del Mediodía del Mozarteum Argentino.

Acabo de descubrir que la emoción que despertó en mí esta música sigue intacta ante un documental de la cadena ARTE, aunque la puesta en escena de la Fura del Baus noi me guste de ninguna manera por apartarse demasiado de uno de los encantos de la obra, la idea de un teatro ambulante, pobre, podría decirse, que animaba a sus creadores, Stravinsky, Ramuz y el director de orquesta Ernest Ansermet, en medio de la primera Guerra Mundial.

«La idea de la Historia del Soldado vino a mí durante la primavera 1917. Había imaginado a menudo, desde comienzos de la guerra, componer un espectáculo dramático para un teatro ambulante. Pensaba en una obra que podría, por el número limitado de sus intérpretes, ser ejecutada durante una gira por los poblados suizos, y con una intriga bastante simple en sus grandes líneas para ser fácilmente entendida », nos explica el mismo compositor.

Esta música, fuera de norma en tiempos de su creación así como en los años 60, cuando la descubrí, y aún hoy, muy sabia a pesar de su aspecto popular de vals, tango y rag-time, me subyugó y me subyugará siempre.

El texto de Ramuz concuerda con esta aparente simplicidad:

«Entre Denges y Denezy,

Un soldado que vuelve a casa

Tiene quince días de franco

Ya hace mucho que camina.

Caminó, mucho caminó

Se impacienta por llegar

Porque mucho caminó

Frases cortas y contundentes que nos llevan a la historia fáustica de este soldado que, volviendo del frente, termina por vender su violín, su alma, al diablo.

Esta fábula contra la guerra y contra el dinero rey es entonces presentada por un número reducido de intérpretes, un violín, por supuesto, un contrabajo, un clarinete, un fagot, un cuerno, un trombón y percusiones. Siete músicos acompañados por cuatro actores, el recitador, el soldado, el diablo y la princesa. Si mis recuerdos son buenos, en esos lejanos, pero tan cercanos aún para mí, añosa 60, los actores también eran bailarines.

Esta obra, un verdadero fuego artificial, pasarela entre la música que se dice popular y la que se dice sabia, un espectáculo integral, música, texto, decorado, concebido para todos los públicos, fue, en suma, una verdadera revolución.

https://www.youtube.com/watch?v=SMRAypobc5Q

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