UNE PETITE HISTOIRE DE LA CHANSON EN FRANÇAIS (16)

 

LES ANNÉES 70

Elle écoute pousser les fleurs, / au milieu du bruit des moteurs. Francis Cabrel


  Les années Pompidou défilent tranquillement. On ne parle pas de crise mais, quoique personne n’en a trop conscience, ce sont les dernières années de l’expansion et de l’euphorie économique.

  Johnny, Sheila, Sylvie Vartan (qui présente un show télévisé en Italie), Claude François poursuivent leur carrière.

Mais le chef de file de la nouvelle génération est sans doute Julien Clerc (1947) que La cavalerie (Roda-Gil) avait fait connaître en 1968. En 1969, il interprète la comédie musicale “Hair”. Son Olympia 1970 montre qu’il n’est pas seulement un fabricant de “tubes”.

https://www.youtube.com/watch?v=--cEDilDpvs

  Jusqu’en 1976, la plupart de ses chansons sont le fruit de sa collaboration avec Étienne Roda-Gil (Le caravanier, Niagara, Ce n’est rien).

    Son équipe de paroliers s’élargira ensuite : Jean-Loup Dabadie (À la fin je pleure) et surtout Maxime Le Forestier (J’aime ton corps, À mon âge et à l’heure qu’il est)

 Les trois atouts de Julien Clerc sont sa voix, très juste, vibrante mais parfaitement maîtrisée ; ses musiques et ses textes, habituellement d’une grande qualité.

En 1990, l’album Fais-moi une place, du nom de la chanson que lui a écrite Françoise Hardy, remporte un grand succès.

https://www.youtube.com/watch?v=vZ0v3oeg2Tg

Utile, sorti en 1992, marque ses retrouvailles avec Roda-Gil.

https://www.youtube.com/watch?v=HmnVfZslf9A

Le texte d’Utile est inspiré par une expérience vécue par Juliette Gréco dans le Chili de Pinochet. Devant chanter devant les dignitaires du régime, elle est accueillie par des applaudissement. Après avoir interprété soin répertoire habituel, elle sort de scène dans un silence de mort.

« À quoi sert une chanson si elle est désarmée ?

Me disaient des chiliens, bras ouverts, poings serrés

Comme une langue ancienne

Qu'on voudrait massacrer

Je veux être utile

À vivre et à rêver »

Suivent Si j’étais elle (2000), Double enfance (2005), Où s’en vont les avions ? (2008), Fou peut-être (2011), Partout la musique vient (2014) et À nos amours (2017).

https://www.youtube.com/watch?v=Tdpfo9-ku34


En 1970, Léo Ferré se présente à la Mutualité avec des places à tarif unique à 10 francs. Il obtient un succès sans précédent. L’un des tubes de l’année est L’aigle noir de Barbara. 

Jane Birkin, la compagne de Serge Gainsbourg, continue la carrière qu’elle avait commencée en 1968 avec le succès scandaleux de Je t’aime, moi non plus.

  En 1973, elle sort son premier album entièrement écrit pour elle par Gainsbourg dont l’extrait Di Doo Dah devient l’un de ses tubes. Étant tout d’abord actrice elle tourne Don Juan 73 de Vadim, La moutarde me monte au nez de Zidi (1974), Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio (1975) et le film scandale de cette même année, Je t’aime, moi non plus de Gainsbourg.

  En 1980, elle quitte Gainsbourg, mais celui-ci continuera jusqu’à sa mort en 1991 à lui écrire des chansons et des albums, comme Baby alone in Babylone (1983), possiblement son disque le plus réussi. Baby Lou, Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ou Les dessous chics restent dans toutes les mémoires.

https://www.youtube.com/watch?v=Ll6ribfGJVA

  En 1987, Birkin sort un nouvel album signé Gainsbourg, Lost Song. Ce sera aussi, au Bataclan, la première fois qu’elle chantera en public. Amours des feintes (1990) est le dernier album que lui offrira Gainsbourg mais l’événement de 1995 est le nouvel album de Jane Birkin, Versions Jane où chaque chanson de celui-ci est réorchestrée par un artiste différent : les Négresses Vertes, Jean-Claude Vannier, son arrangeur de toujours, le percussionniste sénégalais Dudu N’Diaye Rose...

  En 1996, elle remonte sur la scène de l’Olympia et sort un album live. Deux ans plus tard, c’est le tour de À la légère qui ne contient aucune chanson de Gainsbourg, elles sont signées Daho, Hardy, Souchon, Zazie et même M.C. Solar (Love slow motion).

  Une expérience de l’an 2000, quand Birkin chante les chansons de Gainsbourg avec des musiciens kabyles, devient en 2002 un spectacle à l’Odéon avec le violoniste algérien Djamel Benyelles, leader du groupe Djam & Fam. Fin 2002, paraît l’album Arabesque résultat de cette expérience.

https://www.youtube.com/watch?v=Ll6ribfGJVA

Deux ans plus tard, sort Rendez-vous, un album de duos avec, entre autres, Françoise Hardy, Alain Souchon, Caetano Veloso et Paolo Conte.

En 2008, sort Enfants d’hiver, le premier album de Jane Birkin entièrement écrit par elle-

Gainsbourg le symphonique paraît en 2017. Elle est accompagnée par l’orchestre symphonique de Varsovie.

Son dernier album, Oh ! Pardon, tu dormais, est, comme celui de 2008, composé de textes lui appartenant. Étienne Daho en a réalisé la musique.

https://www.youtube.com/watch?v=KAUslj3BQ9I

Jane Birkin meurt le 16 juillet 2023 à Paris.

  D’autre part, SLC, porte-parole du yé-yé change de cap et prédit l’émergence d’une nouvelle vague rock-pop. Le Golf Drouot lui-même se refait une jeunesse et d’autres lieux s’ouvrent au rock dont la Tour de Nesle où se produisent Les Variations, groupe qui cultive la provocation et dont la musique tient du rock et du blues. Ils tournent dans toute l’Europe avec leur leader le chanteur Joe Leeb, chantent en anglais et tentent l’aventure américaine ce qui marquera la fin de leur carrière.

https://www.youtube.com/watch?v=rgRoFa85eZM&list=PLozHJYYKSsaiPNGvNyqz_4bmt3_ZRh4j8

Martin Circus


  Paris s’énorgueillit d’être devenue une vraie scène du rock, mais la plupart des groupes chante en anglais et les Français n’apprécient guère. La naissance d’un rock typiquement hexagonal devra passer alors par la réappropriation de sa langue. Triangle et Martin Circus souscrivent à cette théorie.

https://www.youtube.com/watch?v=9uHCKyq4Y_g

 


 Bijou, formé en 1976 par Vincent Palmer, Joël Yan et Philippe Dauga, s’impose rapidement comme l’expression du son français du rock (Pas dormir, Danse avec moi, Le Kid).

  Leur jeu de scène est simple mais efficace, leur musique abreuve à la source de la culture rock, la banlieue. L’un de leurs meilleurs 45 tours est signé Serge Gainsbourg (Pretty Jane Rose). Bijou sera, jusqu’à l’apparition de Trust et surtout de Téléphone, le chef de file du rock français.

https://www.youtube.com/watch?v=TcEn1TSX2rc

  Dans ces années 70 apparaît à l’horizon de la chanson une vague de minets. Le costume deux pièces impeccable, le sourire blanc, les cheveux longs mais bien coiffés, Mike Brant est l’icône de ces jeunes chanteurs.

  Né en Nicosie en 1947, il fait ses débuts à l’Hôtel Hilton de Tel Aviv. Sylvie Vartan l’y découvre et lui propose de tenter sa chance à Paris. Laisse-moi t’aimer devient, en 1970, un tube énorme, mais sa vraie carrière commence en 1972 avec Qui saura. Cette carrière durera jusqu’en 1975, année de son suicide.

https://www.youtube.com/watch?v=coxTasA897I 

  Chaque maison de disques tentera de découvrir son propre Mike Brant. Vogue lance ainsi Frédéric François, un beau brun né en Sicile qui connaît le succès avec Je voudrais dormir près de toi. Il aligne tube sur tube : Laisse-moi vivre ma vie, Chicago...

  Patrick Juvet (1950) sème le désordre dans ce groupe de minets. Si bien il connaît le succès grâce à La musica, un tube conçu dans les règles de l’art : paroles insipides, arrangement pompier, voix asexuée, on découvre bientôt qu’il vaut bien mieux que cela. Il propose la version française du glam rock d’Alice Cooper et de David Bowie (Unisex, Il faut mourir d’amour, on n’a pas le droit de mourir d’autre chose)

  En 1976, il collabore avec Jean-Michel Jarre, qui commence à faire connaître la musique synthétique, dans l’album Mort ou vif dont seront extraits deux 45 tours, Faut pas rêver et L’enfant aux cheveux blancs. Suivra Paris by night avec les titres Où sont les femmes et Les bleus au cœur.

  En 1978, Patrick Juvet s’adapte aux rythmes disco et sort l’album Mégalomania.

  Dans les années 80 et malgré ses efforts, il s’éloignera de plus en plus du goût du public et donc du succès.

https://www.youtube.com/watch?v=bSj_G0xBmI8 

La vague disco

  Au beau milieu des années 70, le disco surgit monopolisant, à quelques exceptions près, toute la création musicale.

  Pour une fois les Américains seront forcés de prendre le train en marche, le disco étant un mouvement tout d’abord européen, parti de France avec Cerrone, d’Allemagne avec Giorgio Moroder pour Donna Summer et d’Angleterre avec Ken Scott, producteur plus tard de Supertramp.

  À partir de là, pour les firmes discographiques, l’avenir d’un artiste doit passer par une carrière internationale et pour cela, il doit chanter en anglais.

  En France, toute la génération yé-yé ou presque se lance à corps perdu dans la vague disco qui lui permet de rajeunir sa carrière sans trop changer de style.

   En 1976, la carrière de Sheila commence à stagner. Son pygmalion, Claude Carrère, voit dans le disco une aubaine inespérée. Sheila s’y reconvertit donc en changeant même de look : short, queue de cheval et trois danseurs noirs. Carrère lui fait enregistrer un album en anglais qui est classé nº1 dans les charts européens. Un deuxième album en anglais obtient un succès mondial, mais paradoxalement c’est en France qu’il marche le moins bien. Fin de l’aventure.

 C’est aussi en 1976 que Dalida va changer de look pour devenir une vamp sexy. Elle enregistre sous la férule de son frère Orlando une reprise disco du succès des années 30,  J’attendrai. Un album suit avec les versions disco de vieilles chansons comme Bésame mucho, La vie en rose...

  La période disco de Dalida est pour elle une époque faste qui la conduit directement en 1980 au Palais des Sports.

https://www.youtube.com/watch?v=8SeiLHvWRr8

   Claude François appose sur les pochettes de ses disques le macaron “Disco” et sort lui aussi son premier album en anglais So near and yet so far.

  Johnny Halliday quant à lui et contrairement à ses habitudes, ne tombera pas dans la vague disco. Il la critique même dans Le bon vieux temps du rock’n’roll.

https://www.youtube.com/watch?v=-el1a3_y3Qg

 La “nouvelle chanson française”

  La France des années 70 assiste à la naissance de ce que les médias appellent la “nouvelle chanson française”

  La voix, son timbre, son registre, sa couleur sont dorénavant essentiels pour reconnaître un artiste. Yves Simon doit beaucoup de son succès à sa voix qui ne recherche pas l’effet et qui donne l’impression d’une confidence.

  La voix nasillarde et chaude de Michel Jonasz exprime bien sa sensibilité à fleur de peau tandis que celle de Francis Cabrel joue de son accent méridional et de sa prononciation un peu précieuse.

  Renaud a une voix parfois monocorde identifiable à sa gouaille faubourienne.

  Avec la voix, l’univers de référence du chanteur participe de son esthétique, le jazz pour Jonasz, la nostalgie pour Alain Souchon, une atmosphère populaire de bal musette dans le cas de Renaud et le registre latino-américain dans celui de Bernard Lavilliers.

Fils de cheminot, Yves Simon (1945) passe son enfance à Contrexéville et vient à Paris pour passer une licence de lettres.

 Ses premiers disques, en 1967 et 1969 (Ne t’en fais pas petite fille et Planète endormie), ne connaissent aucun succès.

  Il voyage aux États-Unis, écrit et publie en 1971 son premier roman, Les jours de couleurs, suivi L’homme arc-en-ciel.

  En 1972, Yves Simon sort un 45 tours, Les Gauloises bleues qui remporte un certain succès. Son premier album, Le pays des merveilles de Juliet sort un an plus tard.

https://www.youtube.com/watch?v=l2Fnrs1X8ec

  Le disque suivant, Respirer, chanter est très influencé par les États-Unis (J’ai rêvé New York). Il devient un artiste confirmé, chacun de ses albums, Raconte-toi (1975), Macadam (1976), Un autre désir (1977) sont de grands succès.

https://www.youtube.com/watch?v=nxOyfQoBFmk

  Il continue toutefois à écrire des romans : L’amour dans l’âme, Océan et Le voyageur magnifique, prix des libraires 1988.

  Cette même année, Simon sort l’album Liaisons qui connaît un grand succès grâce aux titres Nés en France et Deux ou trois choses que je sais d’elle.

https://www.youtube.com/watch?v=j98-WQFBnIg

  En 1991, le Prix Médicis lui est décerné pour le roman La dérive des sentiments.

  En 1999, après onze ans de silence paraît son onzième album Intempestives.

  Yves Simon écrit des chansons en demi-teintes qui évoquent le quartier latin (Rue de la Huchette), les amours malheureuses (Clo Story), mais aussi les droits des femmes (Les souffrantes), le voyage (Amazoniaque) et la peinture (Basquiat). C’est une poésie douce-amère en concordance avec l’air du temps.

Son dernier album, Rumeurs, date de 2007.

 

 Michel Jonasz (1947) est d’ascendance hongroise, ses grands-parents étaient chanteurs d’opérette. Après avoir formé partie du groupe King Set, il aborde en 1973 une carrière en solo. Il s’impose peu à peu, d’abord avec des chansons écrites par Jean-Claude Vanier, Super nana (1974), Les vacances au bord de mer (1975).

https://www.youtube.com/watch?v=zbSLOr6uE3E

  Une chanson Du blues, du blues, du blues et un récital au Théâtre de la Ville, en 1977, le sacrent vedette.

https://www.youtube.com/watch?v=24Lxuvw_4ic

 

Dès lors, les albums, La nouvelle vie (1981), Tristesse (1983), Unis vers l’uni (1985), La fabuleuse histoire de Mister Swing (1988), Où est la source (1992), Soul Music Airlines (1996), et les succès se suivent.

Les années 2000 voient stagner la carrière de Michel Jonasz qui se reconvertit en acteur mais continue à sortir des albums dont les derniers Les Hommes Sont Toujours de Grands Enfants (2011) et La Méouge, le Rhône, la Durance (2019) remportent une certaine répercussion.

 Alain Souchon (1944) est né à Casablanca où son père est professeur d’anglais. Quand il a 15 ans, celui-ci meurt dans un accident, l’adolescent devient alors solitaire et rêveur.

  À la fin des années 60, il chante dans les cabarets de la rive gauche mais c’est en 1973 que finit la galère avec L’amour 1830, son premier succès. C’est aussi en 1973 qu’il rencontre Laurent Voulzy et avec qui il composera la plupart de ses chansons. Dès 1974, leur première collaboration, J’ai dix ans, fait un tabac. Deux ans plus tard, l’album Bidon est un énorme succès critique et public. Ce succès continue avec Jamais content de 1977, album où se trouve son plus grand tube, Allô, Maman bobo.

https://www.youtube.com/watch?v=KG-q7vzxKY8

  En 1980, année de Rame, album où collabore Michel Jonasz, il est invité en vedette à l’Olympia. En 1980 également, Souchon fait ses premières armes de comédien dans le film Je vous aime de Claude Berri.

  Il alternera dès lors films et albums avec le même succès.

  En 1989, le duo Souchon-Voulzy produit Ultra moderne solitude. Parmi les nouveaux titres, La beauté d’Ava Gardner et Quand j’serai KO.

  En 1993, l’album C’est déjà ça, plus politisé, évoque des thèmes de société de façon plus aiguë que d’habitude. Foule sentimentale devient un titre essentiel du répertoire du chanteur.

https://www.youtube.com/watch?v=V_SNDGwwGFM

  Son expérience humanitaire, entamée en 1993 avec Sol en Si (Solidarité Enfants Sida), se renouvelle en 1995 sur un album dans lequel Alain Souchon et Laurent Voulzy chantent aux côtés de leurs fils respectifs, Pierre et Julien.

  En 1999, l’album Au ras des pâquerettes est un peu plus pessimiste que les précédents. En 2002, accompagné de trois musiciens, Souchon part en tournée acoustique dans les petites salles de province.

En 2006, sort La vie Théodore dont la chanson homonyme est un hommage à Théodore Monnod, D’autres titres Bonjour tristesse, Putain, ça penche

https://www.youtube.com/watch?v=FHUTnaOLd7s

Deux ans plus tard, sort Écoutez d’où ma peine vient. S’inspirant toujours des maux de notre époque, Souchon se moque des grands patrons profiteurs dans Parachute doré tout comme il se penche sur le sort des clandestins africains dans Elle danse et sur celui des femmes en prison dans 8m2.

https://www.youtube.com/watch?v=_BO__ZDZTX0

En 2014, paraît Alain Souchon & Laurent Voulzy, douze titres composés par les deux amis.

2019 sera l’année d’Âme fifties. Alain Souchon observe, raconte …les vacanciers de la plage du Crotoy, la guerre d’Algérie, les sentiments défunts, le tout projeté dans les années 50 comme l’indique le titre de l’album.

https://www.youtube.com/watch?v=jP0VBPvoT38

  Né à Paris en 1948 de parents guadeloupéens, Laurent Voulzy découvre très tôt la musique. En 1967, il compose déjà ses premières chansons. Trois ans plus tard, il décroche un contrat, son premier 45 tours, L’amour est un oiseau paraît en 1972. Perfectionniste, il retravaille longtemps ses titres avant de les enregistrer. C’est ainsi qu’il mettra plusieurs années avant de produire un premier 33 tours.

  Mais le grand déclic de sa carrière se produit en 1974 quand il rencontre Alain Souchon. Ils unissent leurs talents, Souchon pour les textes et Voulzy pour la musique et cette même année paraît J’ai dix ans, le premier album et le premier succès de Souchon. En 1977, leur collaboration fait encore un tabac, Rockcollection, chantée par Voulzy.

  Dès lors, il devient une mine de tubes : Belle Ile en Mer, Désir Désir, Les nuits sans Kim Wilde, Le soleil donne, Le rêve du pêcheur...

  Or, Laurent Voulzy n’a enregistré en 30 ans de carrière que quatre albums, le dernier en 2001, Avril. En 2003, paraît Saisons, une compilation agrémentée du mythique “Rockcollection”.

En novembre 2011, sort l’album Lys and love, dont la chanson Jeanne remporte le prix à la chanson originale aux Victoires de la Musique 2012.

https://www.youtube.com/watch?v=mIC881PVNGQ

En 2014 sort l’album en commun avec Alain Souchon et, en 2017, Voulzy sort le disque Belem où il rend hommage à la musique brésilienne. 

 Yves Duteil (1949) n’obtient pas trop de succès avec ses premiers enregistrements. Le succès arrive en 1974 quand il gagne le festival de Spa avec Le petit pont de bois qui se vendra à plus de 700 000 exemplaires.

  À partir de là, les tubes se suivent, Tarentelle, J’ai la guitare qui me démange, La puce et le pianiste, la plupart taillés sur le même modèle : une mélodie classique, simple, une guitare, des violons et des paroles poétiques souvent non dénuées d’humour (Lucille et les libellules) mais parfois aussi un tantinet doucereuses (Prendre un enfant).

  Duteil est en fait un excellent artisan, héritier d’une certaine tradition qui trouve son inspiration dans la nature et l’amour simple.

 

  Jean-Michel Caradec (1946-1981) se fait connaître à partir de 1074 avec des ballades pop ou folk, Ile, La ballade de Mac Donald, Dans ma peau. Les thèmes des chansons de Caradec, l’écologie, la Bretagne, l’amour, la solitude, trouvent un écho favorable chez un vaste public.

https://www.youtube.com/watch?v=MvCxBncKR2E

  Renaud (1952) commence à chanter, malgré ses origines très bourgeoises, à la terrasse des cafés un répertoire signé Bruant, Montéhus, Georgius.

  En 1977 il se produit aux Blancs-Manteaux mais c’est l’année suivante que commence vraiment sa carrière avec Laisse béton. Il triomphe bientôt au Printemps de Bourges, puis au Théâtre de la Ville en 1979. En 1980 il remplit Bobino à l’occasion de la sortie de son troisième album (Ma gonzesse) toujours inspiré par l’univers de la banlieue comme le suivant.

https://www.youtube.com/watch?v=-SUlL2ycpVg

  Presque que toute l’œuvre de Renaud peut être considérée comme une galerie de portraits, dont l’acuité qu’il porte, en digne héritier d’une longue tradition, celle de Bruant et de Fréhel,  sur la société française de son temps est remarquable (HLM, Marche à l’ombre).

https://www.youtube.com/watch?v=wDQcV84eSTc

  On y trouve des chansons-portrait qui visent soit des cibles privilégiées, les cons, les machistes, les militaristes, les bourgeois : Mon beauf, Étudiants poils aux dents, Trois matelots, 500 connards sur la ligne de départ ; soit des victimes de la société (prolétaires, immigrés exploités, délinquants, victimes de l’urbanisme inhumain) : Chtimi, Son bleu, Pépette, La mère à Titi, Doudou, Deuxième génération, Petit voleur, Petite conne, Petit pédé, Manu ... D’autres portraits sont plus emblématiques, l’anti féminité, Miss Maggie ; l’intello pédant, L’entarté ; la gauche caviar, Socialiste ...

https://www.youtube.com/watch?v=lQy_fexNxIU

L’album À la Belle de Mai est un hommage à Marseille, on y trouve aussi des chansons où Renaud parle de l’enfance, C’est quand qu’on va où et Le sirop de la rue.

Après un album consacré à Brassens, en 1996, Renaud sort, en 2002, Boucan d’enfer, co-écrit avec ses musiciens Alain Lanty et Jean-Pierre Buccolo. Les titres les plus remarqués, Docteur Renaud, Mister Renard et Manhattan-Kaboul, un duo avec Axelle Red.

En 2006, Renaud fustige les politiques, les religions, les bourgeois, dans l’album Rouge sang. Le titre Elle est facho fait polémique.

https://www.youtube.com/watch?v=qIiuQHuE17Y

En 2015, Mistral gagnant est sacrée  "chanson française préférée de tous les temps",  devançant Ne me quitte pas de Jacques Brel.

https://www.youtube.com/watch?v=_YqzuE-5RE8

Un an après, sort l’album Renaud, quatorze chansons dont Toujours debout.

https://www.youtube.com/watch?v=uv37yxc51bE

Les abus d’alcool et de tabac ont marqué la voix du chanteur mais il parait renaître enfin après des années sombres

C’est cette voix devenue fragile que l’on retrouve sur son dernier album Les Mômes et les enfants d'abord de 2019.

https://www.youtube.com/watch?v=fFwG1bfrFQs

En 2022, cinquante ans après ses débuts, Renaud sort un album dans lequel il rend hommage à ses maîtres, Georges Brassens, Bourvil, Bernard Dimey, Charles Trenet ainsi que Georges Moustaki, Métèque. Une demi réussite dont on retiendra Je suis mort qui dit mieux d’Higelin, Si tu me payes un verre, du répertoire de Serge Reggiani et La tendresse, de Bourvil.

https://www.youtube.com/watch?v=282OPXC79cU

 Bernard Lavilliers (1946) est un artiste voyageur, non pas qu’il saute de l’avion à la salle de concerts et de là à l’hôtel ; il a voyagé en Amérique latine, aux Caraïbes, en Afrique, s’est imprégné de paysages et de rythmes exotiques bien avant la mode de la “world music”.

  Très jeune, et pour fuir l’univers sans avenir de l’usine, il part pour le Brésil où il est engagé comme chauffeur de camion en Amazonie. Il retourne en France après avoir bourlingué en Amérique centrale et aux États-Unis.

  En 1967, il commence à chanter dans les cabarets parisiens. En 1971, il chante au “Discophage”, cabaret brésilien de la capitale. Un album appelé Les poètes sort en 1972.

  Il commence à être connu. Sa première grande salle est le Théâtre de la Ville en 1976, après la sortie de Barbares, album qui marque son entrée dans le monde du rock.

https://www.youtube.com/watch?v=gWlmkRSUfYs

Son Olympia 1977 est un véritable succès.

  En 1979, il part vers la Jamaïque, les États-Unis et finalement le Brésil, pour se ressourcer. De retour de ce voyage, il sort O gringo qui devient un succès colossal.

  En 1986, son album Voleur de feu est le résultat d’un voyage en Afrique.

  En 1988, il publie If, un véritable carnet de voyage : Nicaragua, Haïti... Deux ans plus tard, un voyage en Asie se reflète dans Solo.

  En 1994, Les champs du possible nous montre un Lavilliers plus introspectif.

https://www.youtube.com/watch?v=aZkF1MuEIgs

  Chanteur engagé, rocker itinérant, Bernard Lavilliers est depuis les années 70 un témoin des maux de la planète. Son album 2001, Arrêt sur image, nous parle du chômage, de la violence sur des rythmes de reggae et de bossa.

  Il a reçu, en 2003, le Grand Prix de la chanson française de la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique (SACEM).

Carnet de bord (2004) est enregistré entre New York et la Jamaïque Encore une fois, Lavilliers nous emmène vers des destinations lointaines, accompagné par des invités de marque, Tiken Jah Fakoly (Question de peau) ou Cesaria Evora (Elle chante).

https://www.youtube.com/watch?v=NSkmtVyrWtM

Samedi soir à Beyrouth paraît en 2008, le titre éponyme évoque les expériences de Lavilliers dans la capitale du Liban. Bosse, d’autre part, ironise sur ce qu’est devenu la valeur du travail.

https://www.youtube.com/watch?v=p0grHzjXRIw

Le titre de l’album 2010 de Lavilliers fait référence à ce qu’il a répondu à François Mitterrand l’interrogeant sur son travail : Causes perdues et musiques tropicales. 

Il y est accompagné de Bonga (Angola), Mino Cinelu (Coupeurs de cannes), David Donatien (Sourire en coin) …

https://www.youtube.com/watch?v=aCdf02YkMSY

Paru en 2013, Baron Samedi est le résultat d’un voyage en Haïti après le tremblement de terre. Le titre fait référence à un personnage du vaudou qui rode dans les cimetières.

Il y chante aussi Blaise Cendrars et Nazim Hikmet.

https://www.youtube.com/watch?v=fhNzCzCyW3c&list=PLxNbyPGsTml-mTbcKTu8nZvhj32BY1KDZ

5 minutes au paradis (2017) nous montre que l’indignation de Lavilliers face aux injustices ne s’estompe pas. Les collaborateurs de cet album : Florent Marchet, Jeanne Cherhal, Benjamin Biolay… L’album s’ouvre sur La Gloire, un texte du poète résistant Pierre Seghers.

L’espoir, en duo avec Cherhal ferme l’album d’une note d’optimisme.

https://www.youtube.com/watch?v=joCO3v60TdI

Le dernier album de Lavilliers, Sous un soleil énorme (2021) a été conçu à Buenos Aires.

La capacité d’indignation, ainsi que l’ironie, du chanteur sont intactes à 75 ans. La chanson Beautiful days, qui parle d’un « président qui ment » et du « règne des petits marquis » en est la preuve.

https://www.youtube.com/watch?v=ZWuKZniNHco

 

Maxime Le Forestier (1949) a reçu dès l’enfance une éducation musicale. À quinze ans, il découvre Georges Brassens, apprend à jouer de la guitare et se produit épisodiquement au marché aux puces de Saint-Ouen, “Chez Louisette”.

  En 1965, il forme avec sa sœur Catherine le duo Cat et Maxime. Ils reprennent le répertoire des américains Peter, Paul and Mary et rencontrent Georges Moustaki dont ils chantent Ma liberté.

  En 1969, Maxime Le Forestier est appelé sous les drapeaux, ce qui ne l’empêche pas de continuer à chanter. Il enregistre même deux 45 tours en solo, Cœur de pierre, face de lune et Concerto sans frontières.

  En 1970, il joue dans la comédie musicale “Oh ! America” et sillonne les États-Unis en pleine époque hippie.

https://www.youtube.com/watch?v=0uT87XQrki0

  La reconnaissance arrive en 1972 avec son premier album. Son deuxième 33 tours apparaît l’année suivante, on y trouve Le steak ou la complainte de ceux qui ont le ventre vide, considérée comme une gaudriole par ceux qui ont le ventre plein. Il triomphe à l’Olympia lors de deux Musicorama (émission de radio retransmise depuis la salle de spectacles).

https://www.youtube.com/watch?v=zIZAd6GCK7A

  À la fin des années 70, le public n’accroche plus comme avant, même s’il réussit à remplir l’Olympia en 1978.

  En 1982, il tourne beaucoup : l’Algérie, la Nouvelle Calédonie, le Liban et bien sûr la France et la Belgique. En octobre 1983, il présente à Bobino un spectacle d’avant-garde que le public ne comprend pas. Il n’est plus le chanteur à succès des années 70.

  Il renaît cependant de ses cendres en 1988 avec le 45 tours Né quelque part, un hymne à l’égalité et à la tolérance dont les chœurs sont chantés en langue zoulou.

https://www.youtube.com/watch?v=DagKAzSk9Z8&list=RDDagKAzSk9Z8&start_radio=1

  L’album Ambalaba vendra quelque 600 000 exemplaires.

 Après une période de repos, il sort en 1995 Passer ma route, une invitation au voyage et à l’évasion où collaborent Zouk Machine, Vanessa Paradis, les tzyganes Bratsch et les jazzmen Lockwood et Galliano.

  En 1996, il sort un album Brassens. Jusqu’en 1998 ses tournées Brassens sont un énorme succès.

  Début 2000, il participe de la tournée des Enfoirés, nom du collectif de chanteurs qui unissent leurs voix au profit des Restos du cœur.

  Cette même année paraît son album L’écho des étoiles.

En 2008, Maxime Le Forestier sort l’album Restons amants, dont la chanson titre est composée par Julien Clerc. On y trouve aussi L’hymne à la soie, un duo avec Emmanuelle Béart.

https://www.youtube.com/watch?v=P2sO6PCFYT0

L’album Le cadeau sort en 2013. Son premier extrait, Un p’tit air est signé Julien Clerc. Le comédien Jacques Weber est l’auteur d’Impasse des oiseaux.

https://www.youtube.com/watch?v=nktVc-jdrhg

En 2019, Maxime Le Forestier sort le disque Paraître ou ne pas être, en collaboration avec son fils Arthur. Dix chansons acoustiques et un regard toujours aussi vif sur la société.

https://www.youtube.com/watch?v=IHAnNZOvLoc 

  Du côté du rock nous trouvons, entre autres, Higelin, Véronique Sanson, Catherine Lara...

  Jacques Higelin (1940). Après s’être essayé à presque tous les domaines du spectacle (cinéma, théâtre, café-théâtre), il arrive à la chanson vers la fin des années 60. Canetti lui produit un disque avec Brigitte Fontaine (12 chansons d’avant le déluge), il s’associe ensuite à Fontaine et Aresky dans l’équipe Saravah avec la volonté de sortir des sentiers battus de la chanson. En 1975, il fait paraître BBH 75, un album 100% rock et change tout à fait son image. Il s’approprie de l’univers des banlieues, mélange l’anglais et l’argot parisien et critique une société trop normalisée à son goût. Son succès est dû en grande partie à ses performances sur scène. Il alterne ses présentations dans de petites salles de provinces et les shows monumentaux dans des stades.

    Ses chansons, Banlieue boogie blues, Paris New York, New York Paris, Alertez les bébés sont de grands tubes auprès des jeunes.

https://www.youtube.com/watch?v=UAi7-CyTFDg

  La personnalité aux multiples facettes d’Higelin, sa démesure contrôlée, son air de saltimbanque tendre et rude à la fois, en font un artiste incontournable dans le panorama de la chanson française.

En 1977, Higelin sort l’album No man’s land dont le titre Pars devient son premier vrai tube.

https://www.youtube.com/watch?v=xGRReyDyoGY

Deux ans plus tard, paraissent Champagne pour tous et Caviar pour les autres, enregistrés en grande partie a la Nouvelle Orléans.

https://www.youtube.com/watch?v=mD3bh3wWaSQ

Suit Higelin 82 où le talent poétique du chanteur se met en évidence dans La putain vierge, Beauté crachée ou La ballade de chez Tao.

Un an après, il enregistre Pierre et le loup de Prokofiev avec l’orchestre national d’Israël dirigé par Zubin Mehta.

sort en 1985. Cet album, où l’on remarque Jack in the box et La croisade des enfants, reflète les préoccupations d’Higelin face aux injustices du monde contemporain

https://www.youtube.com/watch?v=hUY2-gKhSd4

Tombé du ciel (1988) est un énorme succès dont le public plébiscite le titre éponyme. Le chanteur, de son côté, préfère Le Parc Montsouris.

https://www.youtube.com/watch?v=5-kVwZa-z6k

Higelin soutient les luttes sociales qu’il considère légitimes et s’egage dans l’association « Droit au logement ».

En 1993, sort Aux héros de la voltige qui renoue avec le funk.

1997 est l’année de Paradis païen, entièrement réalisé par Areski Belkacem

https://www.youtube.com/watch?v=dnbLjkAG23k&list=OLAK5uy_lWsisTUDGc1F8lLoMxC-IOXgvGZGJGOes&index=4

En 2005, sort Higelin enchante Trenet, enregistré au Trianon.

2006 voit paraître Amor doloroso et 2010, Coup de foudre.

Trois ans plus tard, sort le 20ème album de Jacques Higelin, Beau repaire.

https://www.youtube.com/watch?v=nmMrXA6_1Ug

Son dernier disque paraît en 2016, Higelin 75, il y évoque la mort, J’fume, le temps qui s’enfuit, L’emploi du temps et sa fille Izia, Elle est si touchante.

https://www.youtube.com/watch?v=2o_C4i888C0

Jacques Higelin meurt le 6 avril 2018.

  Véronique Sanson (1949) connaît le succès avec son deuxième album produit par Michel Berger, Amoureuse. On y découvre sa voix intense et une musique qui tient du jazz, du blues et du rock. Les disques suivants confirment ses qualités d’interprète d’un rock au féminin jusque-là inconnu en France. Besoin de personne et Chanson d’une drôle de vie sont de grands succès.

https://www.youtube.com/watch?v=QAIyQbHTaME

 En 1973, mariée à Stephen Stills (Crosby, Stills and Nash), Véronique Sanson part aux États-Unis où elle résidera 10 ans. Son troisième album, Le maudit, sort en 1974.

https://www.youtube.com/watch?v=2Bh7fz30dcE

Deux ans plus tard, elle enregistre à Londres son quatrième disque, Vancouver.

  En 1978, elle réussit au Palais des Sports la performance de présenter deux spectacles quotidiens pendant trois jours devant un public électrisé. Elle réitère en 1981 pour ce qui restera la plus grande production “live” de sa carrière. La première rock star française naît ainsi au Palais des Sports, calquant son spectacle sur la structure des shows anglo-saxons.

Les années 80, qui sont ceux de son retour en France ne sont pas faciles pour Véronique Sanson.

L’album Sans regrets de 1992 voit renaître le succès. Son premier extrait, Rien que de l’eau atteint vite les 500.000 exemplaires vendus.

https://www.youtube.com/watch?v=9swqeaf7GY0

Suivront Indestructible (1998), D’un papillon à une étoile, composé de titres de Michel Berger (2000), Longue distance (2004), Plusieurs lunes (2010) et Dignes, dingues, donc… (2016)

https://www.youtube.com/watch?v=zsaK7iz4QyM 

 

Catherine Lara (1945) étudie la musique au Conservatoire National de Paris mais l’univers du classique lui semble trop étroit. Elle obtient toutefois le deuxième prix de violon en 1965 et l’année suivante, le premier prix de musique de chambre.

  Elle forme ensuite le Quatuor Lara avec lequel elle accompagne Claude Nougaro. Son premier album, Ad libidum sort en 1971, il est remarqué par le titre Morituri. Il lui faudra attendre cependant les années 80 pour connaître le succès commercial.

  L’album Coup d’feel marque un virage rock et Geronimo, de 1980, est consacré aux minorités.

  En 1983, Catherine Lara sort deux albums, Une femme libre et La rockeuse de diamants qui la mène directement dans les hit parades. L’ensemble est très rock et son violon devient électrique.

https://www.youtube.com/watch?v=4c-pc8vfByM

  Nuit magique (1986) est le tube de sa carrière.

  En 1991, on retrouve Catherine Lara dans une comédie qu’elle a écrite sur Georges Sand. La mise en scène appartient à l’argentin Alfredo Arias. Le spectacle donne lieu à un album interprété par Maurane, Véronique Sanson et Daniel Lavoie.

  En 1993 sort Maldonne et en 1995, Mélomanie.

  En 2002, Catherine Lara co-écrit la chanson de l’équipe française de football, Tous ensemble, que chante Johnny Halliday.

2005 est l’année de Passe-moi le ciel et 2011 celle de Catherine Lara, une voix pour Léo Ferré.

  Francis Cabrel est né en 1953 à Astaffort, village de 2 000 habitants près de Toulouse, où il habite encore. 

  En 1974, il participe d’un radio-crochet dont il remporte la finale avec Petite Marie. Il sort son premier album, Les murs de poussière, en 1977 et pendant un mois, il assure la première partie de Dave à l’Olympia.

  En 1979, son deuxième album, Les chemins de traverse, se vend à 400.000 exemplaires et grâce à la chanson Je l’aime à mourir sa carrière prend un élan prodigieux. Son troisième album, Fragile (1980), contient un autre grand succès, L’encre de tes yeux. Avec La dame de Haute-Savoie, il introduit la guitare électrique dans sa musique.

https://www.youtube.com/watch?v=iXruXEIM2BA

  Dans son cinquième album, Quelqu’un de l’intérieur, les textes s’élargissent de son univers personnel pour s’ouvrir au monde extérieur : Saïd et Mohamed évoque la détresse des immigrés, Leïla et les chasseurs dénonce le machisme.

Le disque Photos de voyages suit la même veine d’inspiration, mais l’écriture est plus impliquée sans sombrer dans le militantisme. Cabrel prend position contre l’apartheid, Soweto, le racisme, Les gitans, la pauvreté dans le tiers-monde, Photos de voyages.

https://www.youtube.com/watch?v=6a5qyHuBbsE

  En 1989, Sarbacane paraît après trois ans de travail. Le public lui fait un triomphe.

  En 1994, il sort Un samedi sur terre, fruit d’une longue gestation. Quatre ans plus tard, le photographe Claude Gassian publie Hors saison, un livre de photos consacré à Cabrel. Le CD Bonus, inséré dans l’ouvrage, offre un duo avec la chanteuse argentine Mercedes Sosa, Vengo a ofrecer mi corazón.

  En 1999, l’album Hors saison vend un million d’exemplaires.

  En 2001, Francis Cabrel sort un album triple, Double tour et 3 ans plus tard, c’est le tour de Les beaux dégâts qui se vend

 à 6000 000 exemplaires.

En 2008, paraît Des roses et des orties, il y parle d’immigration, African tour ; de l’hypocrisie des politiques, Les Cardinaux en costume ; de misère sociale, Le cygne blanc et présente quelques reprises comme Born on the bayou, de Creedence Clear Water.

https://www.youtube.com/watch?v=DXEtyB3cYWk

Le treizième album de Francis Cabrel paraît en 2015, il s’agit de In extremis où il reflète, encore et toujours, ses préoccupations d’homme et de citoyen, À chaque amour que nous ferons, Partir pour rester, Dur comme fer

https://www.youtube.com/watch?v=7KBjJt39bdA

À l’aube revenant sort en 2020. On y trouve Le bougies fondues qui nous parle du temps où Cabrel était chanteur de bals ("Si un jour je croisais autour d'un village/Le chanteur que j'étais dans les bals du village/On se regarderait comme deux inconnues, la poésie/Il me dirait sûrement t'a dû en voir du monde/Il se pourrait pourtant qu'à la fin je réponde/C'est celui que j'étais qui me manque le plus/La poésie où y'en a jamais eu") ; Te ressembler, un hommage à son père ; Jusqu’aux pôles, sur le dérèglement climatique et Parlons-nous, qui nous invite à laisser un peu de côté nos téléphones portable.

https://www.youtube.com/watch?v=kXJskah8ZtQ

Daniel Balavoine (1952) est tout d’abord attiré par la politique dont il sera vite dégoûté.

  Il découvrira la musique dans les années 70 et chantera au sein du groupe Présence. Leurs 45 tours, comme ceux qu’il enregistre sous son nom, passent inaperçus.

  Il chante alors dans la troupe de La Révolution française (1973), une comédie musicale. Deux ans plus tard, il sort son premier album, De vous à elle en passant par moi qui ne remporte qu’un succès d’estime.

  Il lui faudra attendre 1978 et Le chanteur pour que le vrai succès soit au rendez-vous. Balavoine est définitivement lancé.

https://www.youtube.com/watch?v=aD31V1DHC6o

La même année, il participe du succès colossal de Starmania.

https://www.youtube.com/watch?v=85V1rIsIUm8

  Le 19 mars 1980, Balavoine se retrouve, dans un studio de télévision, face à face avec François Mitterrand, alors candidat à la présidence de la République. Il lui dit : “...les jeunes sont désespérés et les politiciens ne s’y intéressent pas...”. On découvre alors le chanteur qui sait exprimer ses opinions politiques.

  Dans ces années 80, les succès se suivent : Mon fils, ma bataille, Je ne suis pas un héros, Lipstick polychrome, Vendeurs de larmes, La vie ne m’apprend rien ...

  Quand la chanson ne lui suffit plus, il milite à SOS Racisme, soutient les Restos du Cœur, installe des pompes à eau en Afrique.

  À 32 ans, il s’offre un second Palais des Sports et L’Aziza lui vaut le prix SOS Racisme.

https://www.youtube.com/watch?v=O4ACXQxCgc8

  En 1986, pendant le Paris-Dakar, l’hélicoptère dans lequel il suit le rally s’écrase entre le Burkina Faso et le Mali.

  “... Ça laisse un énorme trou dans le paysage musical français, dira Francis Cabrel. Il atteignait sa pleine maturité avec le temps et la sérénité... Il y a des gens comme ça qui sont primordiaux...”

 « J’ai d’abord apprécié le chanteur de la colère et de la tendresse qui avait su trouver les mots et les sons en accord avec les sentiments de la jeunesse de son temps. J’ai ensuite rencontré et apprécié le révolté et l’homme de coeur, celui qui avait mis sa notoriété au service de la plus grande des causes, celle de la justice et de la lutte contre la faim dans le Monde. La jeunesse de France n’oubliera pas de sitôt celui qui lui a donné une si grande leçon de vie, en allant au bout de ses passions. »

François Mitterrand

Paroles et Musique – Janvier 1987


  Starmania

  Avec plus de 5 millions de spectateurs dans le monde en 20 ans, la success story de Starmania, un opéra-rock de Michel Berger (musique) et Luc Plamondon (paroles) crée au Palais des Congrès de Paris le 19 avril 1979 avec Daniel Balavoine, Claude Dubois, Diane Dufresne, Eric Estève, France Gall, Fabienne Thibault et Nanette Workman, est sans égal pour une œuvre francophone.

  Œuvre futuriste à l’époque de sa création, Starmania décrit un monde à l’aube du nouveau millénaire, un monde de violence et de détresse.

https://www.youtube.com/watch?v=SwJDxxYuEks

  Michel Berger (1947-1992) s’initie à la musique dès sa première enfance. Il sort son premier 45 tours en 1963, Amour et soda. Jusqu’en 1966, tout en continuant ses études, il enchaîne les 45 tours avec un succès croissant.

  C’est justement en 1966 qu’il rencontre Véronique Sanson et devient son compagnon-compositeur. Amoureuse, le premier album de Sanson entièrement réalisé par Michel Berger sera un grand succès.

  Il ne sortira son premier album qu’en 1971, Puzzle, qui ne rencontre pas le succès escompté.

  En 1973, il devient le compositeur de Françoise Hardy désireuse de casser son image d’adolescente. Message personnel est le fruit de cette collaboration.

  Un an plus tard, il rencontre France Gall qu’il épouse et à qui il refait une carrière.

  Mais son plus grand succès de la fin des années 70 sera Starmania qu’il crée avec le québécois Luc Plamondon.

  Dès lors, les succès s’enchaînent, ceux de France Gall (Donner pour donner, Tout pour la musique, Résiste...) mais aussi ceux de Michel Berger (La groupie du pianiste, Celui qui chante, Quelques mots d’amour ...).

  Il s’investira aussi avec sa femme et son ami Daniel Balavoine, dans l’humanitaire, spécialement pour financer plusieurs programmes qui aident le développement de l’éducation en Afrique.

 https://www.youtube.com/watch?v=gQFVpPdMFoI

 À l’opposé de tous ces chanteurs, se trouve Michel Sardou (1947), fils et petit-fils d’artistes, il fait ses débuts au cabaret à dix-neuf ans.

  En 1967, Les Ricains (Sardou-Megenta), une chanson de son premier disque, attire l’attention sur ce chanteur qui se place sans nuance à droite. Il deviendra, dès lors, le porte-parole d’une France petite-bourgeoise qui cherche les boucs émissaires à ses problèmes chez celui qui est différent, l’immigré, l’homosexuel, l’intellectuel...

  D’excellents paroliers et compositeurs, Pierre Delanoë, Jean-Loup Dabadie, Jacques Revaux, Pierre Billon, lui feront un répertoire à sa mesure qui le mettra de 1970 à 1977 à la tête de tous les hit parades.

  Il aborde ainsi tous les grands problèmes de la société, l’écologie (W 454º), Dieu (J’y crois), l’amour (Je vais t’aimer), la paternité (Mon fils), la grandeur nationale (Le France) ...

  En 1976, Je suis pour, profession de foi en faveur de la peine de mort, déchaîne des polémiques et en 1977, Le temps des colonies dépasse certaines limites.

https://www.youtube.com/watch?v=eX04446tk_g

Des comités anti-Sardou apparaissent un peu partout, des manifestations organisées dans les villes où il se présente l’obligent à interrompre une tournée. Dès lors et même s’il reste l’un des grands de la variété française, Michel Sardou n’occupera plus la tête des hit parades.

 

 Gérard Lenormand (1948) commence à chanter dans les bals de la compagne normande. Arrivé à Paris, il remplace Julien Clerc dans “Hair” (1970). À partir de là, il enchaînera tube sur tube : Rien n’est plus beau (Jonasz-Golstein, 1972) ; Si tu ne me laisses pas tomber (Delanoê-Broussard, 1973) ; Soldats ne tirez pas (Vidalin-Mattéoni, 1974) ; La ballade des gens heureux (Delanoë-Lenorman, 1976). Ces gentilles ballades dont la musique est on ne peut plus traditionnelle le sacrent comme le Petit Prince de la chanson.

https://www.youtube.com/watch?v=-QzCHTE_X8U

  De son côté Serge Lama (1943) débute en 1964 à l’Écluse. Après un premier disque (Les ballons rouges), un grave accident le tient éloigné de la scène pendant plus de deux ans.

  À partir de 1970, c’est la course aux succès, de gala en gala et de disque en disque : C’est toujours comme ça la première fois (1970), Superman (1971), Les petites femmes de Pigalle (1973).

https://www.youtube.com/watch?v=SZkVRLqrXr8

   Sa rencontre avec Alice Dona est le début d’une association prolifique dont les titres se succèdent : Je suis malade, La chanteuse a vingt ans, L’Algérie où Lama chante la guerre du point de vue des appelés d’une façon si ambiguë que l’on n’arrive pas à savoir s’il est pour ou contre cette guerre ; Tarzan est heureux, Femme, femme, femme...

  À un certain moment, Serge Lama s’est voulu l’héritier de Jacques Brel qui venait de quitter la scène. En 1979, il a même enregistré Lama chante Brel (1979). Mais les points de contact entre les deux sont presque inexistants, Serge Lama est plutôt un Français moyen, un homme qui doit avoir les femmes et gagner sur les autres hommes. 

Le renouveau de la musique régionale 

  L’après 68 voit naître en France les mouvements de défense des identités régionales.


  Claude Marti, un jeune instituteur de l’Aude, l’un des premiers porte-drapeaux de la nouvelle chanson occitane, se passionne pour toutes les luttes ouvrières et paysannes de sa région. Le collectif “Ventadour”, qu’il a créé lui-même, produit ses disques.

  Après plus de dix ans de silence, Claude Marti sort un nouveau CD, El jinete, un disque trilingue, français, espagnol et occitan.

https://www.youtube.com/watch?v=e-9-0gMKvfM

 

   Glenmor (Émile le Scanv) sera le premier à tenter, sur des accents de révolte, de perpétuer la tradition des bardes (Dieu me damne, Sodome).

https://www.youtube.com/watch?v=gzg9epmNL6k


  Il sera bientôt suivi par Gilles Servat (1945) qui s’exprimera cependant surtout en français. Il chante les espoirs de la Bretagne, Kor’ch ki gwen ha kor’ch ki du, 1972 ; Je dors en Bretagne ce soir, 1974 et Blanche Hermine qui sera longtemps considéré comme un hymne.

https://www.youtube.com/watch?v=l9HbiWX48E4

 

  Tri Yann, dont le nom originel est Tri Yann an Naoned (Les trois Jeans de Nantes) fut créé en 1970 par Jean Chocun, Jean-Paul Corbineau et Jean-Louis Jossic.

  En 1971, Bernard Baudriller rejoint le groupe qui se produit au Bateau Lavoir de Nantes et dans divers centres culturels.

  Un an plus tard, ils sortent, grâce à Gilles Servat, leur premier disque et assurent la première partie de Juliette Gréco à l’Olympia. En 1973, ils sont en tête d’affiche de ce même Olympia.

  Leurs influences passent par les groupes bretons et irlandais mais aussi par le mouvement folk américain.

https://www.youtube.com/watch?v=iJPI1ohI_q8

  En 1976, La découverte ou l’ignorance ouvre le chemin de l’électrification et du renouveau du son folklorique.

  Une face de leur album An heol a zo glaz (Le soleil est vert), paru en 1981, est consacrée à la lutte antinucléaire de Plogoff.

  En 1988, ils présentent Le Vaiseau de pierre, un spectacle avec des marionnettes, des danseurs traditionnels et modernes inspiré d’une BD de Christin Bilal. 1991 voit paraître Belle et rebelle, consacré à Nantes. Ces années 90 renforcent l’ancrage traditionnel du groupe.

  En 1995, Tri Yann enregistre Portraits à l’Abbaye de Fontevraud.

  En 2001, sort leur 14ème album, Le Pélégrin. Le groupe fête cette année-là et à Nantes, ses trente ans de carrière.

Vingt ans plus tard, Tri Yann fête ses 50 ans de carrière et fait ses adieux à la scène.

 « Le groupe Tri Yann, légende de la musique celtique, a fait ses adieux à la scène

Le trio a donné, samedi 11 septembre, un ultime concert à la Cité des congrès de Nantes, mettant fin à cinquante ans de prestations scéniques.

  ‘’Les gens nous portaient. Ils étaient à la fois heureux et malheureux de nous voir partir et nous, on était à la fois heureux et malheureux de leur dire au revoi’’», a confié, samedi 11 septembre, à Nantes, Jean-Paul Corbineau, l’un des trois membres de Tri Yann, à l’issue du dernier concert du groupe.

La mythique formation de rock breton a ainsi mis un terme à cinquante ans de scène après une performance de trois heures et quatre rappels, sous les mercis. Une carrière à la longévité exceptionnelle pour des artistes qui auront permis à la musique bretonne d’atteindre une large audience.

Tout comme les 2 000 personnes présentes à Nantes, Evelyne Rioué, une enseignante de 61 ans qui les suit depuis 1975, est venue ‘’leur dire merci pour toutes les émotions, les rêves qu’ils ont fait passer, pour toutes les notions d’égalité, de fraternité – de vraie fraternité – qu’ils ont su distiller au cours des ans’’, a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse (AFP). A 35 ans, Nolen Nicolas, un infirmier, ressort aussi regonflé :

‘’A chaque fois, c’est la même émotion et ce soir, c’est un peu plus, sachant qu’on ne les reverra plus. Ils m’ont apporté tellement, ils ont apporté tellement au public que c’est dur de se dire qu’on ne les verra plus.’’

Les Trois Jean (qui sont en fait huit sur scène) avaient invité pour l’occasion d’anciens membres du groupe et des amis, comme la chanteuse Bleunwenn, ou encore Clarisse Lavanant et Erik Orsenna. ‘’On finit dans la joie et une sorte de partage’’, sourit Jean Chocun, 72 ans, l’un des fondateurs de la formation. ‘’On fait partie d’un chemin, d’une mouvance, de ce que les gens ont semé, on fait partie de ça. On a milité pour une reconnaissance de l’authenticité de la Bretagne, de l’ethnicité bretonne’’, a-t-il ajouté samedi soir.

Initialement prévu le 28 mars 2020, et déjà complet depuis des mois, ce dernier concert avait été repoussé à de multiples reprises en raison de la crise sanitaire. C’est Jean Chocun qui a convaincu ses comparses, Jean-Paul Corbineau, 73 ans, et Jean-Louis Jossic, 74 ans, qu’il était temps de raccrocher. ‘’Physiquement, il y a un moment où il faut être raisonnable’’, glisse-t-il. Pour les dernières dates de ce ‘’Kenavo Tour’’, Jean-Louis Jossic avait d’ailleurs peur ‘’de faire la moitié du concert assis’’, selon Jean Chocun. Atteint par ‘’un problème neurologique’’, le chanteur principal de Tri Yann, connu pour ses cheveux blonds décolorés en pétard, souffre de douleurs aux bras et aux jambes.

(…)

Férus d’Hugues Aufray, ils s’attachent à sortir la musique bretonne et celtique de son ghetto, pour ‘’en faire quelque chose de plus populaire, de plus ouvert’’, selon les mots de Jean-Paul Corbineau, guitariste et chanteur, lors d’un entretien avec l’AFP en 2020. Leur premier album est écoulé en quelques heures et, dès 1972, ils font l’Olympia, en première partie de Juliette Gréco, puis deviennent musiciens professionnels l’année suivante.

Après des albums plutôt acoustiques, mêlant reprises de chansons traditionnelles et compositions personnelles, Tri Yann amorce un virage plus rock qui reste l’un de ses signes distinctifs.

Avec plus de 3 millions d’albums vendus, des concerts au Zénith, à Bercy et même au Stade de France, la renommée des Tri Yann n’est plus à faire. Ils ont chanté en Allemagne, en Suisse, en Belgique, en Tunisie, en Géorgie, en Louisiane, ainsi qu’au Québec et au Pays de Galles. En France, ils ont battu le record de longévité des Frères Jacques. ‘’Il n’y a que les Rolling Stones qu’on ne bat pas !’’, plaisante Jean Chocun.

Cet ultime concert ne marque pas pour autant la fin de carrière du trio. Si la scène est terminée, le groupe a des projets en cours, comme celui d’un album sur l’histoire de la Bretagne racontée à travers les chansons. Pour le reste, Jean Chocun va consacrer son temps libre à la pêche à pied, Jean-Louis Jossic entend publier ses contes et Jean-Paul Corbineau veut voyager en France et à l’étranger. »

Le Monde, le 11 septembre 2021

  Alan Stivell, de son vrai nom Alan Cochevelou, est né en 1944 en Auvergne, d’une famille originaire du Morbihan, en Bretagne. Son père lui offre, en 1953, une harpe celtique avec laquelle il joue, en 1955, trois morceaux en lever de rideau de Line Renaud à l’Olympia.

  Il s’intéresse de plus en plus à l’histoire, à la mythologie et aux arts celtes. Il se met aussi à la bombarde et à la cornemuse. Il intègre alors Bagad Bleimer, ensemble folklorique breton.

https://www.youtube.com/watch?v=VgGlUgSTQi4

  Dans les années 70, Alan Stivell propose une version de la musique bretonne tournée vers l’avenir et la modernité. En 1972, il connaît un véritable triomphe à l’Olympia.

https://www.youtube.com/watch?v=wMQbcGNs9kg

  Il consacre, en 1976, un album aux poètes bretons et un an plus tard Raok Dilestra parle de l’histoire de la région.

  Les années 80 seront moins fastes pour Alan Stivell, le folk est démodé, l’électronique est la grande vedette. Il sort toutefois des albums : Terre des vivants, Légende et Harpe du Novel Âge.

  Les annéss 90 le voient de nouveau sur le devant de la scène. Brian Boru (du nom d’un grand chef irlandais vainqueur des Vikings) connaît un grand succès. Son album 98, 1 Douar (Une seule terre) rassemble Youssou N’Dour, Khaled, Jim Kerr de Simple Minds et Paddy Moloney des Chieftains. Il y montre que les différentes langues, les différents rythmes sont les composantes essentielles de l’humanité.

https://www.youtube.com/watch?v=Pfo4Ke0aJqs

  Suivent Back to Breizh (2000), Au-delà des mots (2002) et en 2003, Alan Stivell clôture la seconde Nuit Celtique devant 68 000 spectateurs au Stade de France. 

La musique d’Alan Stivell devient électro avec Explore, album de 2006 dans lequel il chante aussi bien en breton, en français qu’en anglais.

En 2010, paraît Emerald, qui fête les noces d’émeraude, 40 ans, du musicien et chanteur avec son public.

AMzer (Saisons) est l’album 2015 de Stivell.

À la fin des années 70, plus spécialement en 1979, apparaît le premier album de I Muvrini, groupe corse crée par les frères Jean-François et Alain Bernardini.

  Dès leurs premiers albums, ils mêlent au traditionnel leurs propres compositions qui font référence, par exemple, aux prisonniers politiques de la fin des années 70.

https://www.youtube.com/watch?v=4njlRIpB6Q0

  Le groupe fut considéré subversif dans les années 80 et interdit de se produire dans de nombreuses communes corses.

 Dans les années 90, ils s’ouvrent à de nouvelles couleurs musicales : Curagiu (1995) frappe par cet esprit d’ouverture : claviers, vielles, sikus, tablas, l’accordéon de Richard Galliano, le bandonéon de Mosalini, percussions, guitares...

https://www.youtube.com/watch?v=hiXQDo1hTxg

En 2002, sort Umani où l’on trouve Jalalabad avec MC Solaar, Un sognu pè campà avec le chanteur suisse Stephan Eicher et Vogliu où Josefina Fernandez mélange son flamenco à la polyphonie corse.

Suivront Alma (2005), Gioia (2010) , Invicta (2015), Planetta (2016), Lucioles (2017) et Portu in core (2019).

https://www.youtube.com/watch?v=qAtgZFf7hXw

Entre polyphonie corses et rock poétique, I muvrini n’a cessé de questionner le monde.

Il est clair que nous venons de faire référence à des artistes qui chantent presque exclusivement dans les autres langues de la France, le breton, le corse, l’occitan, ces langues que la République refuse encore et toujours d’accepter comme des langues à part entière.

En Afrique, où, comme nous l’avons dit, on chante principalement dans les langues nationales, on trouve encore des chansons en français.

Deux grands artistes se détachent clairement du lot, Pierre Akendengué et Francis Bebey. Deux militants de l’Afrique et de son indépendance injustement oubliés de nos jours.

Né en 1943, au Gabon, Pierre Akendengué s’installe à 22 ans en France. Il assiste au Petit Conservatoire de Mireille et rencontre Pierre Barouh, grâce à qui il sort son premier album Nandipo, en 1974.

Ses disques sont interdits d’antenne au Gabon.

Son second disque, Africa Obota (L’Afrique, ma mère), sort en 1976 et obtient le Prix de la jeune chanson française. Quelques chansons sont en français, les autres en myéné, sa langue maternelle.

Pierre Akendengué prône, dans sa musique, pour l’unité africaine et chante les espoirs du continent.

https://www.youtube.com/watch?v=yy9xu8qiTPI

En 1983, sort Mando, disque totalement chanté en myéné, dans lequel participe une trentaine de musiciens.

https://www.youtube.com/watch?v=orN2bCcLsMQ

Espoir à Soweto, dans lequel il exprime sa volonté de voir la fin de l’apartheid, paraît en 1989. 1991 est l’année de Silence.

https://www.youtube.com/watch?v=Ecwx0_yjoqA

Un an plus tard, sort le projet le plus ambitieux de Pierre Akendengué, Lambarena, une rencontre entre les cantates de Jean-Sébastien Bach et les chants de la forêt équatoriale, interprétée par 250 choristes gabonais et un orchestre de musiciens classiques français. Une preuve évidente que les rencontres peuvent se produire entre des cultures diverses et que le résultat peut être hautement positif.

https://www.youtube.com/watch?v=w7XAB2CixJI

Maladité, sorti en 1996, est toujours à l’écoute des souffrances du continent.

Dans Obakadences (2001), Akedengué chante toujours les ambigüités et les espoirs de l’Afrique.

Ekunda-Sah ! sort en 2005. On y remarque La pauvreté, Embarras et La Colombe.

https://www.youtube.com/watch?v=DR7ZxbGsqCY

Un an plus tard paraît Gorée du nom de l’île sénégalaise d’où partaient les esclaves et dont le thème principal est la traite.

https://www.youtube.com/watch?v=UJU3W3ZTtyc

Les deux albums suivants, Vérité d’Afrique (2008) et Destinée (2013) ont des accents cap-verdiens, le pianiste de Cesaria Evora, Nando Andrade, s’étant chargé de la réalisation.

Francis Bebey, né en 1929 à Douala, mort à Paris en 2001, est un musicien et romancier camerounais.

Il sort son premier disque, Idiba, en 1972. Auparavant, Bebey avait été journaliste radio, directeur du Programme de Musique de l’UNESCO et publié des romans dont Le fils d’Agatha Moundio, Grand prix littéraire de l’Afrique noire 1968.

https://www.youtube.com/watch?v=rPs03lH0e98

Il se fait d’abord connaître par ces chansons humoristiques.

« Ouvert et modeste, cet homme élevé au temps de la colonisation fut un modèle pour ses condisciples. Il n'a jamais cédé aux sirènes de la politique bien que faisant partie de l'élite camerounaise à l'époque des indépendances. Son titre d'"ambassadeur africain de la guitare" ne l'empêcha nullement de conserver sa liberté de penser. Avec lucidité, il aimait observer les dérives d'un monde pour moquer ses travers. Et il ne s'est jamais privé de décrire les mécanismes corrupteurs qui conduisent encore le destin de l'Afrique francophone. Mais, de cette Afrique où tout son être est resté profondément enraciné, l'artiste a surtout retenu les trésors d'humanisme et l'infinie poésie qui lie les hommes à la nature.

Passeur de savoir, Francis Bebey a consacré l'œuvre qu'est sa vie à établir des ponts entre les cultures africaines et occidentales. Sa disparition à Paris, sa ville d'adoption, le 28 mai 2001, a laissé une impression de vide. Publié à l'occasion du quatrième anniversaire de sa mort, l'album Francis Bebey - Original masters Vol.l fait revivre l'univers musical du poète au minimalisme assumé. À ses compositions pour guitare seule gravées dans les années soixante répondent les pièces pour sanza, piano à pouce africain fait de lamelles métalliques disposées sur un résonateur de bois, ou pour n'dehou, flûte pygmée des années quatre-vingt/quatre-vingt-dix.

Quant aux paroles, tour à tour malicieuses et illuminées de poésie simple, elles bondissent comme les pas d'un enfant caracolant. (…)

Ainsi, en 1967, c'est l'écrivain qui triomphe sous ses airs malicieux de conteur africain avec un premier roman, Le fils d'Agatha Moudio. Ce coup d'essai est un coup de maître, couronné par le Grand Prix littéraire de l'Afrique noire en 1968. Et les mots du roman appelleront à leur tour la musique, en 1976, quand naîtra la chanson "Agatha".

C'est l'histoire édifiante d'un couple africain dont le mari, en voyant la couleur claire de l'enfant que sa femme a mis au monde, lui dit : "Agatha, ne me mens pas. . . Ce n'est pas mon fils. ..Taie sais bien. . . Ce n'est pas mon fils... Même si c'est le tien." La finesse de l'observation, l'humour malicieux, la générosité qui percent à travers les paroles de cette chanson en ont fait un succès international, dont témoigne Patrick Bebey :

"J'avais dix-neuf ans, en 1983, lorsque j'ai fait mes premières scènes en professionnel avec mon père, à l'occasion d'une tournée d'une dizaine de concerts en Tunisie. Le répertoire du spectacle était bien défini : quelques chansons du répertoire 'rire africain', quelques chansons dansantes et des choses un peu plus élaborées. En arrivant à Carthage pour le premier spectacle, nous constatons que les affiches de la tournée annoncent en grand : 'Le chanteur d'Agatha' et en tout petit : 'Francis Bebey en concert...' Au cours de cette tournée, nous devions jouer Agatha' trois à quatre fois par concert. Lorsqu'on entrait en scène, avant même d'avoir allumé nos amplificateurs, on entendait déjà les cris dans le public : 'Agatha ! Agatha !' Il nous fallait donc commencer par la chanson, la rechanter dans des versions un peu plus courtes au milieu du spectacle et encore en rappel. Et dès que mon père prononçait ces paroles : '...Qu'il soit noir, blanc, rouge, un enfant c'est toujours un enfant. . .', tout le public se mettait à hurler de bonheur. »

Bensignor François. Francis Bebey. In : Hommes et Migrations, n°1254

https://www.youtube.com/watch?v=zqOxYChgbCA

Francis Bebey compose la musique du très beau film burkinabé d’Idrissa Ouedraogo, Yaaba primé à Cannes en 1989.

https://www.youtube.com/watch?v=sZgDze_s7wU

 « Dans son logis parisien du 13e arrondissement, rue du Champ-de-l’Alouette, Bebey abordait la musique en artisan. Il avait son propre label (Ozileka), et créait en solo des chansons qui lui permettaient de tourner partout dans le monde. Sans même un manager. « Des gens consultaient le bottin téléphonique pour trouver son nom et lui proposer des concerts à Caracas ou ailleurs », rigole Patrick Bebey pour qui ce choix de l’autogestion l’a peut-être également coupé d’un public plus important.

‘’Il jouait constamment et couchait toutes ses idées sur une bande magnétique, parfois même à la va-vite’’, se souvient son fils qui se rappelle également l’avoir vu s’échiner sur des partitions. »

Léo Pajon.  Jeune Afrique

https://www.youtube.com/watch?v=e94uYltiZ-Y 

Le plus grand tube de la musique africaine, Soul Makossa, naît en 1972. Son auteur est Manu Dibango, cet artiste inclassable dont nous avons déjà parlé en référence à son incursion dans le twist dans les années 60.

Né en 1933, à Douala au Cameroun, il est mort du coronavirus, â Paris en 2020.

« Mort du saxophoniste Manu Dibango, qui a succombé au Covid-19

Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.

Ses fans l’appelaient « Papa Manu », « Le Doyen » ou simplement « Manu ». Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus. Les mots se voulaient rassurants (« Il se repose et récupère dans la sérénité »). Manu Dibango, saxophoniste et vétéran des musiciens africains en France, est mort, mardi 24 mars, a annoncé sa famille. Il était âgé de 86 ans.

« Chers parents, chers amis, chers fans,

Une voix s’élève au lointain…

C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du Covid-19.

Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible. » 

Il laisse derrière lui soixante années de carrière et d’engagements, sans pause ni éclipse, enchaînant plusieurs vies, les oreilles toujours en alerte, à l’écoute du son des époques qu’il traversait.

Saxophoniste au son charnu et rond, identifiable dès les premières mesures, Manu Dibango savait aussi être pianiste, vibraphoniste, joueur de marimba, pouvait jouer de la mandoline et, récemment, du balafon. Il était également chanteur, arrangeur et chef d’orchestre. Le compositeur de Soul Makossa (1972), le titre avec lequel il avait acquis une notoriété mondiale, résumait tout cela en une formule, lancée dans un de ces puissants éclats de rire qu’il semait à la volée : « Je me contente de faire de la musique. »

Son histoire commence sous le nom d’Emmanuel Dibango, né d’une mère couturière et d’un père fonctionnaire, le 12 décembre 1933, à Douala, le port où débarquèrent les premiers Européens au Cameroun. L’organiste du temple protestant où sa mère est chef de chœur lui met la musique à l’oreille et puis un oncle, vaguement guitariste.

En 1949, il a 15 ans lorsque son père l’envoie en France, pour faire des études. Après vingt et un jours de traversée, il débarque à Marseille, avant de rejoindre sa famille d’accueil à Saint-Calais (Sarthe). Au milieu de ses bagages, il y a trois kilos de café qui paieront à ses hôtes son premier mois de pension. Manu Dibango aimait raconter cette anecdote qui lui inspirera le titre de sa première autobiographie, écrite en collaboration avec Danielle Rouard, Trois kilos de café (Lieu commun, 1989) – une seconde paraîtra en 2013, chez L’Archipel, Balade en saxo, dans les coulisses de ma vie.

Après le collège à Saint-Calais, il fréquente le lycée de Chartres, où il apprend le piano avec un des enseignants. C’est pour lui l’âge des premières cigarettes et surtout la découverte du jazz, grâce à un compatriote de quatre ans son aîné, rencontré en colonie de vacances, à Saint-Germain-en-Laye, Francis Bebey (1929-2001), lui aussi futur musicien camerounais notoire. Celui-ci lui fait aimer Duke Ellington. Ils créent ensemble un trio dans lequel Dibango tient mandoline et piano.

Installation à Léopoldville

Au début des années 1950, Dibango découvre le saxophone alto, son futur identifiant. L’année de son bac, préparé (plus ou moins) à Reims, il file à Paris pendant les vacances, y passe ses nuits à fréquenter caves et cabarets où frétille le jazz. Il ne pense pas encore faire de la musique un métier mais son échec au bac va ouvrir le chemin.

Quand son père lui coupe les vivres, en 1956, il part à Bruxelles. Embauché au Tabou, un cabaret à la mode, il y séduit un mannequin, Marie-Josée dite « Coco », qui deviendra sa femme. Puis il tourne à travers la Belgique avant de prendre la direction de l’orchestre d’une boîte bruxelloise, Les Anges noirs.

Un jour y passe Joseph Kabasele, dit « Grand Kallé » (1930-1983), l’un des ténors de la rumba congolaise. Il est le créateur d’Indépendance cha cha, l’hymne des indépendances africaines et le premier tube panafricain, composé à Bruxelles, en 1960, au moment de la table ronde réunissant les dirigeants politiques congolais et les autorités belges. « Grand Kallé » embauche Manu Dibango comme saxophoniste dans son orchestre African Jazz, lui fait enregistrer avec lui et son groupe une quarantaine de titres dans un studio à Bruxelles, puis l’emmène en Afrique.

Dibango s’installe avec sa femme à Léopoldville (future Kinshasa) où il ouvre son propre club, le Tam-Tam. En 1962, il débute une carrière discographique sous son nom en gravant des 45-tours à Léopoldville ou Bruxelles, dont le fameux Twist à Léo (Léo pour Léopoldville), un de ses premiers succès.

Après une courte période de retour au Cameroun où il ouvre un second Tam-Tam, le musicien retourne s’installer en France, y collabore avec Dick Rivers, Nino Ferrer – dont il devient le chef d’orchestre –, Mike Brant… tout en continuant à enregistrer des 45-tours. Après un premier album, Saxy Party, constitué de reprises et de compositions, l’année 1972 marque le départ d’une nouvelle vie.

Triomphe à l’Olympia

Outre la parution d’African Voodoo (réédité en vinyle en 2019, sur Hot Casa Records), réunissant des enregistrements à l’origine destinés à servir de musiques d’illustration pour la publicité, la télévision et le cinéma, pour lequel il composera plusieurs bandes originales au fil de sa carrière, 1972 est surtout l’année de Soul Makossa. Un titre que son auteur pensait anecdotique, relégué sur la face B d’un 45-tours, au verso de l’hymne que Dibango avait composé pour soutenir l’équipe du Cameroun, pays qui accueillait la 8e Coupe d’Afrique des nations de football.

https://www.youtube.com/watch?v=o0CeFX6E2yI

Inclus dans l’album O Boso, Soul Makossa se vendra à des millions d’exemplaires à travers le monde. Le tube sera « emprunté », sans autorisation, par Michael Jackson pour Wanna Be Startin’ Somethin’ sur l’album Thriller (1982). Il sera encore cité par Rihanna dans Don’t Stop the Music (2007) et par Jennifer Lopez dans le clip de Feelin’ So Good (2012).

Soul Makossa permet à Manu Dibango de triompher à l’Olympia en 1973, tout en lui ouvrant les pistes de danse africaines et les ondes aux Etats-Unis. Le DJ new-yorkais David Mancuso, organisateur des soirées disco du Loft, avait craqué pour ce groove d’une efficacité redoutable.

Manu Dibango est invité dans la foulée au prestigieux Apollo Theater, à Harlem, puis par le Fania All Stars, qui réunit le gotha d’une salsa en pleine ébullition à New York. « A l’époque, racontera-t-il, chacun revendiquait les racines africaines dans le Black et le Spanish Harlem. Les Fania All Stars m’ont demandé de tourner avec eux. J’étais le seul Africain de la bande, j’apparaissais donc un peu comme un symbole. »

Avec le Fania, Dibango se produit au Madison Square Garden, au Yankee Stadium, tourne en Amérique latine. Après cette aventure, il jette l’ancre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pendant quatre ans pour y diriger l’Orchestre de la Radio-télévision ivoirienne. Viendront ensuite l’envie de toucher au reggae, à la musique cubaine, aux sons urbains dans l’air du temps (hip-hop, électro), sans jamais oublier le jazz, fil rouge au long de ces déambulations musicales.

https://www.youtube.com/watch?v=RAsk-FW1vsQ

Nommé artiste de l’Unesco pour la paix en 2004, Manu Dibango a souvent mis sa notoriété au service de combats : lutte contre la faim dans le monde (Tam-Tam pour l’Ethiopie), libération de Nelson Mandela et liberté d’expression, réchauffement climatique. Son métier de musicien le mettait toujours autant en joie et il était occupé à préparer un projet autour du balafon. « Je suis passionné et curieux », résumait-il, pour indiquer que raccrocher n’était pas à l’ordre du jour pour lui. »

Patrick Labesse, Le Monde, le 24 mars 2020.

https://www.youtube.com/watch?v=cAR0NUIXRe0

En Guinée, l’emprise du politique sur le culturel se poursuit. Par conviction ou par opportunisme, certaines formations musicales deviennent les outils de la propagande du régime de Sékou Touré.

Le Bembeya Jazz National, figure de proue du gouvernement, essuie un coup dur en 1973, avec le décès de son chanteur, Demba Camara, kors d’un accident de voiture.

https://www.youtube.com/watch?v=lMAa7C5uFAA

La politique d’authenticité prônée par Ahmed Sékou Touré (1922-1984) dès son accession au pouvoir en 1958 et visant à fondre les différentes musiques des peuples qui composent la Guinée dans un style populaire national se traduira par la création de plusieurs orchestres nationaux, dont  Keletigui et ses tambourinis, dirigé par Keletigui Traoré. Son répertoire est une modernisation des musiques malinké, peul, soussou ou baga, originaires de la Guinée.  

https://www.youtube.com/watch?v=eZ7813uomG0

L’Orchestre du Jardin de Guinée devient dans ces années Balla et ses Balladins, du nom de son créateur, Balla Onivogui.

https://www.youtube.com/watch?v=VdcW6r_1wzc&list=OLAK5uy_kCnQe_zRntWSbdmq7nAZybCOURDSBuQlU&index=22 

Le coup d’envoi du renouveau de la chanson québécoise dans les années 70 est donnée par le spectacle L’Osstidcho (1968) de Robert Charlebois. Précisons que ce nom est un néologisme pour « l’hostie de show » et que « hostie », « tabernacle » qui se prononce « tabarnak », « criss » pour Christ sont des jurons habituels au Québec.

Le show de Charlebois met en scène un langage fait d’élisions, de relâchements syntaxiques et grammaticaux, de consonnes escamotées, de jurons et d’anglicismes. Il s’empare de la vraie langue populaire de la Belle Province.

Charlebois, donc, mais aussi Diane Dufresne, Louise Forestier, Beau Dommage, qui avaient commencé à chanter au mitan des années 60, continuent à le faire avec beaucoup de succès, mais d’autres artistes et d’autres groupes se font connaître.

Si on s'en tient au seul critère de popularité, la musique d'Octobre n'a pas suscité le même engouement que celle d'autres groupes contemporains tels Beau Dommage, Harmonium ou Offenbach. Cette cellule rock dont le nom même se voulait provocateur, dans le contexte social et politique de l'époque, n'en connut pas moins un départ fulgurant avec la chanson La maudite machine qui fut un des premiers hymnes de la jeunesse québécoise contestatrice.

https://www.youtube.com/watch?v=gOBJemp1-rI

Le quatuor est créé en 1972 par Pierre Flynn, chanteur soliste et claviers ; Jean Dorais, guitares ; Mario Légaré, basse et Pierre Hébert, batterie.

Entre 1974 et 1980, Octobre est de tous les grands événements musicaux au Québec et se produit aussi en Ontario et dans les Maritimes, lançant plusieurs autres albums: "Les nouvelles terres", "Survivance", "L'autoroute des rêves", "Chants dans la nuit" et "Clandestins.

https://www.youtube.com/watch?v=Z-VwIqcxffg


Le premier succès des jumeaux Richard et Marie-Claire Séguin, Les Séguin, est une version électrique de la chanson Le train du Nord de Félix Leclerc.

Ce titre va faire partie de l’album Séguin où l’on trouve aussi deux chansons sur la condition autochtone, Génocide et Som Séguin.

https://www.youtube.com/watch?v=qfZPVKUAJNY

En 1975, sort le disque Récolte de rêves, qui sera l’un des albums phares de l’époque.  On y trouve un titre de Gilles Vigneault, Chanson démodée ; un autre de Raoul Duguay, Les saisons ; ainsi que les chansons composées pour l’album, Hé Noé, À la pleine lune, Le roi d'à l'envers

Le nouvel opus des Séguin, Festin d’amour, paraît en 1976 et marche moins bien que l’antérieur. Chacun des jumeaux entreprends alors des projets en solo.

https://www.youtube.com/watch?v=wqGv2a5-oCE

Jean-Pierre Ferland, qui comme Charlebois a commencé â chanter, et à enregistrer, dans les années 60, connaît un énorme succès avec l’album Jaune qui date de 1970.

Ferland, tout juste rentré de France, assiste à l’Osstidcho et la performance de Charlebois le bouleverse, lui qui, jusque-là, ne jurait que par Jacques Brel et Félix Leclerc. Pour composer son nouvel album, il décide de faire appel à Michel Robidoux, le guitariste de Charlebois. Le titre phare de l’album : Le petit roi.

https://www.youtube.com/watch?v=HCKatKQZGnU

Il s’agit aussi de la première production québécoise à utiliser des synthétiseurs Moog.

L’album est présenté à la Place des Arts par un spectacle audacieux incluent sur scène un bulldozer, évidemment jaune.

L’année suivante sera celle du double album Soleil

https://www.youtube.com/watch?v=FUIEWdh72yo

Jean-Pierre Ferland a réussi sa mutation et fait partie des piliers de la nouvelle chanson québécoise qui met sur le même plan la modernité et la poésie.

Cependant, à partir de 1978, l’animateur télé va l’emporter sur le chanteur. Il ne produit dès lors que trois albums : Jean-Pierre Ferland (1980), Y’a pas deux chansons pareilles (1981) et Androgyne (1984). 

Ayant commencé à chanter à 12 ans avec le groupe country les Montagnards, Claude Dubois (1947), découverte de l’année de la Boîte à chanson Le Patriote, en 1967, est surtout connu, hors du Québec, comme étant l’interprète du Blues du businessman de l’opéra rock Starmania.

Après des années de voyages, le chanteur sort, en 1972, l’album Dubois dont les titres phares sont Évolution, Pas de roses et, surtout, Le Labrador.

https://www.youtube.com/watch?v=Fep4y3hUYgA

Un an plus tard, c’est le tour de Touchez Dubois, où l’on trouve Besoin pour vivre, La vie à la semaine, Femmes de rêve et Bébé jajou latoune.

https://www.youtube.com/watch?v=10q-_g_e6qY

Après le premier album de reggae enregistré par un artiste québécois, Mellow Reggae, Claude Dubois sort, en 1978, Fables d’espace et se voit attribuer le rôle de Zéro Janvier dans la version originale de Starmania de Luc Plamondon et Michel Berger. Le Blues du businessman sera le plus grand succès de sa carrière.

https://www.youtube.com/watch?v=ATRl9ePLq7k

Sortie Dubois sort en 1982 suivi de Face à la musique (1985), Chapitre (1987) et À suivre (1991).

Gelsomina : Signé Dubois, un hommage à Federico Fellini, paraît en 1996.. dont le pendant Zampano, sort dix ans plus tard.

https://www.youtube.com/watch?v=IhrMyXdkG10

En 1972, Serge Fiori et Michel Normandeau forment le groupe Harmonium qui, au début, chante en anglais. Le contexte politique du Québec dans les années 70, les fera revenir au français.

Un an plus tard, le bassiste Louis Valois se joint à eux et ils sortent l’album éponyme qui remporte immédiatement un grand succès. Il s’agit d’un disque folk progressif dont les titres Un musicien parmi tant d'autres, Harmonium et surtout Pour un instant sont les plus populaires.

https://www.youtube.com/watch?v=RkC9HgrRq3Q

En 1975, paraît le second album, Si on avait besoin d’une cinquième saison. Les musiciens sont maintenant cinq, Pierre Daigneault, flûte, saxophone et clarinette ainsi que Serge Locat, piano et synthétiseur, s’y sont ajoutés.

Le morceau le plus connu de l’album est sans doute Dixie, sous-titré « Une toune qui me revient », vient ensuite Depuis l’automne qui débute au son des ondes Martenot, entrecoupé de guitare et de flûte.

Depuis l’automne évoque les aspirations souverainistes du Québéc des années 70 :

« Depuis que j'sais qu'ma terre est à moé

L'autre, y est en calvaire

Eh ! calvaire, on va s’enterrer !

Si c't'un rêve réveille-moi donc

Ça va être not' tour ça s'ra pas long

Reste par icitte parce ça s'en vient... »

https://www.youtube.com/watch?v=0eZlrxvaBhE

En 1976, Harmonium sort un troisième album, L’Heptade dont on ne peut tirer aucun 45 tours, chaque chanson durant au moins 10 minutes.

« On s’est rendu compte que, dans toutes les religions principales, autant dans la bible que dans le bouddhisme ou l’hindouisme, le chiffre 7 avait toujours une importance primordiale », explique l’auteur-compositeur-interprète Serge Fiori.

« J’ai imaginé un voyage initiatique à travers la colonne vertébrale de quelqu’un. Un voyage qui passe de l’inconscience à la conscience en sept étapes. Pour arriver à écrire là-dessus, fallait toutefois que je vive l’expérience au ‘’je’’ en intégrant les concepts des sept niveaux de conscience. Pour vrai, ce Noël-là, je l’ai pas vu passer pantoute. J’étais complètement parti dans ma tête », poursuit-il.

Devant l’ampleur du projet, Fiori fait appel au chef d’orchestre Neil Chotem, un musicien confirmé qui accepte de travailler de pair avec ces très jeunes musiciens.

L’Heptade est une œuvre complexe qui a marqué l’histoire de la musique québécoise.

https://www.youtube.com/watch?v=Jvl4joxFQEQ

En 1980, parait le dernier album du groupe : Harmonium en tournée, un enregistrement d’un spectacle qu’il avait donné à Vancouver trois ans plus tôt. 

Boule Noire, Georges Thurston de son vrai nom, est un musicien soul et disco qui détonne un peu dans le paysage musical québécois des années 70.

Entre 1970 et 1975, il joue aux côtés de nombreuses vedettes, Robert Charlebois, Michel Pagliaro, Claude Dubois …

En 1976, sort son premier album, Boule Noire, en référence à sa coupe de cheveux afro.

La chanson Aimes-tu la vie comme moi ? propulse sa carrière.

https://www.youtube.com/watch?v=s8Ljr8i_v1s

 

 Rocker, chansonnier, bluesman…, Plume Latraverse est avant tout un poète pour qui la musique est un véhicule privilégié, mais jamais son seul mode d’expression.

Il forme, au tout début des années 70, le groupe La Sainte Trinité avec Pierre Landry et Pierrot Léger avec qui il enregistre l’album Triniterre.

En 1972, Plume reprend la route tout seul. Il enregistre Plume Pou Digne en 1974. On y trouve du blues rock, Rideau ; une fable réaliste, Léopold Gibouleau, ainsi que des rythmes latins, Calvaire, Bossa Motta et des ballades, Encore des mots.

L’album suivant, Le vieux show son sale est aussi éclectique et va du blues au tango. On y trouve du swing, Lit vert ; du rock années 50, Rock’n roll du grand flanc mou et Rat qui roule. Le grand succès de l’album est le titre Bobépine. 

https://www.youtube.com/watch?v=lRPsgjf2qNw

En moins de deux ans, Plume Latraverse se taille une place de choix dans le paysage sonore du Québec, celle de la contestation joyeuse, trop consciente de l'absurdité de l'existence pour se prendre au sérieux, mais trop éveillée pour garder le silence.

Avec les albums Chirurgie plastique (1979) et Livraison par en arrière (1981), l’observateur de son époque se fait encore plus critique avec des chansons comme Cul d'sac rock, Le moins beau merle et Don Quichiotte. Il frôle aussi la nostalgie dans Salut Trenet ! et Ô petit restaurant du coin.

https://www.youtube.com/watch?v=OlF5TzrnRO0

Puis, Plume Latraverse va alterner la publication d’œuvres littéraires, Vôgrador, Pas d'admission sans histoire, Striboule et la parution d’albums, Métamorphoses (1982), Chansons pour toutes sortes de mondes (1990), Mixed Grill (1998), Chants d’épuration (2002), Hors saisons (2007) où l’on trouve les titres Trop, L’âge où l’on, Le migratoire, Le blues d’la plinthe ou À tire larigot.

https://www.youtube.com/watch?v=hmPjVIEyamc

 Michel Pagliaro aborde une carrière solo en 1968, avec une reprise du grand succès de Claude François, Comme d’habitude. Il chante aussi bien en français qu’en anglais.

Son premier succès, À t’aimer, date de 1969, suivi par Pour toi, pour toi ; Mama river et J’ai marché pour une nation.

Pagliaro aborde une carrière anglophone au début des années 70 avec Give us one more chance et Lovin’ you ain’t easy.

En 1972, J’entends frapper devient immédiatement un tube.

https://www.youtube.com/watch?v=GH6-YHY4m3o

En 1975, sortent Pagliaro et Pagliaro I, respectivement en français et en anglais. Certains titres se retrouvent sur les deux disques, comme Louise, Faire le trottoir (Walking the dog) …

En 1976, Pagliaro reprend la même formule bilingue pour les albums Aujourd’hui et Time race. La chanson de ce nom devient en français Le temps presse.

En 1979, sort Rock’n Roll, avec C’est comme ça que ça roule dans l’nord, Toujours la musique et Le p’tit train, d’inspiration reggae.

https://www.youtube.com/watch?v=jpXa-bFHdx0

Dans le disque Bamboo (1981), l’artiste s’approche de la new wave avec des titres comme Romantique et Travailler.

Durant ce qui reste des années 80, Pagliaro devient producteur, entre autres, pour Higelin, dans ses deux albums et Higelin à Bercy.

En 1987, il sort deux titres, Dangereux et Les Bombes.

L’année suivante paraît l’album Sous peine d’amour, dont les titres L’espion et Héros remportent un grand succès.

https://www.youtube.com/watch?v=a4YJQwl60pA

 

En 1755, des Canadiens français, natifs de l’Acadie, qui refusaient de prêter serment d’allégeance à la couronne britannique furent déportés en Louisiane. Ils y devinrent les Cajuns, un e déformation de Cadiens.

Cette histoire douloureuse a forgé au fil des siècles une identité propre aux Cajuns qui les singularisa longtemps à tel point que le gouvernement des Etats-Unis interdira au milieu du XXème siècle l'usage de la langue française.

Dans les années 70, sous l'impulsion du CODOFIL (Conseil pour le Développement du Français en Louisiane) la culture cajun reprend vie en Louisiane. La langue de Molière devient langue officielle dans cet état et est enseignée dans les écoles.

C’est dans ce contexte que Zachary Richard, né en 1950 à Lafayette, va puiser son inspiration.

Son premier album, Le Bayou des mystères, sort en 1976. Son second opus, Mardi Gras, paraît un an plus tard avec la reprise d’un chanson traditionnelle cajun, Travailler c’est trop dur, qui sera reprise plus tard par Julien Clerc.

https://www.youtube.com/watch?v=XCWIXIEizKM

Migration sort en 1978 et devient disque d’or au Québec, puis paraissent Allons danser en 1979, Live à Montréal en 1980 et Vent d’été en 1981.

Après quelques albums en anglais, Zachary Richard revient au français en 1996 avec l’album Cap enragé suivi, en 1999, par Cœur fidèle.

En 2007, sort Lumière dans le noir où l’on trouve Ô Jésus, sur le gpénocide au Rwanda ; Le Souvenir, un souvenir de Beyrouth bombardé et La promesse cassée en duo avec Francis Cabrel.

https://www.youtube.com/watch?v=IDje3sZI4GI

Les années 60, ce sont, pour l’Occident chrétien, les années de la jeunesse, de cette jeunesse qui se donnait pour mission de tout chambarder, qui remettait tout en question : l’amour, la mort, l’argent, la maternité, la beauté, etc. Et c’est la musique qui était le principal moyen d’expression, on se souvient de Woodstock… Cela ne se passait pas différemment à Port-au-Prince, mais dans les années 70. De jeunes musiciens ont sauté sur la scène, avec un style original, une énergie nouvelle", écrit l’écrivain haïtien Dany Laferrière dans Le goût des jeunes filles.

Le groupe le plus emblématique de cette époque est Les loups noirs, créé par l’organiste et pianiste Henri Pigniat et le chanteur Gardner Lalanne.

Ils jouent aussi bien du compas direct que de la biguine sur lesquels souffle l’esprit funk des années 70, et sillonnent la Caraïbe aussi bien que les Etats-Unis et l’Europe

https://www.youtube.com/watch?v=OWOx8SGqnAs

 

Formé tout d’abord au chant lyrique, ayant même fait des études dans ce domaine en Allemagne ainsi qu’au Conservatoire de Chicago, Ansy Dérose (1934-1998) décide poursuivre sa carrière dans son pays natal.

« En 1972, avec l'assistance et le soutien du producteur haïtien Marc Duverger, Ansy sort son premier album intitulé « Ansy, sa musique et sa poésie », qui a gagné l'admiration des mélomanes. Toutes catégories confondues.

https://www.youtube.com/watch?v=Gvht9YolGj0

Deux ans plus tard, en 1974, il sort « Quo Vadis Terra », son second album qui a connu un succès continu. (…) Au cinquième « Festival International de la Chanson et de la Voix de Porto-Rico », en octobre 1979, Ansy entre scène avec sa femme Yole Ledan Dérose, douée d'un grand talent de parolière et dont la douce voix concordait parfaitement avec la sienne. Avec la chanson « Merci », le couple chanteur gagne le deuxième prix du festival. (…)  Ainsi débute la grande carrière artistique de ce couple, qui reste désormais mythique pour tout le public (…) Le 11 mai 1985, 25 000 spectateurs ont assisté au spectacle en « Hommage à la Jeunesse » au Stade Sylvio Cator, donné par le couple Dérose. Anacaona, le premier album commun de Yole et Ansy, a connu comme les précédents, et peut être davantage encore, un succès fou. Le spectacle monté à partir de l'album présenté en primeur au théâtre des Beaux-Arts à Porto-Rico fait vibrer toute la Caraïbe. Ce même spectacle, repris au Carnegie Hall et au Rex Théâtre, laissera un merveilleux et inoubliable souvenir tant au peuple américain qu'au peuple haïtien. (…) De 1990 à 1996, Ansy et Yole se produiront en spectacle pour le bonheur et la joie du public haïtien et étranger, épris de l'excellente qualité de leur performance sur scène. (…)

https://www.youtube.com/watch?v=Kxq-mMRvOm0

À la fin de l'année 1995, Ansy apprend de ses médecins soignants qu'il est atteint d'un cancer du côlon. Un an plus tard, soit le 20 décembre 1996, devant près de 5.000 spectateurs, à la Henfrasa, Ansy et Yole, accompagnés de plusieurs musiciens, font leurs adieux à la scène. Pour consigner dans le temps cette irrévocable décision, le couple chanteur brûle devant un public stupéfait, leurs premiers costumes de scène. Et avant la fin du mois de décembre de l'année 1996, Yole et Ansy ont publié une compilation de 32 de leurs chansons à succès, intitulée, « les titres d'or ». C'est chez lui, à Delmas 19, que Ansy, fatigué par la maladie, a signé les 14 et 15 décembre 1997, son dernier album, « Haïti Mélodie d'amour ». D'aucun dira que c'est « un album somptueux, où il laissa exploser dans toute sa plénitude et sa splendeur son lyrisme ravageur et sa spiritualité ». Le hasard n'est pour rien dans la grande carrière réussie d'Ansy Dérose. Que ce soit sur le plan professionnel ou artistique, l'intelligence, la détermination d'Ansy, son désir de se perfectionner ont joué un rôle déterminant dans ses nombreux succès, dont Haïti a été surtout bénéficiaire sur la scène internationale. (…) Ansy Dérose est un soleil qui a brillé sur Haïti et sur le monde, une lumière qui a brillé pour Haïti et pour le monde. Malheureusement, cette lumière s'est éteinte un samedi matin 17 janvier 1998 »

Gaspard Dorélien, Le Nouvelliste, le 16 janvier

Magnum Band, groupe de Compas, est fondé en 1975 par les frères André et Claude Pasquet. Ils utilisent des arrangements des cuivres à la manière des groupes américains de R&B comme Earth Wind and Fire. Le groupe est toujours resté fidèle à ce style.

https://www.youtube.com/watch?v=pj8J7kjDD1k

 

Dans la Caraïbe française, lors des conflit sociaux, notamment durant les grèves, les musiques tambourinaires et ancestrales, gwoka en Guadeloupe, bèlè en Martinique et kasékò en Guyane, cette « misik de vié nèg », non pas âgés mais sales et négligeables, se font entendre.

Et puis, avec le temps, ces rythmes ont fini par s’imposer comme une évidence dans le paysage musical des Antilles.

Au début des années 70, bien avant que le zouk fasse son apparition, plusieurs groupes, La Perfecta, Les Aiglons, Super Combo, Malavoi,  faisaient danser toutes les générations.

La Perfecta conçoit une musique en majeure partie créolophone, empreinte d'influences latino-américaines (salsa, rumba et merengue), jazzy et calypso, mixées à une base traditionnelle autour de la biguine, de la mazurka et de la kadans.

La formation, qui évolue progressivement de 1970 à 1977 au gré des départs et arrivées de jeunes musiciens non professionnels, jusqu'à obtenir une couleur quasi linéaire durant cinq années de 1978 à 1982, a forgé un style reconnaissable et identifiable, appuyé par une orchestration particulière, car c’est le seul groupe antillais de l'époque (années 1970) à pratiquer un chœur harmonique et régulier de trois voix masculines.

https://www.youtube.com/watch?v=_IA4U9JCvxg&list=PLysUyb2RNolnLS5sv4VlWFj400-MbE2B1&index=3

Après des années de silence, et quelques soubresauts en 1984, 1990 et 1998, l'orchestre est reparti en 2002 avec sa vieille garde du socle 1970-1978 assorti d'un apport de jeunes musiciens.

Leur chanson La Divinité (1979) fait office de générique du long métrage de Lucien Jean-Baptiste, La Première Étoile sorti sur les grands écrans en 2009.

https://www.youtube.com/watch?v=lc8N91AquAM

Issus du quartier Bas-du-Bourg à Basse-Terre en Guadeloupe, Les Aiglons est un groupe de kadans guadeloupéen créé en 1970.

Dans les années 70, les groupes guadeloupéens en vogue s’appelaient Les Léopards, Les Jaguars, Les rapaces faisant référence à des animaux forts et invincibles. C’est pour cela que Les Vicomtes adoptent le nom des Aiglons. Ce groupe, comme presque tous les groupes de kadans, a été fortement influencé par la musique haïtienne qui a submergé les Antilles à partir des années 1950. Dans les années 70, les Aiglons ont sorti pas moins de 6 albums produits par Debs Music. Les Aiglons c’était « douze garçons dans le vent » au look tendance pour l’époque : coiffures afro, patte d’ef, chaussures canard, etc.

https://www.youtube.com/watch?v=fDb_Q7rnqvw

Malavoi naît en 1972. Le malavoi est une variété de la canne à sucre ainsi qu’une rue de l’île de Gorée d’où les esclaves partaient cers les Amériques.

Le groupe insuffle une nouvelle énergie à des vieux airs antillais des années 30 et 40.

Toutes les influences, l’Afrique, le Brésil, le jazz, les Caraïbes, sont les bienvenues. Au son des violons, la griffe du groupe, les Martiniquais redécouvrent leur tradition musicale.

Leur premier album éponyme sort en 1978, on y découvre la voix du chanteur Ralph Thamar.

Dès les années 80, Malavoi tourne dans le monde, l’Hexagone tout d’abord, puis le reste de l’Europe et l’Amérique.

La réalisatrice haïtienne Euzhan Palcy leur commande, en 1983,  la musique de son film Rue Case Nègres.

 https://www.youtube.com/watch?v=BLjumaH90m4

Super Combo est un groupe créé dans les années 70 à Pointe Noire, en Guadeloupe. Il fait danser les Antilles ainsi que la France métropolitaine jusqu’aux années 90.

https://www.youtube.com/watch?v=eIiqqHiw8Fo

 

 

 

 

 

 

 

 

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