UNE PETITE HISTOIRE DE LA CHANSON EN FRANÇAIS (14)
LES ANNÉES
60
Une certaine prospérité s’installe en France. Le chômage est encore inconnu.
Dans ce contexte, le rock’n’roll né
aux États-Unis avec Bill Haley en 1951 et popularisé par Elvis
Presley à partir de 1954, tout juste débarqué, séduit une partie de la
jeunesse qui est devenue un groupe social à part entière avec ses propres
valeurs et surtout son propre pouvoir d’achat.
Les années 60 sont celles des rockers
(Johnny Halliday, Eddy Mitchell et Dick Rivers), des yé-yé
(Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Sheila, Claude
François, France Gall), des “folkeus” (Hugues Aufray, Graeme
Allwright, Jean-Michel Caradec) qui adaptent le répertoire des “folk
song” et “protest song” américaines (Peter, Paul and Mary, Bob Dylan).
La chanson rive gauche et même la chanson
traditionnelle ont du mal à résister devant la vague yé-yé, une variante un
brin édulcorée du rock, qui va envahir tout le panorama musical français.
Quelques fortes individualités défendent la
chanson poétique :
Francesca Solleville (1935) dont la volonté d’engagement se manifeste par le choix des auteurs de ses chansons : Aragon, Maurice Fanon (La petite Juive) ; Jean Ferrat (Nuit et Brouillard) ; Nazim Hikmet (Face à la porte de fer) ; Gougaud (Viêt Nam), qu’elle interprète d’une voix puissante, vibrante d’émotion.
Elle
chante dans de nombreux cabarets, notamment à l'Écluse, où elle se produit avec
Barbara, à La Contrescarpe où Elsa Triolet et Louis Aragon viennent l'entendre
chanter, à La Colombe où elle croise Pierre Perret et au Port du Salut où
chantent également Christine Sèvres, Jacques Debronckart, Maurice Fanon, Pia
Colombo, Pierre Louki, Ricet Barrier. Elle enregistre son premier 45 tours Francesca
Solleville chante Aragon et Mac Orlan.
En 1960,
elle chante pour son deuxième 45 tours Luc Bérimont, Aragon et Ferré. En 1961
elle chante Mac Orlan dans un nouveau 45 tours.
En mai
1962, paraît son premier album 25 cm, intitulé Récital no 1, où elle chante les
poètes Paul Fort (La Marine, mis en musique par Georges Brassens),
Charles Baudelaire, Louis Aragon et Jean Ferrat (J'entends, j'entends).
https://www.youtube.com/watch?v=yDCK03v8vXw
Dans les
années 1960, elle enregistre également des chansons d'Hélène Martin, Georges
Coulonges, Yani Spanos, Philippe-Gérard, Serge Rezvani, et des poèmes de
Guillaume Apollinaire et Jean Genet.
Elle
interprète des chansons engagées contre le nazisme, le franquisme, la guerre du
Viêt Nam.
https://www.youtube.com/watch?v=3cB-87Yrofk
En 1975, elle sort Chants d'exil et de lutte sur des textes de Pablo Neruda. En 1988, elle célèbre le bicentenaire de la Révolution française avec Musique, citoyennes ! Allain Leprest écrit les paroles de son album Al Dente de 1994.
En 2004, elle publie son autobiographie, A piena voce, écrite avec la collaboration de Marc Legras. En 2009, elle fête ses 50 ans de chanson.
Jean Ferrat (1930-2010) excelle quand le social et le politique sont traduits en poésie : Au printemps, De quoi rêvais-tu ? Nuit et Brouillard, Camarades. Il y a trois tendances chez Ferrat, la
chanson populaire (“ma môme elle joue pas les starlettes...elle travaille en
usine...”); la chanson poétique (“la mer sans arrêt roulait ses galets”)
et la chanson politique (“il voulait simplement ne plus vivre à genoux”)
En 1957, il chante, en s'accompagnant à la
guitare, dans quelques cabarets de la Rive gauche : Milord l'Arsouille, La
Colombe, L'Échelle de Jacob, La Rôtisserie de l'Abbaye.
Faisant référence à la directive « Nuit et brouillard » qui ordonnait la déportation de tous les ennemis ou opposants du Troisième Reich, il écrit et interprète Nuit et brouillard, en mémoire des déportés victimes des camps de concentration et des centres d'extermination nazis, dont son père, juif émigré de Russie mort à Auschwitz34 : « Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel / Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou / D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel / [...] les Allemands guettaient en haut des miradors, la lune se taisait comme vous vous taisiez», chante-t-il, interpellant par ses vers la passivité de beaucoup durant l'Occupation et le Régime de Vichy. Malgré la censure non avouée des autorités qui « déconseillent » son passage sur les ondes, la chanson connaît un très grand succès auprès du public et lui vaut le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros.
https://www.youtube.com/watch?v=CwGaG5IMiyE
https://www.youtube.com/watch?v=cR1HNrjKwYg
En 1969,
Jean Ferrat chante Ma France, chanson phare de l'album homonyme.
https://www.youtube.com/watch?v=XAbbzXe8NwM
En 1972,
il fait, au Palais des Sports de Paris, ses adieux à la scène.
Dès lors,
Ferrat, qui habite en Ardèche, sortira les albums La femme est l’avenir de
l’homme (1975), Ferrat 80, Je ne suis qu’un cri (1985), Dans
la jungle ou dans le zoo (1991) et, 1995, un disque avec des textes
d’Aragon qu’il a mis en musique.
Il meurt à Aubenas (Ardèche) le 13 mars 2010.
Attiré par le jazz moderne, il recherche des
sonorités nouvelles, ce qui ne l’empêche pas de célébrer la ville rose où il
est né (Toulouse) ou même d’écrire en 1968 Paris mai, ce qui lui
vaudra d’être interdit à la radio. Les succès se multiplient jusqu’en 1980 où
commence sa traversée du désert qui prend fin en 1988 avec l’album Nougayork.
https://www.youtube.com/watch?v=BCYo4a0DHJM
Ses thèmes sont l’érotisme, la mort et
surtout la femme. Il redonne aux mots, en pleine vague yé-yé, une valeur
magique. L’important de son chant tient d’une part à la richesse harmonique de
sa voix et, d’autre part, au sens qu’il donne à la phrase, tiré du jazz, de la
bossa-nova et même de la java.
https://www.youtube.com/watch?v=zmRgXOw1o3A
Quand le jazz est
Quand
le jazz est là
La
java s'en
La
java s'en va
Il
y a de l'orage dans l'air
Il
y a de l'eau dans le gaz
Entre
le jazz et la java
(…)
Le
jazz et la java
Métamorphoses
de la chanson française (1945-1999)
Paul
Garapon
Esprit
– Juillet 1999
https://www.youtube.com/watch?v=8FyZNN08j2M
« Nougaro, le poète qui faisait swinguer les mots
Place
du Capitole, au cœur de Toulouse, un rassemblement doit être organisé, vendredi
5 mars, en hommage à Claude Nougaro, mort la veille d’un cancer, à 74 ans. La
disparition du chanteur et poète a suscité d’innombrables réactions, de Jacques
Chirac à Kool Shen, du groupe NTM.
Cette
émotion est à la mesure d’un parcours musical et poétique qui a mené Nougaro
des classiques de la chanson française –il a écrit pour Édith Piaf- aux
musiques venues d’Afrique, via l’Amérique du Nord et le Brésil. Ce “blanc de
peau” avait su faire swinguer la langue française comme personne, collaborant
avec de grands jazzmen français –Eddie Louiss, Maurice Vander-, reprenant les
thèmes de leurs collègues américains, Dave Brubeck ou Sonny Rollins. “Ils nous
a décomplexés de notre accent” dit de lui Magyd Cherfi, du groupe Zebda. »
Le
Monde
6 mars 2004
En 2021, Mouss
et Hakim, deux intégrants du groupe Zebda, originaires de Toulouse, sortent
leur album Darons de la Garonne composé de textes inédits de Claude
Nougaro que leur a fourni la sœur du chanteur.
https://www.youtube.com/watch?v=GkpvD63PlqA
Fils d’immigrés italiens, né en 1922 à Reggio Emilia et arrivé à Paris tout enfant, Serge Reggiani, est tout d’abord acteur (Les portes de la nuit, Casque d’or). Il commence à chanter en 1965, quand Jacques
Canetti, le patron des Trois-Baudets, le convainc d’enregistrer un disque de
chansons de Boris Vian. Peu après, Barbara lui offre d’assurer sa première
partie. Elle lui enseigne les ficelles du métier.
Avec Les loups sont entrés dans Paris (Vidalie-Bessières)
et Le déserteur (Vian), il conquiert un public beaucoup plus jeune que
lui.
https://www.youtube.com/watch?v=8v77VIxElwM
Peu à peu, sa carrière de chanteur éclipse
celle d’acteur. Les meilleurs auteurs écrivent pour lui, Moustaki (Ma
liberté, Sarah), Lemesle (Le barbier de Belleville), Dabadie
(Hôtel des voyageurs), Gainsbourg (Maxim’s)...
Il chante dans toutes les salles, cabarets,
Bobino, Olympia, mais il n’ira pas au Zénith ni à Bercy, il a besoin de
l’intimité du public.
https://www.youtube.com/watch?v=8jYjF4U0wW8
Dans ses chansons, il parle de ses propres faiblesses, de ses peurs. Il passe lui-même des périodes de dépression, des passages á vide sous le signe de l’alcoolisme, surtout après le suicide de son fils Stéphan.
Dans les années 90, chaque nouveau disque, Reggiani
95, Nos quatre vérités (1997), Les adieux différés (1999), Enfants,
soyez meilleurs que nous (2000) prend des allures de testament.
Il meurt, á 82 ans, le 22 juillet 2004.
« Serge Reggiani, que l’on disait
grabataire, a renoué avec la scène. Au Palais des Congrès, et plus récemment à
l’Olympia, il s’est produit assis devant des salles combles que l’émotion des
retrouvailles et la fibre nostalgique allaient faire se lever dès les premières
chansons.
L’effet Salvador – Sophie Delassein
Le Nouvel Observateur – Du 30 octobre au 8 novembre 2003
« Aidés
ou non par la chirurgie esthétique, certains êtres semblent ne jamais vieillir.
D'autres ont l'air d'adolescents prolongés, incapables d'atteindre la maturité.
Serge Reggiani a toujours été à la fois en deçà et au-delà, trop jeune et trop
vieux. Quand il fait l'apache pour les beaux yeux (et la chevelure) de Signoret
« Casque d’or », c'est un gamin qui se donne l'allure d'un dur à qui on offre
une vue imprenable à travers la lucarne de la guillotine. Ensuite viendront la
barbe et les lunettes. Entre les deux états, entre le jeune homme pas encore
mûr et l'homme déjà vieux, s'ouvre une béance.
Frêle,
fragile, vulnérable, sont des adjectifs qui frôlent sa silhouette sans
l'altérer. Une aura l'accompagne en permanence, le protégeant, non du malheur,
mais de ses défigurations. Ni les rides, ni l'œil qui tombe façon cocker, ni
les joues creusées, ni la cigarette ou la pipe au coin du bec, ni la dégaine
menue n'ébrèchent en quoi que ce soit l'image d'un hidalgo revenu de tout sauf
de l'angoisse.
De
cet homme à l'âge flottant, aux trajectoires hésitantes, se dégage une
mélancolie à couper au couteau. D'un geste sec, à fendre l'âme. Nul besoin de
rodomontades ni de déclarations intempestives, il lui suffit d'un tout petit
sourire au coin des lèvres et tout est dit. Avec juste ce qu'il faut de
térébrante nostalgie pour flanquer le cafard et donner aussi l'envie de se
blottir dans un oubli. Serge Reggiani est un inconsolable gentilhomme. »
L’élégance
de la déchéance-Hervé Gauville
Libération 24 juillet 2004
Les tenants de la chanson traditionnelle sont bien différents les uns des autres. Parmi eux, l’une des meilleures actrices françaises, Jeanne Moreau (1928-2017) qui, après Le Tourbillon qu’elle interprétait dans Jules et Jim de François Truffaut, a chanté avec intelligence, sensibilité et humour les œuvres de Bassiak, Gérard et même Jeanne Moreau.
« En
1962, Jeanne Moreau assise près d'un guitariste, les mains sur les genoux,
s'est mise à chanter devant la caméra de François Truffaut. « Elle avait des
bagues à chaque doigt… »
https://www.youtube.com/watch?v=bWjCTLsTxVY
Dans
la foulée de Jules et Jim, Revzani, sous le pseudonyme de Cyrus Bassiak, a
écrit pour Jeanne Moreau son deuxième grand succès public, J'ai la mémoire qui
flanche (1963).
https://www.youtube.com/watch?v=o6uU2czYbOM
«
Ça m’a aidé à m’en sortir »
L'actrice
écrit elle-même les paroles de ses chansons pour l'album Jeanne chante Jeanne
(1970). « Je sortais d'une psychothérapie », racontait-elle toujours dans la
même interview à Libération. « Mon analyste m'a poussé à écrire "mes
trucs". Je les lui ai apportés. "Ça ferait des jolies chansons",
m'a-t-il dit. Il a eu raison, en tout cas ça m'a aidé à m'en sortir. J'ai
énormément de peine à écrire, sauf les chansons, car c'est une écriture de la
sensation, ça doit être rapide, venir d'un coup. C'est gai, j'en ai écrit plein.
»
En
1975, elle interprète ce qui deviendra un autre de ses titres phares : India
Song, une chanson écrite par Marguerite Duras pour le film du même nom
(musique de Carlos d'Alessio).
https://www.youtube.com/watch?v=t5DSNWPyk4s&feature=emb_imp_woyt
Après
un long moment sans actualité discographique, c'est en récitante à la voix
presque crépusculaire qu'elle accompagne, en 2010, Etienne Daho sur le Condamné
à mort. Les deux artistes livrent une version sublime du célèbre poème de Jean
Genet, sur une musique d'Hélène Martin.
https://www.youtube.com/watch?v=YAqpiLixTX8
A
l'heure du bilan, toujours interrogée par Libération en 2002, elle confiait que
selon elle, ce qui reste d'une chanson, c'est « l’énergie ». « C’est une
sensation immédiate, qui s'étire parfois sur plusieurs minutes, mais ça va
vite, comme un choc. »
Libération, le 17 juillet 2017
En 2011,
elle enregistre Emma avec le groupe Les têtes raides.
https://www.youtube.com/watch?v=PWpan2HXKR8
On écoute aussi, dans ces années 60, des chanteurs sentimentaux qui n’ont pas ployé devant la vague yé-yé. Certains ont également connu un grand succès à l’étranger.
Il ne tarde pas à connaître le succès,
confirmé par un passage à l’Olympia en 1965. C’est le début d’une carrière
internationale au cours de laquelle il interprète ses chansons dans la langue
du pays traversé.
En pleine période yé-yé, il compose des
valses, des javas, des tangos. Ses textes gentils, voire naïfs, ont abordé les
problèmes de tous les adolescents (Vous permettez, Monsieur, Mes
mains sur tes hanches, Les filles du bord de mer).
https://www.youtube.com/watch?v=-AQITwJPuXc
Au fur et
à mesure que les années ont passé, les sujets se sont élargis, parfois vers
l’actualité (Inch’Allah).
https://www.youtube.com/watch?v=qIkrsBOymAY
« Un
disque d’Adamo (Par les temps qui courent) se présente comme un livre aux
chapitres précis, aux thèmes invariablement humanistes qui prêtent le plus
souvent le flanc à une nostalgie que sa voix, parfaitement intacte, prolonge
avec un certain plaisir. Musicalement les cordes sont essentielles (...)
Fidélité est justement le mot qui semble le mieux convenir au chanteur qui
signe la totalité des titres de cet album. Une fidélité également amoureuse
telle qu’elle est résumé dans “Étrange”: “Il attend tout fané/Que revienne
l’âme soeur/Est-elle déjà passé?/Regardait-il ailleurs?/Mais soudain la
voilà/Pardonne-moi j’étais folle/Il la prend dans ses bras.../Et ensemble ils
s’envolent” »
Michel
Troadec
Chorus – nº35 – Printemps 2001
Elle se lance alors dans la chanson et son
premier succès Bambino date de 1956, suivi par Gondolier, Ciao
ciao bambina, les Enfants du Pyrée, Le jour le plus long, Je
reviens te chercher.
https://www.youtube.com/watch?v=VK-DLHO6Btk
Elle a
vendu plus de deux millions de disques, interprété plus de 600 chansons en 8
langues.
À 46 ans, elle devient meneuse de revue au
Palais des Sports.
https://www.youtube.com/watch?v=JxHTw7H_uTo
Les
raisons de son succès ? Sa voix d’alto à l’accent italien, son corps de pinup,
son côté kitsch et ses histoires d’amour souvent malheureuses.
Une petite place du XVIIIe arrondissement de Paris, au carrefour de la rue de l’Abreuvoir, de la rue Girardon et de l’allée des Brouillards, est devenue la “Place Dalida” le 24 avril 1997.
Le
produit est parfaitement ciblé. “Dali” est la première chanteuse à s’installer
si longtemps porte de Versailles (15 jours), la campagne d’affiches provocante
entrera dans les annales du show-biz. Voici Dalida assise à califourchon sur
une chaise, un chapeau claque remplissant l’office habituel de la feuille de
vigne (...)
Dalida
chante Mon frère le soleil. La diva est au centre de la scène vêtue d’une cape
gigantesque justement en forme de...soleil. »
1968-1988
Histoires de chansons, Sylvie Coulomb – Didier Varrod
Balland – 1987
Sa carrière internationale la mène aux
États-Unis, au Japon, en Russie.
Ce qui étonne chez Mathieu, c’est son manque
d’émotion vraie. Il s’agit d’un travail technique sans faille, une perfection
qui donne le vertige, le vertige du vide.
https://www.youtube.com/watch?v=EDjveZ8dNaU
« Elle
était la chanteuse préférée des Français en 1968, elle est encore aujourd’hui
parmi les trois premières de tous les sondages dont Télé 7 jours ressent
périodiquement la nécessité. Mireille Mathieu, si ses scores discographiques ne
sont plus ceux d’antan, remplit toujours les salles (son Palais des Congrès fut
un franc succès) et s’est installée dans le rôle honorifique d’ambassadrice de
France à l’étranger, ses expéditions en Chine ou en URSS sont d’ailleurs
largement évoquées dans les grands médias. Elle annonce sa rentrée à Bercy avec
les chœurs de l’Armée Rouge. »
1968-1988
– Histoires de chansons, Sylvie Coulomb – Didier Varrod
Balland – 1987
A la fin des années 50, il a une liaison
amoureuse avec Brigitte Bardot, et, en 1958, il enregistre comme chanteur, Scoubidou,
c’est un succès monstre. D’autres succès suivent, Oh, quelle nuit !, Personnalité, Scandale dans la
famille, Monsieur Cannibale ...
https://www.youtube.com/watch?v=AoTim-pHvag
En 1968,
l’esprit de la chanson coloniale est encore bien vivant !
A Partir des années 70, il passe bien plus de
temps à l’étranger qu’en France.
En avril 2003, Sacha Distel fait un retour inattendu avec le double album En vers et contre vous.
https://www.youtube.com/watch?v=K4Jkh5aAn-0
Ses vrais débuts ont lieu au Cheval d’or.
Assis sur un tabouret d’étable et accoudé au piano, il hurle ses chansons sans
tenir trop compte du rythme, remue les épaules et se secoue dans tous les sens,
le regard vide et l’air furieux.
En 1960, il chante Framboise dans le
film de Truffaut Tirez sur le pianiste. Il passe alors dans les grandes salles
parisiennes, souvent en première partie de Brassens.
https://www.youtube.com/watch?v=hVEk1wiUxa0
Elle
s’appelait Françoise
Mais
on l’appelait Framboise
Une
idée de l’adjudant
Qui
en avait peu pourtant
Des
idées
Elle
nous servait à boire
Dans
un bled du Maine-et-Loire
Mais
c’était pas Madelon
Elle
avait un autre nom
Et
puis d’abord pas question
De
lui prendre le menton
D’ailleurs
elle était d’Antibes
Quelle
avanie
Avanie
et Framboise
Sont
les mamelles du destin.
Framboise
Il publie une cinquantaine de chansons en
douze ans et joue dans La veuve Couderc, Les choses de la vie, Marc
et les ferrailleurs.
Les chansons de Boby Lapointe sont des sortes
de petites machines dont les mots sont les engrenages. La musique s’amuse à les
faire grincer. Le chanteur est le moteur de la machine. On peut dire que Boby
Lapointe est un chanteur burlesque : un être humain perdu au cœur d’un monde
mécanique.
En décembre 1971, il apparaît pour la
dernière fois sur scène à Bobino. Ce n’est qu’après sa mort prématurée, en
1972, qu’il fut reconnu à sa juste valeur.
Nino Ferrer (1940-1998) découvre le rhythm’n’blues étant bassiste dans des orchestres new orléans et cherche à le traduire en français. L’énorme succès de ses chansons à l’humour absurde Mirza, Les cornichons, Le téléfon, l’enferme dans la catégorie des amuseurs publics.
https://www.youtube.com/watch?v=buUqkohMphg
Après une
certaine désaffection du public, il revient en force dans les années 60 avec
des ballades comme Le Sud (1975) et La maison près de la fontaine (1977).
https://www.youtube.com/watch?v=Ahyzb47QwPA
Pierre Perret est révélé par un Musicorama (1959). Il fait après le tour des cabarets “rive gauche”. Trois ans plus tard, c’est le succès avec Tord-boyaux, révélateur d’un humour féroce. La truculence de ses rengaine (valses, tangos, paso-dobles) achève de le rendre irrésistible sur scène. Les spectateurs hilares reprennent en chœur Tonton Cristobal.
https://www.youtube.com/watch?v=WV7nO1Lefu8
Il récupère l’argot populaire :
Elle
a des gambettes
Si
bien tournées
Que
même les quenouilles de Marlène
À
côté c’est du barbelé
Pierre Perret est, en somme, l’héritier de
toute une tradition gauloise
LES ANNÉES YÉ-YÉ
La France
s’enlise dans la guerre d’Algérie qu’on appelle pudiquement et hypocritement
les “évènements d’Algérie”. Commence aussi une période d’expansion
économique et de plein emploi.
Le monde de la chanson va se transformer complètement
: quelque trois millions de jeunes deviennent la cible préférée des maisons de
disques qui vont substituer la politique du coup commercial à l’édification
patiente de la carrière d’un artiste.
Une
carrière commence alors avec un disque passé à la radio plusieurs fois par
jour, cela s’appelle le “matraquage”. RTL, RMC, Europe 1 assurent des passages
réguliers, répétés des succès des idoles sur les ondes.
Le succès
fulgurant de SLC pousse alors chaque groupe de presse à créer son propre
magazine de teenagers. Ainsi naissent et meurent Nous, les garçons et les
filles, Formidable, Moins 20... Rock’n’folk apparaît
dans le
Le 45 tours est le support musical par
excellence, celui qui permet à un éditeur d’enregistrer quatre titres à moindre
frais. Quant au fan, il trouve un produit financièrement à sa portée. D’autre
part, le tourne-disque et la radio deviennent bien plus légers et transportables.
Les jeunes Français s’enthousiasment pour la
variété anglaise, qui fait beaucoup pour mondialiser le rock dur (les Rolling
Stones) ou un rock tendant vers la pop music (les Beatles, avec qui Sylvie
Vartan se produit à l’Olympia en 1964).
Le répertoire yé-yé est à l’image d’un public
dont les préoccupations principales sont les copains, les flirts, les
surprises-parties, l’école, bref, les circonstances de la vie quotidienne des
15-20 ans.
Les pères fondateurs de cette chanson yé-yé,
qui firent les beaux jours du Golf Drouot : Johnny Hallyday, Eddy
Mitchell, Dick Rivers... Le Golf Drouot était un club parisien,
ouvert en 1953, transformé en 1956 à l’usage de la clientèle jeune (16-21 ans)
par le barman Henri Leproux.
L’attraction principale est le juke box, un électrophone qui reproduit les chansons choisies par la clientèle après introduction d’une pièce de monnaie. Parmi ses auditeurs les plus assidus, Jean-Philippe Smet (Johnny Halliday) et Claude Moine (Eddy Mitchell). Le succès du premier lance le club et en fait “le temple du rock”.
À la fin des années 50, il fréquente le Golf
Drouot et en 1959, il est engagé su Robinson Moulin Rouge. En 1960, il sort son
premier 45 tours (T’aimer follement). Il devient alors l’idole des
enfants du “baby boom” de l’après-guerre.
Le rock d’abord (Souvenirs, souvenirs),
le yé-yé ensuite et puis le twist (Viens danser le twist), Johnny surfe
sur les vagues de la mode. Fin 1966, il aura vendu 18 millions de disques.
https://www.youtube.com/watch?v=lN6ypUw_7gE
Les années 70 inaugurent une nouvelle phase de sa carrière, celle des spectacles de plus en plus étonnants, empruntant au cirque et aux grandes machineries hollywoodiennes : 129 personnes furent nécessaires pour faire tourner dans 85 villes le “Johnny circus” de 1972.
Ses tubes sont innombrables, Que je t’aime,
À tout casser, Sarah, Ma gueule, Quelque chose de
Tennessee, Laura ...
https://www.youtube.com/watch?v=8Sc4Pb7d1Nk
En 2003, à 60 ans, Johnny Hallyday est
peut-être la seule idole inébranlable de la chanson française.
En 2005,
sort l’album Ma vérité, plus rock que les précédents et où il renoue
avec la composition : Apprendre à aimer.
https://www.youtube.com/watch?v=VXpwEHdHGYk
En 2006, commence le Flashback Tour qui s’achèvera en mars 2007.
Les
tournées s’enchaînent ainsi que l’enregistrement d’albums, Le cœur d’un
homme (2007), Ça ne finira jamais (2008), Jamais seul (2011),
L’attente (2012), De l’amour (2015), Rester vivant (2017).
Johnny
Hallyday meurt le 5 décembre 2017.
https://www.youtube.com/watch?v=s3O1Xro7oAI
Quoiqu’il
en soit, bon anniversaire Johnny ! »
Régine
Deforges
L’Humanité – 18 juin 2003
« Johnny
le revenant
Mémoire chantante, phénix de foire, icône nationale, telle est l’équation du Johnny 2000.
Le
mystère Johnny? Celui d’un juke-box vivant qui vampirise les mémoires. En juin
1960, il chantait déjà “Souvenirs, souvenirs”. Il aura fallu quarante ans pour
que la rengaine devienne vérité: un concert de Johnny Halliday, ce sont quatre
décennies compilées en trois heures. (...)
En
1964, Johnny effectue son service militaire à Offemburg, RFA: il est l’idole de
la première génération qui, depuis 1870, ne montera pas au front.(...) “Je suis
un soldat” chantait Johnny dans “Quand revient la nuit”. Oui, mais un soldat
passe-murailles : yé-yé en 1963, rhythm’n’blues en 1965, hippie en 1967, hard
rock en 1975; puis sa musique a intégré des synthés dans les années 80 et des
violons dans les années 90. Accidents de voiture, tentative de suicide,
divorces, familles recomposées, démon de midi, il aura tout vécu et tout
reflété. (...)
Johnny,
c’est le Revenant. Au mythe orphique (...) il ajoute une légende d’énergie
herculéenne. Il y a quelque chose de culturiste de foire chez ce marathonien
des chapiteaux. »
Marc Lambron. Le Point nº1446 – 2 juin 2000
À sa mort, en 2017, Johnny Hallyday a droit à des funérailles nationales.
Les premières années 60 sont aussi celles des groupes. Au premier rang, Les chaussettes noires, constituées autour d’Eddy Mitchell.
Eddy Mitchell
(Claude Moine, 1942) continuera sa carrière en solo. Ses chansons où figurent
des adaptations des “hits” américains (Toujours un coin qui me rappelle)
sont très souvent signées Claude Moine qui révèle un vrai talent de parolier : L’épopée
du rock, Et s’il n’en reste qu’un, Sur la route de Memphis...
https://www.youtube.com/watch?v=w-W4VgQtLNA
Dick Rivers (Hervé Forneri, 1945)
était le leader des Chats sauvages (Twist à Saint-Tropèz, C’est
pas sérieux). En solo il connaît de temps en temps le succès avec des
balades country (Faire un pont, Maman n’aime pas ma musique),
mais, des trois légendes, c’est celui qui a le plus de difficultés à se
maintenir.
https://www.youtube.com/watch?v=r7p4w9zf9R0
https://www.youtube.com/watch?v=9J80X1niH38
De ses origines modestes –des parents marchands de bonbons sur les marchés de la région parisienne- à sa découverte par Claude Carrère, qui deviendra son producteur, l’histoire d’Annie Chancel (1946), Sheila, ressemble à une “succes story” à l’américaine.
En mars 1963, elle passe à l’émission de Guy
Lux où elle chante L’école est finie. À partir de là tout ira très vite,
Ma première surprise-partie, C’est toi que j’aime, La famille,
Petite fille de Français moyen...
https://www.youtube.com/watch?v=HUylpu7sk1Y
En 1977, Carrère comprend qu’il faut réorienter la carrière de Sheila, ce sera l’opération disco. Elle chante Singing in the rain qui se retrouve nº1 sur tous les charts européens.
Celle qui a été sacrée icône gay est toujours
portée par des milliers de fans, un peu déstabilisés par son changement de ton
et de répertoire mais qui continuent à l’aimer inconditionnellement.
https://www.youtube.com/watch?v=q6Qw10T-IaY
Actuellement on la voit surtout dans les pages des magazines people.
« SHEILA
au Zénith
Il
y eut d’abord ce soir du 22 février où tous les fidèles étaient là. Une femme
enfin noyée dans la lumière.
Une
drôle d’ambiance singulièrement émouvante. La naissance d’une chanteuse placée
sous couveuse vingt ans durant ne se rate décidément pas. Ils étaient tous là,
ils venaient juger “la bête”. Sur les bancs embouteillés de l’école du
spectacle, on n’a pas toujours été bonne copine avec elle. (...)
Sheila
au Zénith ou la mise à nu des contradictions et ambiguïtés d’une carrière sans
équivalent. Sur scène, (...) la chanteuse (...) donne tout et ne nous épargne
rien. De ses tubes à l'intérêt malheureusement et strictement historique, à ses
histoires du temps présent (...)
La
scène reste la consécration suprême que 63 millions de disques vendus ne lui
avaient pas donnée. (...)Sheila sur scène, c’est la victoire d’une chanteuse
enfin libérée d’un système qu’elle a elle-même trop souvent nourri. (...) »
1968-1988 – Histoires de chanson, Sylvie Coulomb-Didier Varrod Balland - 1987
En 1965, elle épouse Johnny Halliday à
Loconville. Pour des milliers de jeunes ils deviennent “le couple”. Son succès
se maintient, Tous mes copains, La plus belle pour aller danser.
https://www.youtube.com/watch?v=sfiuaOWjEkI
Son assurance grandit, des cours de chants,
des tournées aux États-Unis et au Japon lui apprennent le métier.
En 1970, après un accident de voiture, une chirurgie esthétique aux États-Unis, l’apprentissage de la danse, on vient juger à l’Olympia la nouvelle Sylvie Vartan. La Sylvie des paillettes et des chorégraphies télégéniques est née là, abandonnant sur scène l’image éthérée de la petite mariée de Loconville. Comme l’heure est à la ballade, elle enregistre Deux minutes trente-cinq secondes de bonheur, Comme un garçon...
https://www.youtube.com/watch?v=eVJ9wu_3YU0
En 1975, elle prend possession du Palais des Congrès. Le tournant vers la revue façon Las Vegas est désormais définitif.
En 1978, Sylvie Vartan enregistre un album
entier aux États-Unis, I don’t want the night to end, c’est un échec.
Quoique habitant les États-Unis, Sylvie
retourne de temps en temps en France et enregistre des albums (Nouvelle
vague, Toutes peines confondues, Soleil bleu et Merci pour
le regard, en 2021).
https://www.youtube.com/watch?v=wfrYEplkEPk
Avec Belles, belles, belles, Marche
tout droit et Si j’avais un marteau il s’installe rapidement en tête
des hit-parades.
https://www.youtube.com/watch?v=H8grVC-YO8M
Il est adopté par les 10-16 ans, ce qui lui permet d’être toujours fidèle à sa manière première, au contraire des autres vedettes yé-yé qui ont été obligées d’évoluer pour survivre.
Il puise souvent ses musiques dans le
hit-parade américain. Les paroles édulcorées répondent aux besoins des
pré-adolescents
Dans les années 70 Claude François est un
vrai businessman avisé qui se forge une image de prince charmant. Cheveux
blonds, yeux bleus, visage lisse qui polarise l’affection de ses fans. Il
possède sa propre compagnie de danse (les Clodettes), il dirige au bras de fer
son propre label (Flèche) et lance ses artistes maison dont le plus connu reste
Alain Chamfort. Il lance plus tard Podium, son magazine.
La vente de ses succès de disque, de Comme
d’habitude (1968), dont l’adaptation anglaise (My way) devint un
énorme hit aux États-Unis, à Alexandrie Alexandra (1978) sa dernière chanson, sans oublier C’est
de l’eau (1970) ou Le téléphone pleure (1975) se trouva relancée
après sa mort en 1978. Sa résidence à Dannemois est devenue un lieu de
pèlerinage.
https://www.youtube.com/watch?v=HkVhN64dyd8
Le premier chanteur français à oser chanter du folk est Hugues Aufray (1932) qui fait ses débuts en 1959. En pleine vogue du rock’n’roll il a du mal à percer jusqu’à ce que, de retour des États-Unis où il a découvert Bob Dylan, Pete Seeguer, Peter Paul and Mary, il adopte le style “cow-boy” et adapte Bob Dylan et le Kingston trio. Son premier succès (1964) est
Suivent des ballades plus françaises, Les
crayons de couleurs (sur le racisme), Le bon Dieu s’énervait, Les
mercenaires.
https://www.youtube.com/watch?v=u1RIf_ovLPU
Les chansons d’Hugues Aufray chantent la
nature, le grand large, l’aventure.
À 70 ans, il enregistre un album avec des
sonorités celtiques et hispaniques, Chacun sa mer. Suivront Troubador
since 1948, en 2011 et Autoportrait, en 2021.
https://www.youtube.com/watch?v=NaLIfxWbEbA
https://www.youtube.com/watch?v=XPkBMqehr5k
En 1963, elle passe à l’Olympia et prend la tête des hit-parades européens.
On trouve chez elle trois styles de chansons:
celles qu’elle signe, au début de sa carrière, qui racontent des flirts
adolescents sur des rythmes de rock lent (J’suis d’accord, Mon amie
la rose); puis celles que signes d’autres auteurs, d’une forme plus
poétique et qui lui permettent de se maintenir en dehors du va-et-vient de
la mode (Des ronds dans l’eau, Ma
jeunesse fout l’camp) et finalement une troisième vague basée sur la
recherche d’un climat, sur la mise en valeur de la couleur “blue” que Françoise
Hardy est la seule à apporter à la chanson française. Ce sont, par exemple, les
chansons que lui produisent, dans les années 70, Michel Berger (Message personnel) et
Michel Jonasz (J’écoute la musique saoule)
https://www.youtube.com/watch?v=ANchsQz11po
En 1982, sort l’album Quelqu’un qui s’en va et en 1986, Décalages. 1994 sera l’année de Le Danger avec des mélodies plus rock.
En 2000,
elle enregistre Clair-obscur. Son fils, Thomas Dutronc, l'accompagne à la guitare
sur quelques morceaux de cet album.
2005 sera
l’année de Tant de belles choses et 2010, celle de La pluie sans
parapluie.
L’amour
fou sort deux ans plus tard.
Le dernier album de Françoise Hardy, Personne d’autre paraît en 2018.
Elle
a toujours préféré l’ombre à la lumière (...) Françoise Hardy revient avec
Clair-obscur, un album en demi-teintes qui lui ressemble forcément (...) C’est
tout naturellement qu’elle a fait appel au complice d’une vie, Jacques Dutronc
avec lequel elle n’avait pas chanté depuis des années, interprétant Puisque
vous partez en voyage une chanson écrite en 1930 par Jean Nohain (...) cette
ouverture relativement classique précède un autre duo, plus étonnant. Avec Ol,
jeune chanteur camerounais au timbre feutré, au côté duquel Françoise Hardy
chante Celui que tu veux. Une autre surprise est cette adaptation d’un célèbre
morceau, Tears, devenu Tous mes souvenirs me tuent, de Django Reinhart et
Stépahne Grapelli, ici accompagné à la guitare par Babik Reinhart, fils de
Django et un certain ... Thomas Dutronc. Clair-obscur est le disque des
rencontres. On y croise Iggy Pop (...) Étienne Daho (...) Sans doute est-ce là
l’un de ses albums les plus sensibles et les plus personnels.
V.H.
L’Humanité – 13 mai 2000
Elle interprète ensuite des chansons folk,
dont Blowin’in the wind de Bob Dylan ou La flûte magique sur
l’air de El condor pasa, avant que Simon et Garfunkel en fassent leur
propre version.
Elle chantera jusqu’aux années 70. On ne le verra plus que comme actrice.
Elle chantera ensuite Gainsbourg, Les
sucettes et Poupée de cire, poupée de son grâce à laquelle elle
remporte le grand prix Eurovision 1965 et dont elle vendra plus d’un million de
disques.
Après une passe difficile dans sa carrière,
elle rencontre Michel Berger qui sera son nouveau pygmalion. Avec lui,
France Gall renoue avec le succès, La déclaration d’amour, Musique,
Viens, je t’emmène, Il joue du piano debout, Si. Maman, si,
Babacar…
Le couple lance aussi l’opéra-rock Starmania.
le premier
prix du Conservatoire de Paris. Après une très courte expérience
professionnelle dans les assurances, il préfère prendre sa guitare et chanter
dans la rue.
En 1965, il obtient le prix Disco Revue ce
qui lui permet d’enregistrer un disque, La poupée qui dit non (1966), un
formidable tube qu’il enchaîne avec Love me, please love me.
Son style nouveau, très musical, traverse les
frontières et Polnareff se classe dans les charts européens, de l’Angleterre à
l’Allemagne.
Avec son image extravagante, lunettes noires,
pantalons moulants, provocations ambiguës, Polnareff défraie la chronique. Son
titre L’amour avec toi est interdit d’antenne pour pornographie.
En 1972, l’affiche de son spectacle Polnarévolution
le montre fesses nues. Ce scandale lui apporte à nouveaux interdictions et
procès. Ceci, ajouté avec des démêlés avec le fisc, le font quitter, en 1973,
la France pour les États-Unis où il arrive à placer, deux ans plus tard, Jesus
for tonight dans le billboard.
Ses albums suivants connaissent, en France,
des succès divers. Bulles, de 1981, lui prouve que le public hexagonal
ne l’a pas oublié.
En 1989, Goodbye Marilou envahit les
ondes de radio et devient un grand succès. Mais ce sera le dernier feu
d’artifice de Michel Polnareff.
Dans le
panorama yé-yé, Michel Polnareff s’est révélé comme un artiste vraiment
original qui allonge et décompose les syllabes selon l’exigence du tempo, qui
place sa voix comme un instrument de plus à la manière de l’école américaine.
Compositeur, il arrange et dirige une musique inspirée de la “soul” mais aussi
de la musique classique. Le tout à comme résultat un romantisme qui ne se prend
pas au sérieux. Un exemple en sont ses chansons les plus belles, Tous les
bateaux, tous les oiseaux (1969) et On ira tous au paradis (1973).
https://www.youtube.com/watch?v=-eat3UGPn7E
Dans les années 70 et avec la collaboration
de Pierre Delanoë et Claude Lemesle, Joe Dassin adapte des succès étrangers, Vade
retro, Et si tu n’existais pas, Un lord anglais et surtout L’été
indien qui lui permet d’aborder une carrière internationale interrompue par
sa mort en 1980.
https://www.youtube.com/watch?v=589e0KAmM1U
Jacques Dutronc (1943) abandonne le lycée pour devenir guitariste des Cyclones. Avec un autre groupe, les Fantômes, il enregistre un 45 tours qui n’obtient aucun succès. Il devient plus tard guitariste d’Eddy Mitchell et directeur artistique de Françoise Hardy pour laquelle il écrit Va pas te
En 1965, il se lance comme chanteur. Et
moi et moi et moi, paroles de Jacques Lanzmann, inaugure un style de
chansons qu’il ne va jamais quitter et dont la façon de ne pas se prendre au
sérieux n’appartient qu’à lui. Les cactus, Les play-boys, J’aime
les filles, Il est cinq heures, Paris s’éveille sont devenues des
classiques.
https://www.youtube.com/watch?v=3WcCg6rm3uM
En 1975, il sort l’album L’île
enchanteresse et chante en duo avec Françoise Hardy et en 1980, il fait un
retour fracassant avec l’album Guerre et pets dont 6 titres sont écrits
avec Serge Gainsbourg.
Il remporte un César avec le film Van Gogh
et, en 1993, une Victoire de la Musique pour ses concerts au Casino de Paris.
En 1995, Dutronc sort l’album Brèves
rencontres et en 2000 il chante avec Françoise Hardy Puisque vous partez
en voyage et tourne Merci pour le chocolat et La mort intime
En mai
2003, Jacques Dutronc sort Madame l’existence où il retrouve Jacques
Lanzmann qui écrit la plupart des textes
https://www.youtube.com/watch?v=drloL9BNNf4&list=PLiN-7mukU_RFpdSLwi_qHdzN9OZWed-9d
En
novembre 2022, Jacques Dutronc
enregistre avec son fils Thomas l’album Dutronc & Dutronc.
https://www.youtube.com/watch?v=b6A-Enj9NuM
![]() |
Brigitte Fontaine et Jacques Higelin |
Artiste
impossible à cataloguer, Brigitte Fontaine est née à Morlaix, en
Bretagne, en 1940. Bien avant la musique, la grande passion de son enfance est
le théâtre. Au début des années 60, elle débarque à Paris bien décidée à faire
du théâtre, mais elle finit par se mettre à la chanson. Elle cultive déjà un style fantasque et
décalé.
Higelin et Fontaine |
C’est à cette époque qu’elle rencontre Areski
Belkacem, un musicien algérien avec lequel elle commence à travailler et à
vivre. Avec Higelin, ils forment un trio qui va se placer pendant plusieurs
années à l’avant-garde du théâtre expérimental. Brigitte Fontaine devient la
diva de l’underground parisien. Elle sort son album le plus célèbre, Comme à
la radio, où elle est accompagnée de l’Art Ensemble de Chicago, figure de
proue du jazz moderne de l’époque.
https://www.youtube.com/watch?v=Tn_Nk_rAAaA
En 1971, elle signe le fameux Manifeste des
343 femmes, célèbres ou pas, qui déclarent avoir eu recours à l’avortement,
avortement qui ne deviendra légal qu’en 1975. Dès lors, elle s’engagera très
souvent dans des luttes politiques ou sociales.
En 1973, Fontaine et Areski sortent Je ne connais pas cet homme et en 1974, L’incendie. C’est une époque fertile en créations mais sans grandes répercutions.
Les années 80 sont encore plus difficiles. En
1985, l’album French corazon est refusé par toutes les maisons de
disques. Ce n’est que trois ans plus tard, et par l’intermédiaire d’une
admiratrice japonaise, que l’album est enregistré.
Grâce à un clip vidéo, le titre Le Nougat
connaît un certain succès en 1989. Brigitte Fontaine renoue alors petit à petit
avec le public. En 1993, elle présente, avec Areski et Higelin, un show au
Bataclan qu’elle répète plus tard au Casino de Paris.
L’album 1995, Genre humain, qui passe
allègrement du rap au raï, est co-signé par un autre admirateur, français cette
fois, Étienne Daho. Les Palaces, de 1997, est plus serein.
En 2005,
après avoir donné une série de concerts avec ce groupe, mais aussi avec la
Compagnie des musiques à ouïr, elle publie chez Flammarion un nouveau roman, La
Bête curieuse, dont l'ambiance érotique annonce un peu la tonalité de son
quinzième album, Libido (2006).
En février
2008, notre artiste publie chez Flammarion un nouveau roman, Travellings,
tandis que Benoît Mouchart lui consacre une biographie, Brigitte Fontaine,
intérieur/extérieur.
Paru en
octobre 2009, son disque Prohibition est réalisé par Ivor Guest et
Areski Belkacem, avec la participation de Grace Jones et Philippe Katerine.
https://www.youtube.com/watch?v=IlLJqORNu2Q
Un nouvel album intitulé L'un n'empêche pas l'autre, constitué d'inédits et de reprises, la plupart en duos, paraît le 23 mai 2011.
En octobre
2012, les éditions Actes Sud publient Portrait de l'artiste en déshabillé de
soie, où Brigitte Fontaine dévoile ses pensées intimes sous forme d'une
suite de révélations et d'illuminations poétiques qui prolongent son travail
d'écrivaine.
En 2013,
Brigitte Fontaine publie son album J'ai l'honneur d'être avec la
collaboration d'Areski et de Jean-Claude Vannier, dont le premier extrait, Crazy
Horse, fait l'objet d'un clip signé Enki Bilal.
Le 24
janvier 2020, elle sort son 19e album : Terre neuve, composé de 19
titres, et une nouvelle fois réalisé en compagnie de Yan Péchin et Areski
Belkacem. La chanson Vendetta est décrite par le journal L'Humanité
comme la suite de sa signature du manifeste des 343.
https://www.youtube.com/watch?v=sT-JtbU-EOc
Théâtre, chanson, livres, rien de ce qui est parole n’est indifférent à Brigitte Fontaine, artiste hors norme dans l’univers de la chanson française.
Quatre
ans après Palaces, la complice d’Higelin et d’Areski Belkacem sort Kékéland. Un
album délirant dans lequel on croise M, Bertrand Cantat, les Valentins ou
encore le groupe new-yorkais Sonic Youth.
Le
zazou est-il plus contagieux que la maladie de la vache folle ? Oui, affirme
Brigitte Fontaine auquel l’étrange phénomène n’a pas échappé : " Ça
commence par un tremblement chante-t-elle, qui vous prend soudain brusquement /
Et puis, on pousse un hurlement ! "
Toujours
aussi fantasque, dans son nouvel album Kékéland, elle s’amuse à jouer les
géniales déconneuses en compagnie de M, dans un duo espiègle, Y a des zazous,
reprise d’une chanson de 1942, écrite par le comique troupier Andrex, lequel
voyait des zazous partout dans son quartier. Si Brigitte Fontaine puise à la
source du caf’conc’, c’est pour mieux sacrifier à ses désirs de théâtralité,
allant jusqu’à s’imaginer aujourd’hui en " demi-clocharde " aux vers
délirants : " Des asticots dans l’héroïne, ça me dégoûte / Dorénavant, je
bois du gin avec des sorbets aux marrons. " Prêtresse d’un rock décalé,
allergique au show-biz, elle est une allumée des espaces free, définitivement à
la marge de toute production formatée. La pop consensuelle n’est pas pour elle
comme en témoigne Kékéland, qui ressemble à un kaléidoscope d’impressions
totalement " zarbi ", sur lequel souffle une douce folie. À l’image
des Filles d’aujourd’hui, qui, nous dit-elle ont " la folie des grandeurs
".
Victor
Hache
L’Humanité-15
septembre 2001
« Imprévisible
et irrévérencieuse… Le suspense aura duré jusqu’au bout, mais, finalement,
Brigitte Fontaine, vêtue d'une robe pourpre, affublée d'un casque en cuir et de
lunettes fumées rondes, est bien sur scène. "Je vous emmerde et je vous
embrasse" lance-t-elle à la foule qui chantait déjà Y’a des Zazous avant
même le début du spectacle.
Un
petit discours donc, et deux chansons interprétées par la reine Brigitte,
installée sur un trône sculpté par un artiste aussi fou qu’elle… La
"Fucking night" (littéralement "putain de nuit", titre du
spectacle) durera deux heures, avec une pléiade d’artistes, dirigés par Lucie
Antunes : les chanteurs -M-, Arthur H, Philippe Katerine, Jarvis Cocker, les
actrices Béatrice Dalle et Anna Mouglalis, ou encore la chanteuse et actrice
PR2B…
"Je
trouve que c’est la plus grande poétesse contemporaine, explique PR2B. À chaque
fois, je suis émue par sa manière d’écrire et de pulvériser la langue. Je crois
qu’elle a de grands modèles, qu’on a d’ailleurs en commun : Arthur Rimbaud,
Henri Michaux… Je trouve ça rare d’avoir mêlé cela avec de la chanson et d’en
faire à la fois un chaos et une fête !"
Féministe
et anarchiste, Brigitte Fontaine a aussi joué au cinéma. Le réalisateur Gustave
Kervern, également sur scène, n’est pas près de l’oublier. "J’ai
l’habitude de dire qu’au cinéma, il y a trois choses particulièrement
difficiles : tourner avec des animaux, tourner avec des enfants, mais avant
tout, tourner avec Brigitte Fontaine !" Avec son complice Benoît Delépine,
il l'avait fait tourner dans le long-métrage Le Grand soir, sorti en 2012.
Alors qu'il est question de la sortie d'un nouvel album, si Bourges est sa dernière scène, comment Brigitte Fontaine, 82 ans, voit-elle l’avenir ? "Je ne sais pas, répond-elle, je suis myope". »
En 1968, les artisans du “rock québécois”, Robert Charlebois, Claudine Monfette, Louise Forestier et Yvon Deschamps font un joyeux scandale avec leurs rythmes latins, “canayens”, jazz et blues sur lesquels ils articulent des paroles en “joual”, le parler du Québec. A la suite apparaissent Diane Dufresne, Plume Latraverse, le groupe Beau Dommage, Fabienne Thibeault...
Le succès de Lindberg, d’Ordinaire,
de Les ailes d’un ange et de Cartier, son sens du spectacle, lui
assurent le succès au Québec mais aussi en France.
C’est lui qui va réussir à allier la langue
québécoise et le rock’n’roll. Charlebois impose cette fusion dans les années 70
qui sont d’ailleurs le moment le plus fort de sa carrière. Il participe
notamment à la Superfrancofête de 1974 sur les Plaines d’Abraham avec Félix
Leclerc et Gilles Vigneault, immortalisée par l’album J’ai vu le
loup, le renard, le lion.
https://www.youtube.com/watch?v=AtYcPgLXzG8
Des
hélices
Astrojet,
Whisperjet, Clipperjet, Turbo
A
propos chu pas rendu chez Sophie
Qui
a pris l'avion St-Esprit de Duplessis
Sans
m'avertir
Alors
chu r'parti
Sur
Québec Air
Transworld, Nord-East, Eastern, Western
Puis Pan-American
Mais
ché pu où chu rendu
J'ai
été
Au
sud du sud au soleil bleu blanc rouge
Les
palmiers et les cocotiers glacés
Dans
les pôles aux esquimaux bronzés
Qui
tricotent des ceintures fléchés farcies
Et
toujours ma Sophie qui venait de partir
(…)
Ma
Sophie, ma Sophie à moi
A
pris une compagnie
Qui
volait sur des tapis de Turquie
C'est
plus parti
Et
moi, et moi, à propos, et moi
Chu
rendu à dos de chameau
(…)
Lindberg,
Charlebois-Peloquin
Dès lors,
les albums et les tournées se succèdent : Longue Distance (1976), Solide
(1979), Heureux en amour ? (1981), Super Position (1985), Dense
(1988), Immensément (1992), Le chanteur masqué, écrit par
Jean-Jacques Goldman (1996), Le doux sauvage (2001), Tout écartillé
(2006) …
https://www.youtube.com/watch?v=lGbLBBcfF7M
Le théâtre musical intéresse également Charlebois qui conçoit, en 1993, Jacques Cartier et, en 1999, Sans nom, inspiré de Jules Verne.
Durant la
deuxième décennie des années 2000, paraissent Tout est bien (2010), Et
voilà (2019) et Charlebois à Ducharme (2021).
Depuis
2019, Robert Charlebois présente le spectacle Robert en Charleboiscope.
https://www.youtube.com/watch?v=lJ76bz54eOM
Autour
de moi il y a la guerre
La
peur, la faim et la misère
J’voudrais
qu’on soit tous des frères
C’est
pour ça qu’on est sur la terre
J’suis
pas un chanteur populaire
Je
suis rien qu’un gars ben ordinaire
https://www.youtube.com/watch?v=-aqALErFMd4
Habituée aux auteurs français comme Boris
Vian et Léo Ferré, elle ajoute bientôt à son répertoire des chansons de Robert
Charlebois avec qui elle chantera en 1968.
https://www.youtube.com/watch?v=UaVlEEfNA5c
En 1981, elle participe du succès québécois de
Starmania. Dans ces années 80, elle donne des sonorités plus rock á ses
chansons.
En 1987, elle gagne le prix Félix pour sa
chanson Le diable avait ses yeux.
Son album Lumières (2003), revoit ses
principaux succès et présente de nouvelles chansons. Cinq ans plus tard paraît Éphémère
qui reçoit le grand prix de l’Académie Charles Cros.
https://www.youtube.com/watch?v=0wd-eEeofSI
En 2016, Louise Forestier participe du spectacle Les vieux criss avec Michel Lefrançois, François Guy et France Castel dont on enregistrera un CD.
Dans les années 60, elle chante Brel et Ferré
dans les boîtes de la banlieue de Montréal. En 1966, elle quitte le Québec pour
la France où elle chante ses concitoyens Claude Léveillé et Félix
Leclerc. Elle retourne au pays en 1968.
Dans les années 70, Diane Dufresne rencontre
François Cousineau qui deviendra son compagnon et l’auteur de ses plus fameuses
chansons. Tiens-toé bien, j’arrive, son premier album signé
Cousineau-Plamondon est un énorme succès. Tout Dufresne y est déjà :
l’intensité, l’humour et même l’auto-dérision ainsi que sa voix exceptionnelle.
https://www.youtube.com/watch?v=4y7_uzFgJcU
À
partir de là, elle enchaîne les albums et les shows, les uns aussi flamboyants
que les autres : À part de ça, j’me sens ben (1974), Sur la même
longueur d’ondes (1975) ...
En 1978, elle participe de la comédie
musicale Starmania de Michel Berger et Luc Plamondon.
En 1984, Diane Dufresne monte l’un de ses
spectacles les plus célèbres, Magie rose, où participent aussi Jacques
Higelin et les Manhattan Transfer.
Suivront Dioxine de Carbone et Top
secret (1986). En 1991, elle présente Symphonique n’roll avec
l’Orchestre symphonique du Québec.
https://www.youtube.com/watch?v=1L94TjSwrNE
Après une période d’un certain silence, il faudra attendre 1997 pour que Diane Dufresne produise un nouvel album, Comme un parfum de confession, un disque intime et dépouillé.
En 2003, elle donne deux récitals à guichet
fermé à Paris.
En 2004,
la chanteuse présente "Diane Dufresne chante Kurt Weill"
https://www.youtube.com/watch?v=dL6TP6okIbg
En 2007,
aux Francofolies de Montréal, Diane Dufresne chante La Javanaise avec Juliette
Gréco. Elle enregistre ensuite l’album Effusion.
En 2011,
la chanteuse québécoise présente le spectacle Diane Dufresne et les Violons
du Roy, l’album live s’appellera Partager les anges.
L’album Meilleur après sort pour ses 75 ans, en 2019.
Beau Dommage, groupe composé par Pierre Bertrand, Marie-Michèle Desrosiers, Réal Desrosiers, Michel Hinton, Robert Léger et Michel Rivard, s’est formé, en 1972, à L’université de Montréal. Leur premier album, La complainte du phoque en Alaska, atteint, en 1974, des records de vente.
https://www.youtube.com/watch?v=m8JZooSVi_c
Le groupe se dissout en 1978 mais se reforme, exceptionnellement en 1984, année où ils reçoivent le prix Felix pour l’ensemble de leur œuvre.
En
soixante-sept tout était beau
C'était
l'année d'l'amour, c'était l'année d'l'Expo
Chacun
son beau passeport avec une belle photo
J'avais
des fleurs d'in cheveux faillait tu être niaiseux
J'avais
une blonde pas mal jolie
A
vit s'une terre avec quatorze de mes amis
Partie
élever des poules à la campagne
Qui
m'aurait dit que la nature allait un jour voler ma gang
Mais
qu'est-ce qu'un gars peut faire
Quand
y a pus l'goût de boire sa bière
Quand
y est tanné de jouer à mère
Avec
la fille de son voisin
Tous
mes amis sont disparus
Pis
moé non plus j'me r'connais pus
On
est dix mille s'a rue Saint-Paul
Avec
le blues d'la métropole
(…)
Le
blues de la métropole
Beau Dommage
« L’histoire
de l’Afrique n’est pas écrite, elle est chantée. À chaque moment
important, les artistes ont su être là, avec leurs mots et leurs rythmes »,
écrivit le romancier guinéen Tierno Monenembo.
Ce fut le cas dans les années 60, années des indépendances.
https://www.youtube.com/watch?v=u9WLo_Vt5SA
Une
chanson, toutefois, pourrait être considérée le symbole de cette période, Indépendance
cha cha.
https://www.youtube.com/watch?v=eXOrqyIA-hU
Lorsqu’il est envoyé à Bruxelles, en 1960, pour suivre la table ronde qui réunit les principaux activistes congolais en vue d’obtenir l’indépendance, son auteur, Joseph Kabasele Tshamala, connu sous le nom de Grand Kallé, a déjà popularisé la rumba et le chachacha à la tête de l’African Jazz.
En
l’espace de quelques semaines, et grâce à sa diffusion à la radio,
Les
paroles, en lingala mêlées à quelques mots en français disent :
« Indépendance
cha-cha tozuwi ye ! / Oh Kimpwanza cha cha tubakidi / Oh Table Ronde cha cha ba
gagner o ! / Oh Lipanda cha cha tozuwi ye »
C’est-à-dire :
Nous
avons obtenu l’indépendance / Nous voici enfin libres / À la Table Ronde nous
avons gagné / Vive l’indépendance que nous avons gagnée
Elles
citent aussi des leaders de l’époque comme Lumumba, Tshombé,
Kasavubu et des mouvement pro indépendance comme l’Abako et le Conakat.
https://www.youtube.com/watch?v=C4vc25TcIe0
« L’indépendance dans cette chanson de Grand Kallé célébrait d’abord et avant tout le départ du Blanc, le droit des Africains de gérer eux-mêmes leur continent. Les danses et la joie nous avaient fait oublier que la désillusion arriverait très vite, en moins d’un lustre. Avec le temps, cette chanson est devenue le symbole de notre naïveté et de notre insouciance. Les lumières trompeuses des « indépendances sur le papier » nous firent croire qu’il suffisait que le Blanc parte pour que le continent noir reprenne son vrai chemin. Et certaines nations africaines sont désormais entre les mains de monarques arrivés militairement au pouvoir et qui savent « mieux coloniser » que le Blanc puisqu’ils ont l’habileté de faire voter « les bêtes sauvages ». Et lorsque certains de ces monarques meurent, leurs fils poursuivent le bilan dictatorial de leur ascendant. Au grand malheur des populations africaines… »
Franklin Boukaka, né à Brazzaville en 1940 et assassiné dans cette même ville, en 1972, commence sa carrière musicale en 1955 dans le groupe Sexy Jazz.
https://www.youtube.com/watch?v=LvDn11AEoas
Il rend
aussi hommage, dans Les Immortels, aux martyrs du combat contre le
colonialisme, Ben Barka, Lumumba, Abdel Kader …
https://www.youtube.com/watch?v=P5QQ1Kk9QnM
Boukaka
est aussi l’auteur de compositions moins politique comme Les Brazzavilloises.
https://www.youtube.com/watch?v=LnvpSJKSIGk
Franklin Boukaka est assassiné à Brazzaville le 24 février 1972.
La Guinée est le seul pays à refuser par voie référendaire l’option d’une indépendance progressive et accompagnée par la puissance coloniale
Bientôt, Sékou
Touré, tout nouveau président, prend en main la politique culturelle du
pays (« la culture est une arme de domination plus efficace que le fusil
», clame-t-il). Il s’appuie notamment sur la musique pour unifier la nation,
rendre sa fierté à la population… et chanter ses louanges.
L’hymne du
pays devient Ma belle Guinée, adaptation de l’air traditionnel Alfa
Yaya.
https://www.youtube.com/watch?v=Z1ffPFTz3Ks
https://www.youtube.com/watch?v=T6-_SMaJExg
Dans ces
mêmes années 60, et encore au Congo, le grand guitariste qui jouait avec Grand
Kallé, Dr Nico, accompagné de l’African Fiesta Sukisa, enregistre
la rumba Tu m’as déçu chouchou, dont le refrain est en français.
https://www.youtube.com/watch?v=oSL-cm2lROU&list=OLAK5uy_kQUkT7a0q8Ip9zORI9V2Kh65eSYO7wKxs
Une
exception, la Guinée de Sékou Touré où la musique européenne est bannie et la
production locale encouragée.
Johnny
Hallyday réalise plusieurs tournées en Afrique tout comme Sylvie Vartan,
Françoise Hardy et Claude François.
Les jeunes
artistes africains vont donc se mettre au twist, comme Boubacar Traoré qui
enregistre en 1963 Mali Twist.
https://www.youtube.com/watch?v=p8jj20mJfk8
À la même
époque, Manu Dibango sort le 45 tours Twist à Léopoldville.
https://www.youtube.com/watch?v=yZoAcdV9pJ4
Ces années twist se retrouvent dans l’œuvre du grand photographe Malick Sidibé.
Haïti, dans les années 60, voit l’émergence d’un nouveau rythme, le Compas
Direct, crée par le chef d’orchestre innovateur Nemours Jean-Baptiste,
inspiré de la musique cubaine, principalement du mambo.
Le
Nouvelliste de Port-au-Prince écrivait le 29 août
2005 :
https://www.youtube.com/watch?v=E7hF53DfXOI
Weber
Sicot, donc, va se démarquer de Nemours
Jean-Baptiste en créant un nouveau rythme, proche de la meringue et du calypso,
le Cadence Rampas, Kadans en créole. Il introduit une batterie
dans son groupe quand Nemours Jean-Baptiste n’utilise que des timbales
cubaines.
En 1968,
Weber Sicot s’installe à New York, fuyant la dictature de Papa Doc.
https://www.youtube.com/watch?v=IBQP7EwDQDo
D’autres
musiciens de la mouvance Compas Direct, Michel Desgrottes …
et Louis
Lahens.
https://www.youtube.com/watch?v=oHq5lT6fJz8
Au
milieu des années 60 apparaît en Haïti une nouvelle génération qui intègre ce
que l’on appelle les Mini Jazz, bien que leur musique n’ait pas
grand-chose à voir avec le jazz. Leurs influences proviennent du rock et de la
musique tropicale latino-américaine.
Le groupe
pionnier des Mini Jazz est Ibo Combo.
https://www.youtube.com/watch?v=r8bIqhxEOs4
À Port-au
Prince, mais aussi à Pétion.Ville, Cap Haïtien, Gonaïves et les autres villes
du pays, apparaissent des groupes de Mini Jazz :
Tabou Combo, …
https://www.youtube.com/watch?v=bc5zIZUi5jI
… Bossa
Combo, dont le son ne ressemblait en rien au rythme brésilien …
https://www.youtube.com/watch?v=6nAkE_hpt8M
… Les
Diplomates …
https://www.youtube.com/watch?v=XAb2wbtTgJo
.... Les
Pachas …
https://www.youtube.com/watch?v=CIMHzy3Ti38
Gérard
Dupervil est le grand crooner de cette époque.
Né à
Miragoâne en 1933, il commence sa carrière comme trompettiste, avant d’adopter
l’accordéon. C’est lui d’ailleurs qui initie Nemours Jean Baptiste et Weber
Sicot au solfège. Il se fait connaître, par la suite, en interprétant des
chansons françaises.
En 1958, il
intègre le Jazz des jeunes et devient l’un des meilleurs interprètes et
compositeurs du groupe.
https://www.youtube.com/watch?v=ZQhJ5azcZSU
Son succès
Fleur de mai restera gravé dans la mémoire haïtienne. Il demeurera un
chanteur inimitable et respecté des musiciens d’Haïti.
https://www.youtube.com/watch?v=lrMFxWR-JEI
Dans les
Antilles françaises, dans les années 60, le ka devient l’instrument
identitaire par excellence. C’est l’héritage des tambours que fabriquaient les
esclaves et le rythme du gwo ka rappelle les ancêtres que l’on ne doit
pas oublier dans ces années 60 où parler créole dans les cours d’école est
encore interdit et que certains bars sont réservés aux Blancs.
Tandis que
le Bumidon (Bureau pour la Migration des Départements d’Outre-Mer) créé par
Michel Debré, manifestation du racisme systémique et ininterrompu de la
politique française en Outremer, organise une forte émigration antillaise vers
des emplois peu qualifiés en Métropole ; les musiciens qui choisissent les
percussions, le ka, choisissent le camp de la revendication.
C’est le
cas d’Antilles méchant bateau, que chante André Mahy, une biguine
lente, accompagnée d’un saxo et de gwoka, et qui nous rappelle que l’histoire
des Antilles s’est écrite, tout d’abord, dans les cales des bateaux négriers.
https://www.youtube.com/watch?v=7N11iG2Gl3w
La langue
interdite, le créole, s’y mêle harmonieusement au français.
André Mahy
chante aussi les travers de l’amour.
https://www.youtube.com/watch?v=Q2XDzHyGpXE
Les
vieilles biguines traditionnelles, comme Adieu foulards, adieu madras,
résonnent de nouveau dans les Antilles.
https://www.youtube.com/watch?v=S4TalF1slCA
Je
reviendrai toujours est une biguine au rythme caribéen,
interprétée par Henri Debs et son « combo », une autre référence
aux Antilles hispanophones.
https://www.youtube.com/watch?v=ZmSxAuIuRE4
Provenant
d’Haïti, le kadans rampa de Weber Sicot arrive aux Antilles françaises. Il est joué, entre autres, par les Vikings
de la Guadeloupe…
https://www.youtube.com/watch?v=443btFn79Ks
… ainsi
que les Léopards de Saint-Pierre.
https://www.youtube.com/watch?v=ZCsW298NE_E
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