El hilo de la poesía – Le fil de la poésie

 Escribir poesía es narrar

por primera vez

la escena

que nos rompió

por dentro

 … nos dice Natalia Bericat en una suerte de Ars poética que encontramos en las páginas de Deshilachadas, publicado en 2019 por Sudestada

Una trama de palabras y de textos en los que se oye claramente la voz de una mujer, mas no en el sentido reductor de la “literatura femenina”. Por el contrario, es la palabra clara de una mujer que, como tantas otras, levanta su voz emancipadora.

El libro, a su vez, se divide en tres partes. La primera, Voz de grabador, pone el foco en la infancia, una infancia donde se repite la palabra escarcha. Una infancia “con una piedra en la espalda”.

La ausencia reina en la cama

de los corazones pequeños.

Sólo la piel de mi madre

derretirá la escarcha

que acunó las pesadillas

Y también…

Hay escarcha en el jardín

y dos limoneros

que se secan

de ver llorar

a esa flor

que se cayó

contra la pared.”

Con palabras simples, Natalia Bericat logra cincelar una poesía intensa a la vez que sutil.

Son textos que no queremos dejar a la vera del camino una vez leídos. Necesitamos volver a ellos, necesitamos tenerlos cerca.

Sangre caliente, la segunda parte, hunde las manos en el entorno social.

Gatillo fácil nos alerta sobre la infame amenaza que vuelve una y otra vez a acecharnos.

“…no hay balas de goma

para cobardes

con escudos

y botas de acero

Otro crimen, repetido una y mi veces en el mundo, amparado por una sociedad aún patriarcal, el feminicidio.

Sos una placa en rojo

frente a los ciegos

sos un número

que repiten

frente a los sordos

 

Quiero tu pañuelo blanco, Madre,

para que me abrigue

en este pozo

que es un nido abandonado” …

le canta Natalia Bericat, con imágenes de una belleza contundente, a las Madres de Plaza de Mayo.

Una poesía política, es cierto, comprometida, pero nunca hagiográfica como pudo ocurrir con grandes como Pablo Neruda o Paul Éluard, ya que hunde sus raíces en la tierra y en la memoria del pueblo.

Blanca y radiante

va la reina

de los corazones

que no laten…”

 

La tercera parte del libro, Hilachando, se interna en la urdimbre de una vida de mujer.

“… útero que abraza

pequeño refugio

de mujeres salvajes

hilachas de ancestras

en vientres sagrados

que vienen a narrar

esa historia

que las dejó mudas, …”

 

Siguiendo el linaje trazado por Alfonsina Storni, Alejandra Pizarnik, Olga Orozco y tantas otras, quizá más cerca de Olga y Alejandra, Natalia Bericat teje su trama poética con innegable talento.

En tiempos oscuros y turbios, una poesía como la suya nos alimenta de luz.

 

« Écrire de la poésie c’est raconter

pour la première fois

la scène

qui nous brisa

en dedans »

 … nous dit Natalia Bericat dans une sorte d’Ars poetica que nous trouvons dans les pages de Deshilachadas (Effilochées), publié en 2019 par Sudestada

Un tissu de mots et de textes où l’on entend franchement la voix s’une femme, non pas dans le sens réducteur de « littérature féminine ». Tout le contraire, il s’agit de la parole claire d’une femme qui, comme tan t d’autres, lève sa voix émancipatrice.

Le recueil se divise en trois parties. La première, Voz de grabador (Voix de magnétophone), met le viseur sur l’enfance, une enfance où se répète le mot givre. Une enfance « avec une pierre sur le dos ».

« L’absence règne dans le lit

des cœurs ´petits.

Rien que la peau de ma mère

fera fondre le givre

qui berça les cauchemars »

Ainsi que…

« Il y a du givre dans le jardin

et deux citronniers

qui sèchent

de voir pleurer

cette fleur

qui tomba

contre le mur. »

Avec des mots simples, Natalia Bericat arrive à ciseler une poésie intense ainsi que subtile.

Il s’agit de textes que nous ne voulons pas laisser, une fois lus, au bord du chemin. Nous avons besoin d’y revenir, nous avons besoin de les avoir près de nous.  

Sangre caliente (Sang chaud), la seconde partie, plonge les mains dans l’environnement social.

Gâchette facile (Bavure policière) nous alerte sur l’infame menace qui reviens une fois et une autre nous guetter.

« …il n’y a pas de balles en caoutchouc

pour les lâches

avec des boucliers

et des bottes en acier »

Un autre crime, répété une et mille fois dans le monde, protégé par une société encore patriarcale, le féminicide.

« Tu es une plaque chauffée au rouge

face aux aveugles

tu es un nombre

que l’on répète

face aux sourds »

 

« Je veux ton foulard, Mère,

pour qu’il me protège

dans ce trou

qui est un nid abandonné » …

chante Natalia Bericat, avec des images d’une beauté vigoureuse, les Mères de la Place de Mai.

Une poésie politique, certes, engagée, mais jamais hagiographique comme cela a pu arriver avec des grands comme Pablo Neruda ou Paul Éluard, car elle plonge ses racines dans la terre et dans la mémoire du peuple.

Blanche et radieuse  

va la reine

des cœurs  

qui ne battent pas…”

 

La troisième partie du livre, Hilachando (Effilochant), plonge dans la trame d’une vie de femme.

“… utérus qui embrasse

petit refuge

de mujeres salvajes

effilochures d’ancêtres

dans des ventres sacrés

qui viennent raconter

cette histoire

qui les rendit muettes, …”

 

Suivant la lignée tracée par Alfonsina Storni, Alejandra Pizarnik, Olga Orozco et tant d’autres, peut-être plus proche d’Olga et Alejandra, Natalia Bericat tisse sa trame poétique avec un talent indéniable.

Dans des temps sombres et troubles, une poésie comme la sienne nous nourrit de lumière.

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