UNE PETITE HISTOIRE DE LA CHANSON EN FRANÇAIS (16)
LES
ANNÉES 70
Elle écoute pousser les fleurs, / au
milieu du bruit des moteurs. Francis Cabrel
Les années Pompidou défilent tranquillement.
On ne parle pas de crise mais, quoique personne n’en a trop conscience, ce sont
les dernières années de l’expansion et de l’euphorie économique.
Johnny, Sheila, Sylvie Vartan (qui présente
un show télévisé en Italie), Claude François poursuivent leur carrière.
https://www.youtube.com/watch?v=--cEDilDpvs
Jusqu’en 1976, la plupart de ses chansons
sont le fruit de sa collaboration avec Étienne Roda-Gil (Le caravanier, Niagara,
Ce n’est rien).
Son équipe de paroliers s’élargira ensuite : Jean-Loup Dabadie (À la fin je pleure) et surtout Maxime Le Forestier (J’aime ton corps, À mon âge et à l’heure qu’il est)
Les
trois atouts de Julien Clerc sont sa voix, très juste, vibrante mais
parfaitement maîtrisée ; ses musiques et ses textes, habituellement d’une
grande qualité.
En 1990,
l’album Fais-moi une place, du nom de la chanson que lui a écrite
Françoise Hardy, remporte un grand succès.
https://www.youtube.com/watch?v=vZ0v3oeg2Tg
Utile, sorti en 1992, marque ses retrouvailles avec Roda-Gil.
https://www.youtube.com/watch?v=HmnVfZslf9A
Le texte d’Utile est inspiré par une expérience vécue par Juliette Gréco dans le Chili de Pinochet. Devant chanter devant les dignitaires du régime, elle est accueillie par des applaudissement. Après avoir interprété soin répertoire habituel, elle sort de scène dans un silence de mort.
« À
quoi sert une chanson si elle est désarmée ?
Me
disaient des chiliens, bras ouverts, poings serrés
Comme
une langue ancienne
Qu'on
voudrait massacrer
Je
veux être utile
À
vivre et à rêver »
Suivent Si
j’étais elle (2000), Double enfance (2005), Où s’en vont les
avions ? (2008), Fou peut-être (2011), Partout la musique
vient (2014) et À nos amours (2017).
https://www.youtube.com/watch?v=Tdpfo9-ku34
En 1970, Léo Ferré se présente à la Mutualité avec des places à tarif unique à 10 francs. Il obtient un succès sans précédent. L’un des tubes de l’année est L’aigle noir de Barbara.
Jane Birkin, la compagne de Serge Gainsbourg, continue la carrière qu’elle avait commencée en 1968 avec le succès scandaleux de Je t’aime, moi non plus. En 1973, elle sort son premier album
entièrement écrit pour elle par Gainsbourg dont l’extrait Di Doo Dah
devient l’un de ses tubes. Étant tout d’abord actrice elle tourne Don Juan
73 de Vadim, La moutarde me monte au nez de Zidi (1974), Sept
morts sur ordonnance de Jacques Rouffio (1975) et le film scandale de cette
même année, Je t’aime, moi non plus de Gainsbourg.
En 1980, elle quitte Gainsbourg, mais
celui-ci continuera jusqu’à sa mort en 1991 à lui écrire des chansons et des
albums, comme Baby alone in Babylone (1983), possiblement son disque le
plus réussi. Baby Lou, Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ou
Les dessous chics restent dans toutes les mémoires.
https://www.youtube.com/watch?v=Ll6ribfGJVA
En 1987, Birkin sort un nouvel album signé Gainsbourg, Lost Song. Ce sera aussi, au Bataclan, la première fois qu’elle chantera en public. Amours des feintes (1990) est le dernier album que lui offrira Gainsbourg mais l’événement de 1995 est le nouvel album de Jane Birkin, Versions Jane où chaque chanson de celui-ci est réorchestrée par un artiste différent : les Négresses Vertes, Jean-Claude Vannier, son arrangeur de toujours, le percussionniste sénégalais Dudu N’Diaye Rose...
Une expérience de l’an 2000, quand Birkin
chante les chansons de Gainsbourg avec des musiciens kabyles, devient en 2002
un spectacle à l’Odéon avec le violoniste algérien Djamel Benyelles, leader du
groupe Djam & Fam. Fin 2002, paraît l’album Arabesque résultat de
cette expérience.
https://www.youtube.com/watch?v=Ll6ribfGJVA
Deux ans plus tard, sort Rendez-vous, un album de duos avec, entre autres, Françoise Hardy, Alain Souchon, Caetano Veloso et Paolo Conte.
En 2008,
sort Enfants d’hiver, le premier album de Jane Birkin entièrement écrit
par elle-
Gainsbourg
le symphonique paraît en 2017. Elle est accompagnée
par l’orchestre symphonique de Varsovie.
Son
dernier album, Oh ! Pardon, tu dormais, est, comme celui de 2008,
composé de textes lui appartenant. Étienne Daho en a réalisé la musique.
https://www.youtube.com/watch?v=KAUslj3BQ9I
Jane Birkin meurt le 16 juillet 2023 à Paris.
D’autre part, SLC, porte-parole du
yé-yé change de cap et prédit l’émergence d’une nouvelle vague rock-pop. Le
Golf Drouot lui-même se refait une jeunesse et d’autres lieux s’ouvrent au rock
dont la Tour de Nesle où se produisent Les Variations, groupe qui
cultive la provocation et dont la musique tient du rock et du blues. Ils
tournent dans toute l’Europe avec leur leader le chanteur Joe Leeb, chantent en
anglais et tentent l’aventure américaine ce qui marquera la fin de leur
carrière.
https://www.youtube.com/watch?v=rgRoFa85eZM&list=PLozHJYYKSsaiPNGvNyqz_4bmt3_ZRh4j8
Martin Circus
https://www.youtube.com/watch?v=9uHCKyq4Y_g
Leur jeu de scène est simple mais efficace,
leur musique abreuve à la source de la culture rock, la banlieue. L’un de leurs
meilleurs 45 tours est signé Serge Gainsbourg (Pretty Jane Rose). Bijou
sera, jusqu’à l’apparition de Trust et surtout de Téléphone, le
chef de file du rock français.
https://www.youtube.com/watch?v=TcEn1TSX2rc
Dans ces années 70 apparaît à l’horizon de la chanson une vague de minets. Le costume deux pièces impeccable, le sourire blanc, les cheveux longs mais bien coiffés, Mike Brant est l’icône de ces jeunes chanteurs. Né en Nicosie en 1947, il fait ses débuts à
l’Hôtel Hilton de Tel Aviv. Sylvie Vartan l’y découvre et lui propose de tenter
sa chance à Paris. Laisse-moi t’aimer devient, en 1970, un tube énorme,
mais sa vraie carrière commence en 1972 avec Qui saura. Cette carrière
durera jusqu’en 1975, année de son suicide.
https://www.youtube.com/watch?v=coxTasA897I
Chaque maison de disques tentera de découvrir son propre Mike Brant. Vogue lance ainsi Frédéric François, un beau brun né en Sicile qui connaît le succès avec Je voudrais dormir près de toi. Il aligne tube sur tube : Laisse-moi vivre ma vie, Chicago...
En 1976, il collabore avec Jean-Michel Jarre,
qui commence à faire connaître la musique synthétique, dans l’album Mort ou
vif dont seront extraits deux 45 tours, Faut pas rêver et L’enfant
aux cheveux blancs. Suivra Paris by night avec les titres Où sont
les femmes et Les bleus au cœur.
En 1978, Patrick Juvet s’adapte aux rythmes
disco et sort l’album Mégalomania.
Dans les années 80 et malgré ses efforts, il
s’éloignera de plus en plus du goût du public et donc du succès.
https://www.youtube.com/watch?v=bSj_G0xBmI8
La
vague disco
Au beau milieu des années 70, le disco surgit
monopolisant, à quelques exceptions près, toute la création musicale.
Pour une fois les Américains seront forcés de
prendre le train en marche, le disco étant un mouvement tout d’abord européen,
parti de France avec Cerrone, d’Allemagne avec Giorgio Moroder
pour Donna Summer et d’Angleterre avec Ken Scott, producteur plus
tard de Supertramp.
À partir de là, pour les firmes discographiques,
l’avenir d’un artiste doit passer par une carrière internationale et pour cela,
il doit chanter en anglais.
En France, toute la génération yé-yé ou
presque se lance à corps perdu dans la vague disco qui lui permet de rajeunir
sa carrière sans trop changer de style.
En 1976, la carrière de Sheila
commence à stagner. Son pygmalion, Claude Carrère, voit dans le disco une
aubaine inespérée. Sheila s’y reconvertit donc en changeant même de look :
short, queue de cheval et trois danseurs noirs. Carrère lui fait enregistrer un
album en anglais qui est classé nº1 dans les charts européens. Un deuxième
album en anglais obtient un succès mondial, mais paradoxalement c’est en France
qu’il marche le moins bien. Fin de l’aventure.
C’est aussi en 1976 que Dalida va
changer de look pour devenir une vamp sexy. Elle enregistre sous la férule de
son frère Orlando une reprise disco du succès des années 30, J’attendrai. Un album suit avec les
versions disco de vieilles chansons comme Bésame mucho, La vie en
rose...
La période disco de Dalida est pour elle une
époque faste qui la conduit directement en 1980 au Palais des Sports.
https://www.youtube.com/watch?v=8SeiLHvWRr8
Claude François appose sur les
pochettes de ses disques le macaron “Disco” et sort lui aussi son premier album
en anglais So near and yet so far.
Johnny Halliday quant à lui et
contrairement à ses habitudes, ne tombera pas dans la vague disco. Il la
critique même dans Le bon vieux temps du rock’n’roll.
https://www.youtube.com/watch?v=-el1a3_y3Qg
La “nouvelle chanson française”
La France des années 70 assiste à la
naissance de ce que les médias appellent la “nouvelle chanson française”
La voix, son timbre, son registre, sa couleur
sont dorénavant essentiels pour reconnaître un artiste. Yves Simon doit
beaucoup de son succès à sa voix qui ne recherche pas l’effet et qui donne
l’impression d’une confidence.
La voix nasillarde et chaude de Michel Jonasz
exprime bien sa sensibilité à fleur de peau tandis que celle de Francis Cabrel
joue de son accent méridional et de sa prononciation un peu précieuse.
Renaud a une voix parfois monocorde
identifiable à sa gouaille faubourienne.
Avec la voix, l’univers de référence du chanteur participe de son esthétique, le jazz pour Jonasz, la nostalgie pour Alain Souchon, une atmosphère populaire de bal musette dans le cas de Renaud et le registre latino-américain dans celui de Bernard Lavilliers.
Fils de cheminot, Yves Simon (1945) passe son enfance à Contrexéville et vient à Paris pour passer une licence de lettres.
Ses premiers disques, en 1967 et 1969 (Ne
t’en fais pas petite fille et Planète endormie), ne connaissent
aucun succès.
En 1972, Yves Simon sort un 45 tours, Les
Gauloises bleues qui remporte un certain succès. Son premier album, Le
pays des merveilles de Juliet sort un an plus tard.
https://www.youtube.com/watch?v=l2Fnrs1X8ec
Le disque suivant, Respirer, chanter
est très influencé par les États-Unis (J’ai rêvé New York). Il devient
un artiste confirmé, chacun de ses albums, Raconte-toi (1975), Macadam
(1976), Un autre désir (1977) sont de grands succès.
https://www.youtube.com/watch?v=nxOyfQoBFmk
Il continue toutefois à écrire des romans : L’amour
dans l’âme, Océan et Le voyageur magnifique, prix des
libraires 1988.
Cette même année, Simon sort l’album Liaisons
qui connaît un grand succès grâce aux titres Nés en France et Deux ou
trois choses que je sais d’elle.
https://www.youtube.com/watch?v=j98-WQFBnIg
En 1991, le Prix Médicis lui est décerné pour
le roman La dérive des sentiments.
En 1999, après onze ans de silence paraît son
onzième album Intempestives.
Yves Simon écrit des chansons en demi-teintes
qui évoquent le quartier latin (Rue de la Huchette), les amours
malheureuses (Clo Story), mais aussi les droits des femmes (Les
souffrantes), le voyage (Amazoniaque) et la peinture (Basquiat).
C’est une poésie douce-amère en concordance avec l’air du temps.
Son dernier album, Rumeurs, date de 2007.
https://www.youtube.com/watch?v=zbSLOr6uE3E
Une chanson Du blues, du blues, du blues
et un récital au Théâtre de la Ville, en 1977, le sacrent vedette.
https://www.youtube.com/watch?v=24Lxuvw_4ic
Dès lors,
les albums, La nouvelle vie (1981), Tristesse (1983), Unis
vers l’uni (1985), La fabuleuse histoire de Mister Swing (1988), Où
est la source (1992), Soul Music Airlines (1996), et les succès se
suivent.
Les années
2000 voient stagner la carrière de Michel Jonasz qui se reconvertit en acteur
mais continue à sortir des albums dont les derniers Les Hommes Sont Toujours
de Grands Enfants (2011) et La Méouge, le Rhône, la Durance (2019)
remportent une certaine répercussion.
Alain Souchon (1944) est né à Casablanca où son père est professeur d’anglais. Quand il a 15 ans, celui-ci meurt dans un accident, l’adolescent devient alors solitaire et rêveur.
À la fin des années 60, il chante dans les
cabarets de la rive gauche mais c’est en 1973 que finit la galère avec L’amour
1830, son premier succès. C’est aussi en 1973 qu’il rencontre Laurent
Voulzy et avec qui il composera la plupart de ses chansons. Dès 1974, leur
première collaboration, J’ai dix ans, fait un tabac. Deux ans plus tard,
l’album Bidon est un énorme succès critique et public. Ce succès
continue avec Jamais content de 1977, album où se trouve son plus grand
tube, Allô, Maman bobo.
https://www.youtube.com/watch?v=KG-q7vzxKY8
En 1980, année de Rame, album où
collabore Michel Jonasz, il est invité en vedette à l’Olympia. En 1980
également, Souchon fait ses premières armes de comédien dans le film Je vous
aime de Claude Berri.
Il alternera dès lors films et albums avec le
même succès.
En 1989, le duo Souchon-Voulzy produit Ultra
moderne solitude. Parmi les nouveaux titres, La beauté d’Ava Gardner
et Quand j’serai KO.
En 1993, l’album C’est déjà ça, plus
politisé, évoque des thèmes de société de façon plus aiguë que d’habitude. Foule
sentimentale devient un titre essentiel du répertoire du chanteur.
https://www.youtube.com/watch?v=V_SNDGwwGFM
Son expérience humanitaire, entamée en 1993 avec Sol en Si (Solidarité Enfants Sida), se renouvelle en 1995 sur un album dans lequel Alain Souchon et Laurent Voulzy chantent aux côtés de leurs fils respectifs, Pierre et Julien.
En 1999, l’album Au ras des pâquerettes
est un peu plus pessimiste que les précédents. En 2002, accompagné de trois
musiciens, Souchon part en tournée acoustique dans les petites salles de
province.
En 2006,
sort La vie Théodore dont la chanson homonyme est un hommage à Théodore
Monnod, D’autres titres Bonjour tristesse, Putain, ça penche…
https://www.youtube.com/watch?v=FHUTnaOLd7s
https://www.youtube.com/watch?v=_BO__ZDZTX0
En 2014,
paraît Alain Souchon & Laurent Voulzy, douze titres composés par les
deux amis.
2019 sera
l’année d’Âme fifties. Alain Souchon observe, raconte …les vacanciers de
la plage du Crotoy, la guerre d’Algérie, les sentiments défunts, le tout
projeté dans les années 50 comme l’indique le titre de l’album.
https://www.youtube.com/watch?v=jP0VBPvoT38
Né à Paris en 1948 de parents guadeloupéens, Laurent Voulzy découvre très tôt la musique. En 1967, il compose déjà ses premières chansons. Trois ans plus tard, il décroche un contrat, son premier 45 tours, L’amour est un oiseau paraît en 1972. Perfectionniste, il retravaille longtemps ses titres avant de les enregistrer. C’est ainsi qu’il mettra plusieurs années avant de produire un premier 33 tours. Mais le grand déclic de sa carrière se
produit en 1974 quand il rencontre Alain Souchon. Ils unissent leurs talents,
Souchon pour les textes et Voulzy pour la musique et cette même année paraît J’ai
dix ans, le premier album et le premier succès de Souchon. En 1977, leur
collaboration fait encore un tabac, Rockcollection, chantée par Voulzy.
Dès lors, il devient une mine de tubes : Belle
Ile en Mer, Désir Désir, Les nuits sans Kim Wilde, Le
soleil donne, Le rêve du pêcheur...
Or, Laurent Voulzy n’a enregistré en 30 ans
de carrière que quatre albums, le dernier en 2001, Avril. En 2003,
paraît Saisons, une compilation agrémentée du mythique “Rockcollection”.
En
novembre 2011, sort l’album Lys and love, dont la chanson Jeanne remporte
le prix à la chanson originale aux Victoires de la Musique 2012.
https://www.youtube.com/watch?v=mIC881PVNGQ
En 2014 sort l’album en commun avec Alain Souchon et, en 2017, Voulzy sort le disque Belem où il rend hommage à la musique brésilienne.
Yves Duteil (1949) n’obtient pas trop de succès avec ses premiers enregistrements. Le succès arrive en 1974 quand il gagne le festival de Spa avec Le petit pont de bois qui se vendra à plus de 700 000 exemplaires. À partir de là, les tubes se suivent, Tarentelle,
J’ai la guitare qui me démange, La puce et le pianiste, la
plupart taillés sur le même modèle : une mélodie classique, simple, une
guitare, des violons et des paroles poétiques souvent non dénuées d’humour (Lucille
et les libellules) mais parfois aussi un tantinet doucereuses (Prendre
un enfant).
Duteil est en fait un excellent artisan,
héritier d’une certaine tradition qui trouve son inspiration dans la nature et
l’amour simple.
https://www.youtube.com/watch?v=MvCxBncKR2E
Renaud (1952) commence à chanter, malgré ses origines très bourgeoises, à la terrasse des cafés un répertoire signé Bruant, Montéhus, Georgius.
En 1977 il se produit aux Blancs-Manteaux
mais c’est l’année suivante que commence vraiment sa carrière avec Laisse
béton. Il triomphe bientôt au Printemps de Bourges, puis au Théâtre de la
Ville en 1979. En 1980 il remplit
https://www.youtube.com/watch?v=-SUlL2ycpVg
Presque que toute l’œuvre de Renaud peut être
considérée comme une galerie de portraits, dont l’acuité qu’il porte, en digne
héritier d’une longue tradition, celle de Bruant et de Fréhel, sur la société française de son temps est
remarquable (HLM, Marche à l’ombre).
https://www.youtube.com/watch?v=wDQcV84eSTc
On y trouve des chansons-portrait qui visent
soit des cibles privilégiées, les cons, les machistes, les militaristes, les bourgeois
: Mon beauf, Étudiants poils aux dents, Trois matelots, 500
connards sur la ligne de départ ; soit des victimes de la société
(prolétaires, immigrés exploités, délinquants, victimes de l’urbanisme inhumain)
: Chtimi, Son bleu, Pépette, La mère à Titi, Doudou,
Deuxième génération, Petit voleur, Petite conne, Petit
pédé, Manu ... D’autres portraits sont plus emblématiques, l’anti
féminité, Miss Maggie ; l’intello pédant, L’entarté ; la gauche
caviar, Socialiste ...
https://www.youtube.com/watch?v=lQy_fexNxIU
L’album À
la Belle de Mai est un hommage à Marseille, on y trouve aussi des chansons
où Renaud parle de l’enfance, C’est quand qu’on va où et Le sirop de
la rue.
Après un
album consacré à Brassens, en 1996, Renaud sort, en 2002, Boucan d’enfer,
co-écrit avec ses musiciens Alain Lanty et Jean-Pierre Buccolo. Les titres les
plus remarqués, Docteur Renaud, Mister Renard et Manhattan-Kaboul,
un duo avec Axelle Red.
En 2006,
Renaud fustige les politiques, les religions, les bourgeois, dans l’album Rouge
sang. Le titre Elle est facho fait polémique.
https://www.youtube.com/watch?v=qIiuQHuE17Y
https://www.youtube.com/watch?v=_YqzuE-5RE8
Un an
après, sort l’album Renaud, quatorze chansons dont Toujours debout.
https://www.youtube.com/watch?v=uv37yxc51bE
Les abus d’alcool et de tabac ont marqué la voix du chanteur mais il parait renaître enfin après des années sombres
C’est
cette voix devenue fragile que l’on retrouve sur son dernier album Les Mômes
et les enfants d'abord de 2019.
https://www.youtube.com/watch?v=fFwG1bfrFQs
En 2022,
cinquante ans après ses débuts, Renaud sort un album dans lequel il rend
hommage à ses maîtres, Georges Brassens, Bourvil, Bernard Dimey, Charles Trenet
ainsi que Georges Moustaki, Métèque. Une demi réussite dont on retiendra
Je suis mort qui dit mieux d’Higelin, Si tu me payes un verre, du
répertoire de Serge Reggiani et La tendresse, de Bourvil.
https://www.youtube.com/watch?v=282OPXC79cU
Bernard Lavilliers (1946) est un artiste voyageur, non pas qu’il saute de l’avion à la salle de concerts et de là à l’hôtel ; il a voyagé en Amérique latine, aux Caraïbes, en Afrique, s’est imprégné de paysages et de rythmes exotiques bien avant la mode de la “world music”. Très jeune, et pour fuir l’univers sans
avenir de l’usine, il part pour le Brésil où il est engagé comme chauffeur de
camion en Amazonie. Il retourne en France après avoir bourlingué en Amérique
centrale et aux États-Unis.
En 1967, il commence à chanter dans les
cabarets parisiens. En 1971, il chante au “Discophage”, cabaret brésilien de la
capitale. Un album appelé Les poètes sort en 1972.
Il commence à être connu. Sa première grande
salle est le Théâtre de la Ville en 1976, après la sortie de Barbares,
album qui marque son entrée dans le monde du rock.
https://www.youtube.com/watch?v=gWlmkRSUfYs
Son
Olympia 1977 est un véritable succès.
En 1979, il part vers la Jamaïque, les
États-Unis et finalement le Brésil, pour se ressourcer. De retour de ce voyage,
il sort O gringo qui devient un succès colossal.
En 1986, son album Voleur de feu est
le résultat d’un voyage en Afrique.
En 1988, il publie If, un véritable
carnet de voyage : Nicaragua, Haïti... Deux ans plus tard, un voyage en Asie se
reflète dans Solo.
En 1994, Les champs du possible nous
montre un Lavilliers plus introspectif.
https://www.youtube.com/watch?v=aZkF1MuEIgs
Chanteur engagé, rocker itinérant, Bernard
Lavilliers est depuis les années 70 un témoin des maux de la planète. Son album
2001, Arrêt sur image, nous parle du chômage, de la violence sur des
rythmes de reggae et de bossa.
Il a reçu, en 2003, le Grand Prix de la
chanson française de la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de
Musique (SACEM).
Carnet
de bord (2004) est enregistré entre New York
et la Jamaïque Encore une fois, Lavilliers nous emmène vers des destinations
lointaines, accompagné par des invités de marque, Tiken Jah Fakoly (Question
de peau) ou Cesaria Evora (Elle chante).
https://www.youtube.com/watch?v=NSkmtVyrWtM
Samedi
soir à Beyrouth paraît en 2008, le titre éponyme évoque les expériences de
Lavilliers dans la capitale du Liban. Bosse, d’autre part, ironise sur ce
qu’est devenu la valeur du travail.
https://www.youtube.com/watch?v=p0grHzjXRIw
Le titre
de l’album 2010 de Lavilliers fait référence à ce qu’il a répondu à François
Mitterrand l’interrogeant sur son travail : Causes perdues et musiques
tropicales.
Il y est
accompagné de Bonga (Angola), Mino Cinelu (Coupeurs de cannes),
David Donatien (Sourire en coin) …
https://www.youtube.com/watch?v=aCdf02YkMSY
Paru en
2013, Baron Samedi est le résultat d’un voyage en Haïti après le
tremblement de terre. Le titre fait référence à un personnage du vaudou qui
rode dans les cimetières.
Il y
chante aussi Blaise Cendrars et Nazim Hikmet.
https://www.youtube.com/watch?v=fhNzCzCyW3c&list=PLxNbyPGsTml-mTbcKTu8nZvhj32BY1KDZ
5
minutes au paradis (2017) nous montre que l’indignation
de Lavilliers face aux injustices ne s’estompe pas. Les collaborateurs de cet
album : Florent Marchet, Jeanne Cherhal, Benjamin Biolay… L’album s’ouvre
sur La Gloire, un texte du poète résistant Pierre Seghers.
L’espoir,
en duo avec Cherhal ferme l’album d’une note d’optimisme.
https://www.youtube.com/watch?v=joCO3v60TdI
Le dernier
album de Lavilliers, Sous un soleil énorme (2021) a été conçu à Buenos
Aires.
La
capacité d’indignation, ainsi que l’ironie, du chanteur sont intactes à 75 ans.
La chanson Beautiful days, qui parle d’un « président qui ment »
et du « règne des petits marquis » en est la preuve.
https://www.youtube.com/watch?v=ZWuKZniNHco
Maxime Le Forestier (1949) a reçu dès l’enfance une éducation musicale. À quinze ans, il découvre Georges Brassens, apprend à jouer de la guitare et se produit épisodiquement au marché aux puces de Saint-Ouen, “Chez Louisette”.
En 1965, il forme avec sa sœur Catherine le
duo Cat et Maxime. Ils reprennent le répertoire des américains Peter,
Paul and Mary et rencontrent Georges Moustaki dont ils chantent Ma
liberté.
En 1969, Maxime Le Forestier est appelé sous
les drapeaux, ce qui ne l’empêche pas de continuer à chanter. Il enregistre
même deux 45 tours en solo, Cœur de pierre, face de lune et Concerto
sans frontières.
En 1970, il joue dans la comédie musicale “Oh
! America” et sillonne les États-Unis en pleine époque hippie.
https://www.youtube.com/watch?v=0uT87XQrki0
La reconnaissance arrive en 1972 avec son
premier album. Son deuxième 33 tours apparaît l’année suivante, on y trouve Le
steak ou la complainte de ceux qui ont le ventre vide, considérée comme une
gaudriole par ceux qui ont le ventre plein. Il triomphe à l’Olympia lors de
deux Musicorama (émission de radio retransmise depuis la salle de spectacles).
https://www.youtube.com/watch?v=zIZAd6GCK7A
À la fin des années 70, le public n’accroche
plus comme avant, même s’il réussit à remplir l’Olympia en 1978.
En 1982, il tourne beaucoup : l’Algérie, la
Nouvelle Calédonie, le Liban et bien sûr la France et la Belgique. En octobre
1983, il présente à Bobino un spectacle d’avant-garde que le public ne comprend
pas. Il n’est plus le chanteur à succès des années 70.
Il renaît cependant de ses cendres en 1988
avec le 45 tours Né quelque part, un hymne à l’égalité et à la tolérance
dont les chœurs sont chantés en langue zoulou.
https://www.youtube.com/watch?v=DagKAzSk9Z8&list=RDDagKAzSk9Z8&start_radio=1
L’album Ambalaba vendra quelque 600
000 exemplaires.
En 1996, il sort un album Brassens.
Jusqu’en 1998 ses tournées Brassens sont un énorme succès.
Début 2000, il participe de la tournée des
Enfoirés, nom du collectif de chanteurs qui unissent leurs voix au profit des
Restos du cœur.
Cette même année paraît son album L’écho
des étoiles.
En 2008,
Maxime Le Forestier sort l’album Restons amants, dont la chanson titre
est composée par Julien Clerc. On y trouve aussi L’hymne à la soie, un
duo avec Emmanuelle Béart.
https://www.youtube.com/watch?v=P2sO6PCFYT0
L’album Le
cadeau sort en 2013. Son premier extrait, Un p’tit air est signé Julien
Clerc. Le comédien Jacques Weber est l’auteur d’Impasse des oiseaux.
https://www.youtube.com/watch?v=nktVc-jdrhg
En 2019,
Maxime Le Forestier sort le disque Paraître ou ne pas être, en
collaboration avec son fils Arthur. Dix chansons acoustiques et un regard
toujours aussi vif sur la société.
https://www.youtube.com/watch?v=IHAnNZOvLoc
Du côté du rock nous trouvons, entre
autres, Higelin, Véronique Sanson, Catherine Lara...
Ses chansons, Banlieue boogie blues,
Paris New York, New York Paris, Alertez les bébés sont de grands
tubes auprès des jeunes.
https://www.youtube.com/watch?v=UAi7-CyTFDg
La personnalité aux multiples facettes
d’Higelin, sa démesure contrôlée, son air de saltimbanque tendre et rude à la
fois, en font un artiste incontournable dans le panorama de la chanson
française.
En 1977,
Higelin sort l’album No man’s land dont le titre Pars devient son
premier vrai tube.
https://www.youtube.com/watch?v=xGRReyDyoGY
Deux ans
plus tard, paraissent Champagne pour tous et Caviar pour les autres,
enregistrés en grande partie a la Nouvelle Orléans.
https://www.youtube.com/watch?v=mD3bh3wWaSQ
Un an
après, il enregistre Pierre et le loup de Prokofiev avec l’orchestre
national d’Israël dirigé par Zubin Mehta.
Aï sort en 1985. Cet album, où l’on remarque Jack in the box
et La croisade des enfants, reflète les préoccupations d’Higelin face
aux injustices du monde contemporain
https://www.youtube.com/watch?v=hUY2-gKhSd4
Tombé
du ciel (1988) est un énorme succès dont le
public plébiscite le titre éponyme. Le chanteur, de son côté, préfère Le
Parc Montsouris.
https://www.youtube.com/watch?v=5-kVwZa-z6k
Higelin
soutient les luttes sociales qu’il considère légitimes et s’egage dans
l’association « Droit au logement ».
En 1993,
sort Aux héros de la voltige qui renoue avec le funk.
1997 est
l’année de Paradis païen, entièrement réalisé par Areski Belkacem
https://www.youtube.com/watch?v=dnbLjkAG23k&list=OLAK5uy_lWsisTUDGc1F8lLoMxC-IOXgvGZGJGOes&index=4
En 2005,
sort Higelin enchante Trenet, enregistré au Trianon.
2006 voit
paraître Amor doloroso et 2010, Coup de foudre.
Trois ans
plus tard, sort le 20ème album de Jacques Higelin, Beau repaire.
https://www.youtube.com/watch?v=nmMrXA6_1Ug
Son
dernier disque paraît en 2016, Higelin 75, il y évoque la mort, J’fume,
le temps qui s’enfuit, L’emploi du temps et sa fille Izia, Elle est
si touchante.
https://www.youtube.com/watch?v=2o_C4i888C0
Jacques Higelin meurt le 6 avril 2018.
Véronique Sanson (1949) connaît le succès avec son deuxième album produit par Michel Berger, Amoureuse. On y découvre sa voix intense et une musique qui tient du jazz, du blues et du rock. Les disques suivants confirment ses qualités d’interprète d’un rock au féminin jusque-là inconnu en France. Besoin de personne et Chanson d’une drôle de vie sont de grands succès.https://www.youtube.com/watch?v=QAIyQbHTaME
En 1973, mariée à Stephen Stills (Crosby,
Stills and Nash), Véronique Sanson part aux États-Unis où elle résidera 10 ans.
Son troisième album, Le maudit, sort en 1974.
https://www.youtube.com/watch?v=2Bh7fz30dcE
Deux ans
plus tard, elle enregistre à Londres son quatrième disque, Vancouver.
En 1978, elle réussit au Palais des Sports la
performance de présenter deux spectacles quotidiens pendant trois jours devant
un public électrisé. Elle réitère en 1981 pour ce qui restera la plus grande
production “live” de sa carrière. La première rock star française naît ainsi au
Palais des Sports, calquant son spectacle sur la structure des shows
anglo-saxons.
Les années
80, qui sont ceux de son retour en France ne sont pas faciles pour Véronique
Sanson.
L’album Sans
regrets de 1992 voit renaître le succès. Son premier extrait, Rien que
de l’eau atteint vite les 500.000 exemplaires vendus.
https://www.youtube.com/watch?v=9swqeaf7GY0
Suivront Indestructible
(1998), D’un papillon à une étoile, composé de titres de Michel Berger
(2000), Longue distance (2004), Plusieurs lunes (2010) et Dignes,
dingues, donc… (2016)
https://www.youtube.com/watch?v=zsaK7iz4QyM
Catherine Lara (1945) étudie la musique au Conservatoire National de Paris mais l’univers du classique lui semble trop étroit. Elle obtient toutefois le deuxième prix de violon en 1965 et l’année suivante, le premier prix de musique de chambre.
L’album Coup d’feel marque un virage
rock et Geronimo, de 1980, est consacré aux minorités.
En 1983, Catherine Lara sort deux albums, Une
femme libre et La rockeuse de diamants qui la mène directement dans
les hit parades. L’ensemble est très rock et son violon devient électrique.
https://www.youtube.com/watch?v=4c-pc8vfByM
Nuit magique
(1986) est le tube de sa carrière.
En 1991, on retrouve Catherine Lara dans une
comédie qu’elle a écrite sur Georges Sand. La mise en scène appartient à
l’argentin Alfredo Arias. Le spectacle donne lieu à un album interprété par
Maurane, Véronique Sanson et Daniel Lavoie.
En 1993 sort Maldonne et en 1995, Mélomanie.
En 2002, Catherine Lara co-écrit la chanson
de l’équipe française de football, Tous ensemble, que chante Johnny
Halliday.
2005 est l’année de Passe-moi le ciel et 2011 celle de Catherine Lara, une voix pour Léo Ferré.
Francis Cabrel est né en 1953 à Astaffort, village de 2 000 habitants près de Toulouse, où il habite encore.
En 1974, il participe d’un radio-crochet dont
il remporte la finale avec Petite Marie. Il sort son premier album, Les
murs de poussière, en 1977 et pendant un mois, il assure la première partie
de Dave à l’Olympia.
En 1979, son deuxième album, Les chemins
de traverse, se vend à 400.000 exemplaires et grâce à la chanson Je
l’aime à mourir sa carrière prend un élan prodigieux. Son troisième album, Fragile
(1980), contient un autre grand succès, L’encre de tes yeux. Avec La
dame de Haute-Savoie, il introduit la guitare électrique dans sa musique.
https://www.youtube.com/watch?v=iXruXEIM2BA
Dans son cinquième album, Quelqu’un de
l’intérieur, les textes s’élargissent de son univers personnel pour
s’ouvrir au monde extérieur : Saïd et Mohamed évoque la détresse des
immigrés, Leïla et les chasseurs dénonce le machisme.
Le disque Photos
de voyages suit la même veine d’inspiration, mais l’écriture est plus
impliquée sans sombrer dans le militantisme. Cabrel prend position contre l’apartheid,
Soweto, le racisme, Les gitans, la pauvreté dans le tiers-monde, Photos
de voyages.
https://www.youtube.com/watch?v=6a5qyHuBbsE
En 1994, il sort Un samedi sur terre,
fruit d’une longue gestation. Quatre ans plus tard, le photographe Claude
Gassian publie Hors saison, un livre de photos consacré à Cabrel. Le CD
Bonus, inséré dans l’ouvrage, offre un duo avec la chanteuse argentine Mercedes
Sosa, Vengo a ofrecer mi corazón.
En 1999, l’album Hors saison vend un
million d’exemplaires.
En 2001, Francis Cabrel sort un album triple, Double tour et 3 ans plus tard, c’est le tour de Les beaux dégâts qui se vend
à 6000 000 exemplaires.
En 2008,
paraît Des roses et des orties, il y parle d’immigration, African
tour ; de l’hypocrisie des politiques, Les Cardinaux en costume ;
de misère sociale, Le cygne blanc et présente quelques reprises
comme Born on the bayou, de Creedence Clear Water.
https://www.youtube.com/watch?v=DXEtyB3cYWk
Le
treizième album de Francis Cabrel paraît en 2015, il s’agit de In extremis
où il reflète, encore et toujours, ses préoccupations d’homme et de citoyen, À
chaque amour que nous ferons, Partir pour rester, Dur comme fer…
https://www.youtube.com/watch?v=7KBjJt39bdA
À l’aube revenant sort en 2020. On y trouve Le bougies fondues qui nous parle du temps où Cabrel était chanteur de bals ("Si un jour je croisais autour d'un village/Le chanteur que j'étais dans les bals du village/On se regarderait comme deux inconnues, la poésie/Il me dirait sûrement t'a dû en voir du monde/Il se pourrait pourtant qu'à la fin je réponde/C'est celui que j'étais qui me manque le plus/La poésie où y'en a jamais eu") ; Te ressembler, un hommage à son père ; Jusqu’aux pôles, sur le dérèglement climatique et Parlons-nous, qui nous invite à laisser un peu de côté nos téléphones portable.
https://www.youtube.com/watch?v=kXJskah8ZtQ
Daniel Balavoine (1952) est tout d’abord attiré par la politique dont il sera vite dégoûté.
Il découvrira la musique dans les années 70
et chantera au sein du groupe Présence. Leurs 45 tours, comme ceux qu’il
enregistre sous son nom, passent inaperçus.
Il chante alors dans la troupe de La
Révolution française (1973), une comédie musicale. Deux ans plus tard, il
sort son premier album, De vous à elle en passant par moi qui ne
remporte qu’un succès d’estime.
Il lui faudra attendre 1978 et Le chanteur
pour que le vrai succès soit au rendez-vous. Balavoine est définitivement
lancé.
https://www.youtube.com/watch?v=aD31V1DHC6o
La même
année, il participe du succès colossal de Starmania.
https://www.youtube.com/watch?v=85V1rIsIUm8
Le 19 mars 1980, Balavoine se retrouve, dans
un studio de télévision, face à face avec François Mitterrand, alors candidat à
la présidence de la République. Il lui dit : “...les jeunes sont désespérés
et les politiciens ne s’y intéressent pas...”. On découvre alors le
chanteur qui sait exprimer ses opinions politiques.
Dans ces années 80, les succès se suivent : Mon
fils, ma bataille, Je ne suis pas un héros, Lipstick polychrome,
Vendeurs de larmes, La vie ne m’apprend rien ...
Quand la chanson ne lui suffit plus, il
milite à SOS Racisme, soutient les Restos du Cœur, installe des pompes à eau en
Afrique.
À 32 ans, il s’offre un second Palais des
Sports et L’Aziza lui vaut le prix SOS Racisme.
https://www.youtube.com/watch?v=O4ACXQxCgc8
En 1986, pendant le Paris-Dakar,
l’hélicoptère dans lequel il suit le rally s’écrase entre le Burkina Faso et le
Mali.
“... Ça laisse un énorme trou dans le
paysage musical français, dira Francis Cabrel. Il atteignait sa pleine
maturité avec le temps et la sérénité... Il y a des gens comme ça qui sont
primordiaux...”
« J’ai d’abord apprécié le chanteur de la colère et de la tendresse qui avait su trouver les mots et les sons en accord avec les sentiments de la jeunesse de son temps. J’ai ensuite rencontré et apprécié le révolté et l’homme de coeur, celui qui avait mis sa notoriété au service de la plus grande des causes, celle de la justice et de la lutte contre la faim dans le Monde. La jeunesse de France n’oubliera pas de sitôt celui qui lui a donné une si grande leçon de vie, en allant au bout de ses passions. »
François
Mitterrand
Paroles et Musique – Janvier 1987
Avec plus de 5 millions de spectateurs dans
le monde en 20 ans, la success story de Starmania, un opéra-rock de
Michel Berger (musique) et Luc Plamondon (paroles) crée au Palais des Congrès
de Paris le 19 avril 1979 avec Daniel Balavoine, Claude Dubois, Diane Dufresne,
Eric Estève, France Gall, Fabienne Thibault et Nanette Workman, est sans égal
pour une œuvre francophone.
Œuvre futuriste à l’époque de sa création, Starmania
décrit un monde à l’aube du nouveau millénaire, un monde de violence et de
détresse.
https://www.youtube.com/watch?v=SwJDxxYuEks
Michel Berger (1947-1992) s’initie à la musique dès sa première enfance. Il sort son premier 45 tours en 1963, Amour et soda. Jusqu’en 1966, tout en continuant ses études, il enchaîne les 45 tours avec un succès croissant. C’est justement en 1966 qu’il rencontre Véronique
Sanson et devient son compagnon-compositeur. Amoureuse, le premier
album de Sanson entièrement réalisé par Michel Berger sera un grand succès.
Il ne sortira son premier album qu’en 1971, Puzzle,
qui ne rencontre pas le succès escompté.
En 1973, il devient le compositeur de Françoise
Hardy désireuse de casser son image d’adolescente. Message personnel
est le fruit de cette collaboration.
Un an plus tard, il rencontre France Gall
qu’il épouse et à qui il refait une carrière.
Mais son plus grand succès de la fin des
années 70 sera Starmania qu’il crée avec le québécois Luc Plamondon.
Dès lors, les succès s’enchaînent, ceux de
France Gall (Donner pour donner, Tout pour la musique, Résiste...)
mais aussi ceux de Michel Berger (La groupie du pianiste, Celui qui
chante, Quelques mots d’amour ...).
Il s’investira aussi avec sa femme et son ami
Daniel Balavoine, dans l’humanitaire, spécialement pour financer plusieurs
programmes qui aident le développement de l’éducation en Afrique.
https://www.youtube.com/watch?v=gQFVpPdMFoI
À l’opposé de tous ces chanteurs, se trouve Michel Sardou (1947), fils et petit-fils d’artistes, il fait ses débuts au cabaret à dix-neuf ans. En 1967, Les Ricains (Sardou-Megenta),
une chanson de son premier disque, attire l’attention sur ce chanteur qui se
place sans nuance à droite. Il deviendra, dès lors, le porte-parole d’une
France petite-bourgeoise qui cherche les boucs émissaires à ses problèmes chez
celui qui est différent, l’immigré, l’homosexuel, l’intellectuel...
D’excellents paroliers et compositeurs,
Pierre Delanoë, Jean-Loup Dabadie, Jacques Revaux, Pierre Billon, lui feront un
répertoire à sa mesure qui le mettra de 1970 à 1977 à la tête de tous les hit
parades.
Il aborde ainsi tous les grands problèmes de
la société, l’écologie (W 454º), Dieu (J’y crois), l’amour (Je
vais t’aimer), la paternité (Mon fils), la grandeur nationale (Le
France) ...
En 1976, Je suis pour, profession de
foi en faveur de la peine de mort, déchaîne des polémiques et en 1977, Le
temps des colonies dépasse certaines limites.
https://www.youtube.com/watch?v=eX04446tk_g
Des comités anti-Sardou apparaissent un peu partout, des manifestations organisées dans les villes où il se présente l’obligent à interrompre une tournée. Dès lors et même s’il reste l’un des grands de la variété française, Michel Sardou n’occupera plus la tête des hit parades.
https://www.youtube.com/watch?v=-QzCHTE_X8U
À partir de 1970, c’est la course aux succès,
de gala en gala et de disque en disque : C’est toujours comme ça la première
fois (1970), Superman (1971), Les petites femmes de Pigalle
(1973).
https://www.youtube.com/watch?v=SZkVRLqrXr8
Sa rencontre avec Alice Dona est le début
d’une association prolifique dont les titres se succèdent : Je suis malade,
La chanteuse a vingt ans, L’Algérie où Lama chante la guerre du
point de vue des appelés d’une façon si ambiguë que l’on n’arrive pas à savoir
s’il est pour ou contre cette guerre ; Tarzan est heureux, Femme,
femme, femme...
À un certain moment, Serge Lama s’est voulu l’héritier de Jacques Brel qui venait de quitter la scène. En 1979, il a même enregistré Lama chante Brel (1979). Mais les points de contact entre les deux sont presque inexistants, Serge Lama est plutôt un Français moyen, un homme qui doit avoir les femmes et gagner sur les autres hommes.
Le renouveau de la musique régionale
L’après 68 voit naître en France les
mouvements de défense des identités régionales.
Après plus de dix ans de silence, Claude
Marti sort un nouveau CD, El jinete, un disque trilingue, français,
espagnol et occitan.
https://www.youtube.com/watch?v=e-9-0gMKvfM
Glenmor
(Émile le Scanv) sera le premier à tenter, sur des accents de révolte, de
perpétuer la tradition des bardes (Dieu me damne, Sodome).
https://www.youtube.com/watch?v=gzg9epmNL6k
https://www.youtube.com/watch?v=l9HbiWX48E4
En 1971, Bernard Baudriller rejoint le groupe
qui se produit au Bateau Lavoir de Nantes et dans divers centres culturels.
Un an plus tard, ils sortent, grâce à Gilles
Servat, leur premier disque et assurent la première partie de Juliette Gréco à
l’Olympia. En 1973, ils sont en tête d’affiche de ce même Olympia.
Leurs influences passent par les groupes
bretons et irlandais mais aussi par le mouvement folk américain.
https://www.youtube.com/watch?v=iJPI1ohI_q8
En 1976, La découverte ou l’ignorance
ouvre le chemin de l’électrification et du renouveau du son folklorique.
Une face de leur album An heol a zo glaz
(Le soleil est vert), paru en 1981, est consacrée à la lutte antinucléaire de
Plogoff.
En 1988, ils présentent Le Vaiseau de
pierre, un spectacle avec des marionnettes, des danseurs traditionnels et
modernes inspiré d’une BD de Christin Bilal. 1991 voit paraître Belle et
rebelle, consacré à Nantes. Ces années 90 renforcent l’ancrage traditionnel
du groupe.
En 1995, Tri Yann enregistre Portraits
à l’Abbaye de Fontevraud.
En 2001, sort leur 14ème album, Le
Pélégrin. Le groupe fête cette année-là et à Nantes, ses trente ans de
carrière.
Vingt ans
plus tard, Tri Yann fête ses 50 ans de carrière et fait ses adieux à la scène.
Le trio a donné, samedi 11 septembre, un ultime concert à la Cité des congrès de Nantes, mettant fin à cinquante ans de prestations scéniques.
‘’Les gens nous portaient. Ils étaient à la fois heureux et malheureux de nous voir partir et nous, on était à la fois heureux et malheureux de leur dire au revoi’’», a confié, samedi 11 septembre, à Nantes, Jean-Paul Corbineau, l’un des trois membres de Tri Yann, à l’issue du dernier concert du groupe.
La mythique formation de rock breton a ainsi mis un terme à cinquante ans de scène après une performance de trois heures et quatre rappels, sous les mercis. Une carrière à la longévité exceptionnelle pour des artistes qui auront permis à la musique bretonne d’atteindre une large audience.
Tout
comme les 2 000 personnes présentes à Nantes, Evelyne Rioué, une enseignante de
61 ans qui les suit depuis 1975, est venue ‘’leur dire merci pour toutes les
émotions, les rêves qu’ils ont fait passer, pour toutes les notions d’égalité,
de fraternité – de vraie fraternité – qu’ils ont su distiller au cours des ans’’,
a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse (AFP). A 35 ans, Nolen Nicolas, un
infirmier, ressort aussi regonflé :
‘’A chaque fois, c’est la même émotion et ce soir, c’est un peu plus, sachant qu’on ne les reverra plus. Ils m’ont apporté tellement, ils ont apporté tellement au public que c’est dur de se dire qu’on ne les verra plus.’’
Les
Trois Jean (qui sont en fait huit sur scène) avaient invité pour l’occasion
d’anciens membres du groupe et des amis, comme la chanteuse Bleunwenn, ou
encore Clarisse Lavanant et Erik Orsenna. ‘’On finit dans la joie et une sorte
de partage’’, sourit Jean Chocun, 72 ans, l’un des fondateurs de la formation. ‘’On
fait partie d’un chemin, d’une mouvance, de ce que les gens ont semé, on fait
partie de ça. On a milité pour une reconnaissance de l’authenticité de la
Bretagne, de l’ethnicité bretonne’’, a-t-il ajouté samedi soir.
Initialement
prévu le 28 mars 2020, et déjà complet depuis des mois, ce dernier concert
avait été repoussé à de multiples reprises en raison de la crise sanitaire.
C’est Jean Chocun qui a convaincu ses comparses, Jean-Paul Corbineau, 73 ans,
et Jean-Louis Jossic, 74 ans, qu’il était temps de raccrocher. ‘’Physiquement,
il y a un moment où il faut être raisonnable’’, glisse-t-il. Pour les dernières
dates de ce ‘’Kenavo Tour’’, Jean-Louis Jossic avait d’ailleurs peur ‘’de faire
la moitié du concert assis’’, selon Jean Chocun. Atteint par ‘’un problème
neurologique’’, le chanteur principal de Tri Yann, connu pour ses cheveux
blonds décolorés en pétard, souffre de douleurs aux bras et aux jambes.
(…)
Férus d’Hugues Aufray, ils s’attachent à sortir la musique bretonne et celtique de son ghetto, pour ‘’en faire quelque chose de plus populaire, de plus ouvert’’, selon les mots de Jean-Paul Corbineau, guitariste et chanteur, lors d’un entretien avec l’AFP en 2020. Leur premier album est écoulé en quelques heures et, dès 1972, ils font l’Olympia, en première partie de Juliette Gréco, puis deviennent musiciens professionnels l’année suivante.
Après
des albums plutôt acoustiques, mêlant reprises de chansons traditionnelles et
compositions personnelles, Tri Yann amorce un virage plus rock qui reste l’un
de ses signes distinctifs.
Avec
plus de 3 millions d’albums vendus, des concerts au Zénith, à Bercy et même au
Stade de France, la renommée des Tri Yann n’est plus à faire. Ils ont chanté en
Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Tunisie, en Géorgie, en Louisiane, ainsi
qu’au Québec et au Pays de Galles. En France, ils ont battu le record de
longévité des Frères Jacques. ‘’Il n’y a que les Rolling Stones qu’on ne bat
pas !’’, plaisante Jean Chocun.
Cet
ultime concert ne marque pas pour autant la fin de carrière du trio. Si la
scène est terminée, le groupe a des projets en cours, comme celui d’un album
sur l’histoire de la Bretagne racontée à travers les chansons. Pour le reste,
Jean Chocun va consacrer son temps libre à la pêche à pied, Jean-Louis Jossic
entend publier ses contes et Jean-Paul Corbineau veut voyager en France et à
l’étranger. »
Le Monde, le 11 septembre 2021
Il s’intéresse de plus en plus à l’histoire,
à la mythologie et aux arts celtes. Il se met aussi à la bombarde et à la
cornemuse. Il intègre alors Bagad Bleimer, ensemble folklorique breton.
https://www.youtube.com/watch?v=VgGlUgSTQi4
Dans les années 70, Alan Stivell propose une
version de la musique bretonne tournée vers l’avenir et la modernité. En 1972,
il connaît un véritable triomphe à l’Olympia.
https://www.youtube.com/watch?v=wMQbcGNs9kg
Il consacre, en 1976, un album aux poètes
bretons et un an plus tard Raok Dilestra parle de l’histoire de la
région.
Les années 80 seront moins fastes pour Alan
Stivell, le folk est démodé, l’électronique est la grande vedette. Il sort
toutefois des albums : Terre des vivants, Légende et Harpe du
Novel Âge.
Les annéss 90 le voient de nouveau sur le
devant de la scène. Brian Boru (du nom d’un grand chef irlandais
vainqueur des Vikings) connaît un grand succès. Son album 98, 1 Douar
(Une seule terre) rassemble Youssou N’Dour, Khaled, Jim Kerr de Simple Minds et
Paddy Moloney des Chieftains. Il y montre que les différentes langues, les
différents rythmes sont les composantes essentielles de l’humanité.
https://www.youtube.com/watch?v=Pfo4Ke0aJqs
Suivent Back to Breizh (2000), Au-delà
des mots (2002) et en 2003, Alan Stivell clôture la seconde Nuit Celtique
devant 68 000 spectateurs au Stade de France.
La musique
d’Alan Stivell devient électro avec Explore, album de 2006 dans lequel
il chante aussi bien en breton, en français qu’en anglais.
En 2010,
paraît Emerald, qui fête les noces d’émeraude, 40 ans, du musicien et
chanteur avec son public.
AMzer (Saisons) est l’album 2015 de Stivell.
Dès leurs premiers albums, ils mêlent au
traditionnel leurs propres compositions qui font référence, par exemple, aux
prisonniers politiques de la fin des années 70.
https://www.youtube.com/watch?v=4njlRIpB6Q0
Le groupe fut considéré subversif dans les
années 80 et interdit de se produire dans de nombreuses communes corses.
Dans les années 90, ils s’ouvrent à de
nouvelles couleurs musicales : Curagiu (1995) frappe par cet esprit d’ouverture
: claviers, vielles, sikus, tablas, l’accordéon de Richard Galliano, le
bandonéon de Mosalini, percussions, guitares...
https://www.youtube.com/watch?v=hiXQDo1hTxg
En 2002,
sort Umani où l’on trouve Jalalabad avec MC Solaar, Un sognu
pè campà avec le chanteur suisse Stephan Eicher et Vogliu où
Josefina Fernandez mélange son flamenco à la polyphonie corse.
Suivront Alma
(2005), Gioia (2010) , Invicta (2015), Planetta (2016), Lucioles
(2017) et Portu in core (2019).
https://www.youtube.com/watch?v=qAtgZFf7hXw
Entre polyphonie corses et rock poétique, I muvrini n’a cessé de questionner le monde.
Il est clair que nous venons de faire référence à des artistes qui chantent presque exclusivement dans les autres langues de la France, le breton, le corse, l’occitan, ces langues que la République refuse encore et toujours d’accepter comme des langues à part entière.
En Afrique,
où, comme nous l’avons dit, on chante principalement dans les langues nationales,
on trouve encore des chansons en français.
Deux grands artistes se détachent clairement du lot, Pierre Akendengué et Francis Bebey. Deux militants de l’Afrique et de son indépendance injustement oubliés de nos jours.
Né en 1943, au Gabon, Pierre Akendengué s’installe à 22 ans en France. Il assiste au Petit Conservatoire de Mireille et rencontre Pierre Barouh, grâce à qui il sort son premier album Nandipo, en 1974.
Son second
disque, Africa Obota (L’Afrique, ma mère), sort en 1976 et obtient le
Prix de la jeune chanson française. Quelques chansons sont en français, les
autres en myéné, sa langue maternelle.
Pierre
Akendengué prône, dans sa musique, pour l’unité africaine et chante les espoirs
du continent.
https://www.youtube.com/watch?v=yy9xu8qiTPI
En 1983,
sort Mando, disque totalement chanté en myéné, dans lequel participe une
trentaine de musiciens.
https://www.youtube.com/watch?v=orN2bCcLsMQ
Espoir
à Soweto, dans lequel il exprime sa volonté de
voir la fin de l’apartheid, paraît en 1989. 1991 est l’année de Silence.
https://www.youtube.com/watch?v=Ecwx0_yjoqA
Un an plus
tard, sort le projet le plus ambitieux de Pierre Akendengué, Lambarena,
une rencontre entre les cantates de Jean-Sébastien Bach et les chants de la
forêt équatoriale, interprétée par 250 choristes gabonais et un orchestre de
musiciens classiques français. Une preuve évidente que les rencontres peuvent
se produire entre des cultures diverses et que le résultat peut être hautement
positif.
https://www.youtube.com/watch?v=w7XAB2CixJI
Maladité, sorti en 1996, est toujours à l’écoute des souffrances du
continent.
Dans Obakadences
(2001), Akedengué chante toujours les ambigüités et les espoirs de l’Afrique.
Ekunda-Sah
! sort en 2005. On y remarque La pauvreté,
Embarras et La Colombe.
https://www.youtube.com/watch?v=DR7ZxbGsqCY
Un an plus
tard paraît Gorée du nom de l’île sénégalaise d’où partaient les
esclaves et dont le thème principal est la traite.
https://www.youtube.com/watch?v=UJU3W3ZTtyc
Les deux
albums suivants, Vérité d’Afrique (2008) et Destinée (2013) ont
des accents cap-verdiens, le pianiste de Cesaria Evora, Nando Andrade, s’étant
chargé de la réalisation.
Francis Bebey, né en 1929 à Douala, mort à Paris en 2001, est un musicien et romancier camerounais.
Il sort
son premier disque, Idiba, en 1972. Auparavant, Bebey avait été
journaliste radio, directeur du Programme de Musique de l’UNESCO et publié des
romans dont Le fils d’Agatha Moundio, Grand prix littéraire de l’Afrique noire
1968.
https://www.youtube.com/watch?v=rPs03lH0e98
« Ouvert et modeste, cet homme élevé au temps de la colonisation
fut un modèle pour ses condisciples. Il n'a jamais cédé aux sirènes de la
politique bien que faisant partie de l'élite camerounaise à l'époque des
indépendances. Son titre d'"ambassadeur africain de la guitare" ne
l'empêcha nullement de conserver sa liberté de penser. Avec lucidité, il aimait
observer les dérives d'un monde pour moquer ses travers. Et il ne s'est jamais
privé de décrire les mécanismes corrupteurs qui conduisent encore le destin de
l'Afrique francophone. Mais, de cette Afrique où tout son être est resté
profondément enraciné, l'artiste a surtout retenu les trésors d'humanisme et
l'infinie poésie qui lie les hommes à la nature.
Passeur de savoir, Francis Bebey a consacré l'œuvre
qu'est sa vie à établir des ponts entre les cultures africaines et
occidentales. Sa disparition à Paris, sa ville d'adoption, le 28 mai 2001, a
laissé une impression de vide. Publié à l'occasion du quatrième anniversaire de
sa mort, l'album Francis Bebey - Original masters Vol.l fait revivre l'univers
musical du poète au minimalisme assumé. À ses compositions pour guitare seule
gravées dans les années soixante répondent les pièces pour sanza, piano à pouce
africain fait de lamelles métalliques disposées sur un résonateur de bois, ou
pour n'dehou, flûte pygmée des années quatre-vingt/quatre-vingt-dix.
Quant aux paroles, tour à tour malicieuses et
illuminées de poésie simple, elles bondissent comme les pas d'un enfant
caracolant. (…)
Ainsi, en 1967, c'est l'écrivain qui triomphe sous ses
airs malicieux de conteur africain avec un premier roman, Le fils d'Agatha
Moudio. Ce coup d'essai est un coup de maître, couronné par le Grand Prix
littéraire de l'Afrique noire en 1968. Et les mots du roman appelleront à leur
tour la musique, en 1976, quand naîtra la chanson "Agatha".
C'est l'histoire édifiante d'un couple africain dont
le mari, en voyant la couleur claire de l'enfant que sa femme a mis au monde,
lui dit : "Agatha, ne me mens pas. . . Ce n'est pas mon fils. ..Taie sais
bien. . . Ce n'est pas mon fils... Même si c'est le tien." La finesse de
l'observation, l'humour malicieux, la générosité qui percent à travers les
paroles de cette chanson en ont fait un succès international, dont témoigne
Patrick Bebey :
"J'avais dix-neuf ans, en 1983, lorsque j'ai fait
mes premières scènes en professionnel avec mon père, à l'occasion d'une tournée
d'une dizaine de concerts en Tunisie. Le répertoire du spectacle était bien
défini : quelques chansons du répertoire 'rire africain', quelques chansons
dansantes et des choses un peu plus élaborées. En arrivant à Carthage pour le
premier spectacle, nous constatons que les affiches de la tournée annoncent en
grand : 'Le chanteur d'Agatha' et en tout petit : 'Francis Bebey en concert...'
Au cours de cette tournée, nous devions jouer Agatha' trois à quatre fois par
concert. Lorsqu'on entrait en scène, avant même d'avoir allumé nos
amplificateurs, on entendait déjà les cris dans le public : 'Agatha ! Agatha !'
Il nous fallait donc commencer par la chanson, la rechanter dans des versions
un peu plus courtes au milieu du spectacle et encore en rappel. Et dès que mon
père prononçait ces paroles : '...Qu'il soit noir, blanc, rouge, un enfant
c'est toujours un enfant. . .', tout le public se mettait à hurler de bonheur. »
Bensignor François.
Francis Bebey. In : Hommes et Migrations, n°1254
https://www.youtube.com/watch?v=zqOxYChgbCA
Francis Bebey compose
la musique du très beau film burkinabé d’Idrissa Ouedraogo, Yaaba primé
à Cannes en 1989.
https://www.youtube.com/watch?v=sZgDze_s7wU
‘’Il jouait constamment et couchait toutes ses idées
sur une bande magnétique, parfois même à la va-vite’’, se souvient son fils qui
se rappelle également l’avoir vu s’échiner sur des partitions. »
Léo Pajon. Jeune Afrique
https://www.youtube.com/watch?v=e94uYltiZ-Y
Né en 1933, à Douala au Cameroun, il est mort du coronavirus, â Paris
en 2020.
« Mort du saxophoniste Manu Dibango, qui a succombé au
Covid-19
Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.
Ses fans l’appelaient « Papa Manu », « Le Doyen » ou
simplement « Manu ». Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook
annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.
Les mots se voulaient rassurants (« Il se repose et récupère dans la sérénité
»). Manu Dibango, saxophoniste et vétéran des musiciens africains en France,
est mort, mardi 24 mars, a annoncé sa famille. Il était âgé de 86 ans.
« Chers parents, chers amis, chers fans,
Une voix s’élève au lointain…
C’est avec une profonde tristesse que nous vous
annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24
mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du Covid-19.
Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité
familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible. »
Il laisse derrière lui soixante années de carrière et
d’engagements, sans pause ni éclipse, enchaînant plusieurs vies, les oreilles
toujours en alerte, à l’écoute du son des époques qu’il traversait.
Saxophoniste au son charnu et rond, identifiable dès les premières mesures, Manu Dibango savait aussi être pianiste, vibraphoniste, joueur de marimba, pouvait jouer de la mandoline et, récemment, du balafon. Il était également chanteur, arrangeur et chef d’orchestre. Le compositeur de Soul Makossa (1972), le titre avec lequel il avait acquis une notoriété mondiale, résumait tout cela en une formule, lancée dans un de ces puissants éclats de rire qu’il semait à la volée : « Je me contente de faire de la musique. »
En 1949, il a 15 ans lorsque son père l’envoie en France, pour faire des études. Après vingt et un jours de traversée, il débarque à Marseille, avant de rejoindre sa famille d’accueil à Saint-Calais (Sarthe). Au milieu de ses bagages, il y a trois kilos de café qui paieront à ses hôtes son premier mois de pension. Manu Dibango aimait raconter cette anecdote qui lui inspirera le titre de sa première autobiographie, écrite en collaboration avec Danielle Rouard, Trois kilos de café (Lieu commun, 1989) – une seconde paraîtra en 2013, chez L’Archipel, Balade en saxo, dans les coulisses de ma vie.
Après le collège à Saint-Calais, il fréquente le lycée de Chartres, où il apprend le piano avec un des enseignants. C’est pour lui l’âge des premières cigarettes et surtout la découverte du jazz, grâce à un compatriote de quatre ans son aîné, rencontré en colonie de vacances, à Saint-Germain-en-Laye, Francis Bebey (1929-2001), lui aussi futur musicien camerounais notoire. Celui-ci lui fait aimer Duke Ellington. Ils créent ensemble un trio dans lequel Dibango tient mandoline et piano.
Installation à Léopoldville
Au début des années 1950, Dibango découvre le
saxophone alto, son futur identifiant. L’année de son bac, préparé (plus ou
moins) à Reims, il file à Paris pendant les vacances, y passe ses nuits à
fréquenter caves et cabarets où frétille le jazz. Il ne pense pas encore faire
de la musique un métier mais son échec au bac va ouvrir le chemin.
Quand son père lui coupe les vivres, en 1956, il part
à Bruxelles. Embauché au Tabou, un cabaret à la mode, il y séduit un mannequin,
Marie-Josée dite « Coco », qui deviendra sa femme. Puis il tourne à travers la
Belgique avant de prendre la direction de l’orchestre d’une boîte bruxelloise,
Les Anges noirs.
Un jour y passe Joseph Kabasele, dit « Grand Kallé » (1930-1983), l’un des ténors de la rumba congolaise. Il est le créateur d’Indépendance cha cha, l’hymne des indépendances africaines et le premier tube panafricain, composé à Bruxelles, en 1960, au moment de la table ronde réunissant les dirigeants politiques congolais et les autorités belges. « Grand Kallé » embauche Manu Dibango comme saxophoniste dans son orchestre African Jazz, lui fait enregistrer avec lui et son groupe une quarantaine de titres dans un studio à Bruxelles, puis l’emmène en Afrique.
Dibango s’installe avec sa femme à Léopoldville
(future Kinshasa) où il ouvre son propre club, le Tam-Tam. En 1962, il
débute une carrière discographique sous son nom en gravant des 45-tours à
Léopoldville ou Bruxelles, dont le fameux Twist à Léo (Léo pour
Léopoldville), un de ses premiers succès.
Après une courte période de retour au Cameroun où il ouvre un second Tam-Tam, le musicien retourne s’installer en France, y collabore avec Dick Rivers, Nino Ferrer – dont il devient le chef d’orchestre –, Mike Brant… tout en continuant à enregistrer des 45-tours. Après un premier album, Saxy Party, constitué de reprises et de compositions, l’année 1972 marque le départ d’une nouvelle vie.
Triomphe à l’Olympia
Outre la parution d’African Voodoo (réédité en
vinyle en 2019, sur Hot Casa Records), réunissant des enregistrements à
l’origine destinés à servir de musiques d’illustration pour la publicité, la
télévision et le cinéma, pour lequel il composera plusieurs bandes originales
au fil de sa carrière, 1972 est surtout l’année de Soul Makossa. Un titre que
son auteur pensait anecdotique, relégué sur la face B d’un 45-tours, au verso
de l’hymne que Dibango avait composé pour soutenir l’équipe du Cameroun, pays
qui accueillait la 8e Coupe d’Afrique des nations de football.
https://www.youtube.com/watch?v=o0CeFX6E2yI
Inclus dans l’album O Boso, Soul Makossa se vendra à
des millions d’exemplaires à travers le monde. Le tube sera « emprunté », sans
autorisation, par Michael Jackson pour Wanna Be Startin’ Somethin’ sur l’album
Thriller (1982). Il sera encore cité par Rihanna dans Don’t Stop the Music
(2007) et par Jennifer Lopez dans le clip de Feelin’ So Good (2012).
Soul Makossa permet à Manu Dibango de triompher à l’Olympia en 1973, tout en lui ouvrant les pistes de danse africaines et les ondes aux Etats-Unis. Le DJ new-yorkais David Mancuso, organisateur des soirées disco du Loft, avait craqué pour ce groove d’une efficacité redoutable.
Manu Dibango est invité dans la foulée au prestigieux Apollo Theater, à Harlem, puis par le Fania All Stars, qui réunit le gotha d’une salsa en pleine ébullition à New York. « A l’époque, racontera-t-il, chacun revendiquait les racines africaines dans le Black et le Spanish Harlem. Les Fania All Stars m’ont demandé de tourner avec eux. J’étais le seul Africain de la bande, j’apparaissais donc un peu comme un symbole. »
Avec le Fania, Dibango se produit au Madison Square
Garden, au Yankee Stadium, tourne en Amérique latine. Après cette aventure, il
jette l’ancre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pendant quatre ans pour y diriger
l’Orchestre de la Radio-télévision ivoirienne. Viendront ensuite l’envie de
toucher au reggae, à la musique cubaine, aux sons urbains dans l’air du temps
(hip-hop, électro), sans jamais oublier le jazz, fil rouge au long de ces
déambulations musicales.
https://www.youtube.com/watch?v=RAsk-FW1vsQ
Nommé artiste de l’Unesco pour la paix en 2004,
Manu Dibango a souvent mis sa notoriété au service de combats : lutte contre la
faim dans le monde (Tam-Tam pour l’Ethiopie), libération de Nelson Mandela et
liberté d’expression, réchauffement climatique. Son métier de musicien le
mettait toujours autant en joie et il était occupé à préparer un projet autour
du balafon. « Je suis passionné et curieux », résumait-il, pour indiquer que
raccrocher n’était pas à l’ordre du jour pour lui. »
Patrick Labesse, Le
Monde, le 24 mars 2020.
https://www.youtube.com/watch?v=cAR0NUIXRe0
En Guinée, l’emprise du politique sur le culturel
se poursuit. Par conviction ou par opportunisme, certaines formations musicales
deviennent les outils de la propagande du régime de Sékou Touré.
Le Bembeya Jazz National, figure de proue du gouvernement, essuie un coup dur en 1973, avec le décès de son chanteur, Demba Camara, kors d’un accident de voiture.
https://www.youtube.com/watch?v=lMAa7C5uFAA
La politique d’authenticité prônée par Ahmed Sékou Touré (1922-1984)
dès son accession au pouvoir en 1958 et visant à fondre les différentes
musiques des peuples qui composent la Guinée dans un style populaire national
se traduira par la création de plusieurs orchestres nationaux, dont
https://www.youtube.com/watch?v=eZ7813uomG0
L’Orchestre du Jardin de Guinée devient dans ces années Balla et ses
Balladins, du nom de son créateur, Balla Onivogui.
https://www.youtube.com/watch?v=VdcW6r_1wzc&list=OLAK5uy_kCnQe_zRntWSbdmq7nAZybCOURDSBuQlU&index=22
Le coup d’envoi du renouveau de la chanson québécoise dans les
années 70 est donnée par le spectacle L’Osstidcho (1968) de Robert
Charlebois. Précisons que ce nom est un néologisme pour « l’hostie de
show » et que « hostie », « tabernacle » qui se
prononce « tabarnak », « criss » pour Christ sont des
jurons habituels au Québec.
Le show de Charlebois met en scène un langage fait d’élisions, de
relâchements syntaxiques et grammaticaux, de consonnes escamotées, de jurons et
d’anglicismes. Il s’empare de la vraie langue populaire de la Belle Province.
Charlebois, donc, mais aussi Diane Dufresne, Louise Forestier, Beau Dommage, qui avaient commencé à chanter au mitan des années 60, continuent à le faire avec beaucoup de succès, mais d’autres artistes et d’autres groupes se font connaître.
https://www.youtube.com/watch?v=gOBJemp1-rI
Le quatuor est créé en 1972 par Pierre Flynn, chanteur soliste et claviers
; Jean Dorais, guitares ; Mario Légaré, basse et Pierre Hébert, batterie.
Entre 1974 et 1980, Octobre est de tous les grands événements musicaux
au Québec et se produit aussi en Ontario et dans les Maritimes, lançant
plusieurs autres albums: "Les nouvelles terres", "Survivance",
"L'autoroute des rêves", "Chants dans la nuit"
et "Clandestins.
https://www.youtube.com/watch?v=Z-VwIqcxffg
Ce titre
va faire partie de l’album Séguin où l’on trouve aussi deux chansons sur
la condition autochtone, Génocide et Som Séguin.
https://www.youtube.com/watch?v=qfZPVKUAJNY
En 1975,
sort le disque Récolte de rêves, qui sera l’un des albums phares de
l’époque. On y trouve un titre de Gilles
Vigneault, Chanson démodée ; un autre de Raoul Duguay, Les
saisons ; ainsi que les chansons composées pour l’album, Hé Noé,
À la pleine lune, Le roi d'à l'envers …
Le nouvel
opus des Séguin, Festin d’amour, paraît en 1976 et marche moins bien que
l’antérieur. Chacun des jumeaux entreprends alors des projets en solo.
https://www.youtube.com/watch?v=wqGv2a5-oCE
Ferland,
tout juste rentré de France, assiste à l’Osstidcho et la performance de
Charlebois le bouleverse, lui qui, jusque-là, ne jurait que par Jacques Brel et
Félix Leclerc. Pour composer son nouvel album, il décide de faire appel à
Michel Robidoux, le guitariste de Charlebois. Le titre phare de l’album : Le
petit roi.
https://www.youtube.com/watch?v=HCKatKQZGnU
Il s’agit
aussi de la première production québécoise à utiliser des synthétiseurs Moog.
L’album
est présenté à la Place des Arts par un spectacle audacieux incluent sur scène
un bulldozer, évidemment jaune.
L’année
suivante sera celle du double album Soleil
https://www.youtube.com/watch?v=FUIEWdh72yo
Jean-Pierre
Ferland a réussi sa mutation et fait partie des piliers de la nouvelle chanson
québécoise qui met sur le même plan la modernité et la poésie.
Cependant, à partir de 1978, l’animateur télé va l’emporter sur le chanteur. Il ne produit dès lors que trois albums : Jean-Pierre Ferland (1980), Y’a pas deux chansons pareilles (1981) et Androgyne (1984).
Après des
années de voyages, le chanteur sort, en 1972, l’album Dubois dont les
titres phares sont Évolution, Pas de roses et, surtout, Le
Labrador.
https://www.youtube.com/watch?v=Fep4y3hUYgA
Un an plus
tard, c’est le tour de Touchez Dubois, où l’on trouve Besoin pour
vivre, La vie à la semaine, Femmes de rêve et Bébé jajou
latoune.
https://www.youtube.com/watch?v=10q-_g_e6qY
Après le
premier album de reggae enregistré par un artiste québécois, Mellow Reggae,
Claude Dubois sort, en 1978, Fables d’espace et se voit attribuer le
rôle de Zéro Janvier dans la version originale de Starmania de Luc Plamondon et
Michel Berger. Le Blues du businessman sera le plus grand succès de sa
carrière.
https://www.youtube.com/watch?v=ATRl9ePLq7k
Sortie
Dubois sort en 1982 suivi de Face à la
musique (1985), Chapitre (1987) et À suivre (1991).
Gelsomina :
Signé Dubois, un hommage à Federico Fellini,
paraît en 1996.. dont le pendant Zampano, sort dix ans plus tard.
https://www.youtube.com/watch?v=IhrMyXdkG10
En 1972,
Serge Fiori et Michel Normandeau forment le groupe Harmonium qui, au
début, chante en anglais. Le contexte politique du Québec dans les années 70,
les fera revenir au français.
Un an plus
tard, le bassiste Louis Valois se joint à eux et ils sortent l’album éponyme
qui remporte immédiatement un grand succès. Il s’agit d’un disque folk
progressif dont les titres Un musicien parmi tant d'autres, Harmonium
et surtout Pour un instant sont les plus populaires.
https://www.youtube.com/watch?v=RkC9HgrRq3Q
Le morceau
le plus connu de l’album est sans doute Dixie, sous-titré « Une toune
qui me revient », vient ensuite Depuis l’automne qui débute au son
des ondes Martenot, entrecoupé de guitare et de flûte.
Depuis
l’automne évoque les aspirations souverainistes du Québéc des années 70 :
« Depuis
que j'sais qu'ma terre est à moé
L'autre,
y est en calvaire
Eh
! calvaire, on va s’enterrer !
Si
c't'un rêve réveille-moi donc
Ça
va être not' tour ça s'ra pas long
Reste
par icitte parce ça s'en vient... »
https://www.youtube.com/watch?v=0eZlrxvaBhE
En 1976,
Harmonium sort un troisième album, L’Heptade dont on ne peut tirer aucun
45 tours, chaque chanson durant au moins 10 minutes.
« On
s’est rendu compte que, dans toutes les religions principales, autant dans la
bible que dans le bouddhisme ou l’hindouisme, le chiffre 7 avait toujours une
importance primordiale », explique l’auteur-compositeur-interprète Serge
Fiori.
« J’ai
imaginé un voyage initiatique à travers la colonne vertébrale de quelqu’un. Un
voyage qui passe de l’inconscience à la conscience en sept étapes. Pour arriver
à écrire là-dessus, fallait toutefois que je vive l’expérience au ‘’je’’ en
intégrant les concepts des sept niveaux de conscience. Pour vrai, ce Noël-là,
je l’ai pas vu passer pantoute. J’étais complètement parti dans ma tête »,
poursuit-il.
Devant
l’ampleur du projet, Fiori fait appel au chef d’orchestre Neil Chotem,
un musicien confirmé qui accepte de travailler de pair avec ces très jeunes
musiciens.
L’Heptade
est une œuvre complexe qui a marqué l’histoire de la musique québécoise.
https://www.youtube.com/watch?v=Jvl4joxFQEQ
En 1980, parait le dernier album du groupe : Harmonium en tournée, un enregistrement d’un spectacle qu’il avait donné à Vancouver trois ans plus tôt.
Entre 1970
et 1975, il joue aux côtés de nombreuses vedettes, Robert Charlebois, Michel
Pagliaro, Claude Dubois …
En 1976,
sort son premier album, Boule Noire, en référence à sa coupe de cheveux
afro.
La chanson
Aimes-tu la vie comme moi ? propulse sa carrière.
https://www.youtube.com/watch?v=s8Ljr8i_v1s
Il forme,
au tout début des années 70, le groupe La Sainte Trinité avec Pierre Landry et
Pierrot Léger avec qui il enregistre l’album Triniterre.
En 1972,
Plume reprend la route tout seul. Il enregistre Plume Pou Digne en 1974.
On y trouve du blues rock, Rideau ; une fable réaliste, Léopold
Gibouleau, ainsi que des rythmes latins, Calvaire, Bossa Motta
et des ballades, Encore des mots.
L’album
suivant, Le vieux show son sale est aussi éclectique et va du blues au
tango. On y trouve du swing, Lit vert ; du rock années 50, Rock’n
roll du grand flanc mou et Rat qui roule. Le grand succès de l’album
est le titre Bobépine.
https://www.youtube.com/watch?v=lRPsgjf2qNw
En moins
de deux ans, Plume Latraverse se taille une place de choix dans le paysage
sonore du Québec, celle de la contestation joyeuse, trop consciente de
l'absurdité de l'existence pour se prendre au sérieux, mais trop éveillée pour
garder le silence.
Avec les
albums Chirurgie plastique (1979) et Livraison par en arrière (1981),
l’observateur de son époque se fait encore plus critique avec des chansons
comme Cul d'sac rock, Le moins beau merle et Don Quichiotte.
Il frôle aussi la nostalgie dans Salut Trenet ! et Ô petit
restaurant du coin.
https://www.youtube.com/watch?v=OlF5TzrnRO0
Puis,
Plume Latraverse va alterner la publication d’œuvres littéraires, Vôgrador,
Pas d'admission sans histoire, Striboule et la parution d’albums,
Métamorphoses (1982), Chansons pour toutes sortes de mondes
(1990), Mixed Grill (1998), Chants d’épuration (2002), Hors
saisons (2007) où l’on trouve les titres Trop, L’âge où l’on,
Le migratoire, Le blues d’la plinthe ou À tire larigot.
https://www.youtube.com/watch?v=hmPjVIEyamc
Michel Pagliaro aborde une carrière solo en 1968, avec une reprise du grand succès de Claude François, Comme d’habitude. Il chante aussi bien en français qu’en anglais.
Son
premier succès, À t’aimer, date de 1969, suivi par Pour toi, pour toi ;
Mama river et J’ai marché pour une nation.
Pagliaro
aborde une carrière anglophone au début des années 70 avec Give us one more
chance et Lovin’ you ain’t easy.
En 1972, J’entends
frapper devient immédiatement un tube.
https://www.youtube.com/watch?v=GH6-YHY4m3o
En 1975,
sortent Pagliaro et Pagliaro I, respectivement en français et en
anglais. Certains titres se retrouvent sur les deux disques, comme Louise,
Faire le trottoir (Walking the dog) …
En 1976,
Pagliaro reprend la même formule bilingue pour les albums Aujourd’hui et
Time race. La chanson de ce nom devient en français Le temps presse.
En 1979,
sort Rock’n Roll, avec C’est comme ça que ça roule dans l’nord, Toujours
la musique et Le p’tit train, d’inspiration reggae.
https://www.youtube.com/watch?v=jpXa-bFHdx0
Dans le
disque Bamboo (1981), l’artiste s’approche de la new wave avec des titres
comme Romantique et Travailler.
Durant ce
qui reste des années 80, Pagliaro devient producteur, entre autres, pour
Higelin, dans ses deux albums Aï et Higelin à Bercy.
En 1987,
il sort deux titres, Dangereux et Les Bombes.
L’année
suivante paraît l’album Sous peine d’amour, dont les titres L’espion
et Héros remportent un grand succès.
https://www.youtube.com/watch?v=a4YJQwl60pA
En 1755,
des Canadiens français, natifs de l’Acadie, qui refusaient de prêter serment
d’allégeance à la couronne britannique furent déportés en Louisiane. Ils y
devinrent les Cajuns, un e déformation de Cadiens.
Cette
histoire douloureuse a forgé au fil des siècles une identité propre aux Cajuns
qui les singularisa longtemps à tel point que le gouvernement des Etats-Unis
interdira au milieu du XXème siècle l'usage de la langue française.
C’est dans
ce contexte que Zachary Richard, né en 1950 à Lafayette, va puiser son
inspiration.
Son
premier album, Le Bayou des mystères, sort en 1976. Son second opus, Mardi
Gras, paraît un an plus tard avec la reprise d’un chanson traditionnelle
cajun, Travailler c’est trop dur, qui sera reprise plus tard par Julien
Clerc.
https://www.youtube.com/watch?v=XCWIXIEizKM
Migration sort en 1978 et devient disque d’or au Québec, puis paraissent Allons
danser en 1979, Live à Montréal en 1980 et Vent d’été en
1981.
Après
quelques albums en anglais, Zachary Richard revient au français en 1996 avec
l’album Cap enragé suivi, en 1999, par Cœur fidèle.
En 2007,
sort Lumière dans le noir où l’on trouve Ô Jésus, sur le gpénocide au
Rwanda ; Le Souvenir, un souvenir de Beyrouth bombardé et La
promesse cassée en duo avec Francis Cabrel.
https://www.youtube.com/watch?v=IDje3sZI4GI
“Les
années 60, ce sont, pour l’Occident chrétien, les années de la jeunesse, de
cette jeunesse qui se donnait pour mission de tout chambarder, qui remettait
tout en question : l’amour, la mort, l’argent, la maternité, la beauté, etc. Et
c’est la musique qui était le principal moyen d’expression, on se souvient de
Woodstock… Cela ne se passait pas différemment à Port-au-Prince, mais dans les
années 70. De jeunes musiciens ont sauté sur la scène, avec un style original,
une énergie nouvelle", écrit l’écrivain haïtien Dany Laferrière
dans Le goût des jeunes filles.
Ils jouent
aussi bien du compas direct que de la biguine sur lesquels souffle l’esprit
funk des années 70, et sillonnent la Caraïbe aussi bien que les Etats-Unis et
l’Europe
https://www.youtube.com/watch?v=OWOx8SGqnAs
Formé tout d’abord au chant lyrique, ayant même fait des études dans ce domaine en Allemagne ainsi qu’au Conservatoire de Chicago, Ansy Dérose (1934-1998) décide poursuivre sa carrière dans son pays natal.
« En
1972, avec l'assistance et le soutien du producteur haïtien Marc Duverger, Ansy
sort son premier album intitulé « Ansy, sa musique et sa poésie », qui a gagné
l'admiration des mélomanes. Toutes catégories confondues.
https://www.youtube.com/watch?v=Gvht9YolGj0
https://www.youtube.com/watch?v=Kxq-mMRvOm0
À
la fin de l'année 1995, Ansy apprend de ses médecins soignants qu'il est
atteint d'un cancer du côlon. Un an plus tard, soit le 20 décembre 1996, devant
près de 5.000 spectateurs, à la Henfrasa, Ansy et Yole, accompagnés de
plusieurs musiciens, font leurs adieux à la scène. Pour consigner dans le temps
cette irrévocable décision, le couple chanteur brûle devant un public
stupéfait, leurs premiers costumes de scène. Et avant la fin du mois de
décembre de l'année 1996, Yole et Ansy ont publié une compilation de 32 de
leurs chansons à succès, intitulée, « les titres d'or ». C'est chez lui, à
Delmas 19, que Ansy, fatigué par la maladie, a signé les 14 et 15 décembre
1997, son dernier album, « Haïti Mélodie d'amour ». D'aucun dira que c'est « un
album somptueux, où il laissa exploser dans toute sa plénitude et sa splendeur
son lyrisme ravageur et sa spiritualité ». Le hasard n'est pour rien dans la
grande carrière réussie d'Ansy Dérose. Que ce soit sur le plan professionnel ou
artistique, l'intelligence, la détermination d'Ansy, son désir de se
perfectionner ont joué un rôle déterminant dans ses nombreux succès, dont Haïti
a été surtout bénéficiaire sur la scène internationale. (…) Ansy Dérose est un
soleil qui a brillé sur Haïti et sur le monde, une lumière qui a brillé pour
Haïti et pour le monde. Malheureusement, cette lumière s'est éteinte un samedi
matin 17 janvier 1998 »
Gaspard Dorélien, Le Nouvelliste, le 16 janvier
https://www.youtube.com/watch?v=pj8J7kjDD1k
Dans la Caraïbe
française, lors des conflit sociaux, notamment durant les grèves, les
musiques tambourinaires et ancestrales, gwoka en Guadeloupe, bèlè en Martinique
et kasékò en Guyane, cette « misik de vié nèg », non pas âgés mais
sales et négligeables, se font entendre.
Et puis,
avec le temps, ces rythmes ont fini par s’imposer comme une évidence dans le
paysage musical des Antilles.
Au début des années 70, bien avant que le zouk fasse son apparition, plusieurs groupes, La Perfecta, Les Aiglons, Super Combo, Malavoi, faisaient danser toutes les générations.
La
formation, qui évolue progressivement de 1970 à 1977 au gré des départs et
arrivées de jeunes musiciens non professionnels, jusqu'à obtenir une couleur
quasi linéaire durant cinq années de 1978 à 1982, a forgé un style
reconnaissable et identifiable, appuyé par une orchestration particulière, car
c’est le seul groupe
antillais de l'époque (années 1970) à pratiquer un chœur harmonique et régulier
de trois voix masculines.
https://www.youtube.com/watch?v=_IA4U9JCvxg&list=PLysUyb2RNolnLS5sv4VlWFj400-MbE2B1&index=3
Après des
années de silence, et quelques soubresauts en 1984, 1990 et 1998, l'orchestre
est reparti en 2002 avec sa vieille garde du socle 1970-1978 assorti d'un
apport de jeunes musiciens.
Leur
chanson La Divinité (1979) fait office de générique du long métrage de
Lucien Jean-Baptiste, La Première Étoile sorti sur les grands écrans en
2009.
https://www.youtube.com/watch?v=lc8N91AquAM
Dans les
années 70, les groupes guadeloupéens en vogue s’appelaient Les Léopards,
Les Jaguars, Les rapaces faisant référence à des animaux forts et
invincibles. C’est pour cela que Les Vicomtes adoptent le nom des Aiglons. Ce
groupe, comme presque tous les groupes de kadans, a été fortement
influencé par la musique haïtienne qui a submergé les Antilles à partir des
années 1950. Dans les années 70, les Aiglons ont sorti pas moins de 6 albums
produits par Debs Music. Les Aiglons c’était « douze garçons dans le vent » au
look tendance pour l’époque : coiffures afro, patte d’ef, chaussures canard,
etc.
https://www.youtube.com/watch?v=fDb_Q7rnqvw
Le groupe
insuffle une nouvelle énergie à des vieux airs antillais des années 30 et 40.
Toutes les
influences, l’Afrique, le Brésil, le jazz, les Caraïbes, sont les bienvenues.
Au son des violons, la griffe du groupe, les Martiniquais redécouvrent leur
tradition musicale.
Leur
premier album éponyme sort en 1978, on y découvre la voix du chanteur Ralph
Thamar.
Dès les
années 80, Malavoi tourne dans le monde, l’Hexagone tout d’abord, puis le reste
de l’Europe et l’Amérique.
La
réalisatrice haïtienne Euzhan Palcy leur commande, en 1983, la musique de son film Rue Case Nègres.
https://www.youtube.com/watch?v=BLjumaH90m4
Super
Combo est un groupe créé dans les années 70
à Pointe Noire, en Guadeloupe. Il fait danser les Antilles ainsi que la France
métropolitaine jusqu’aux années 90.
https://www.youtube.com/watch?v=eIiqqHiw8Fo
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