UNE PETITE HISTOIRE DE LA CHANSON EN FRANÇAIS (3)
L’ANCIEN RÉGIME ET LA CHANSON TRADITIONNELLE
Au XVIIe siècle, dans une
société où la part des illettrés est importante, la chanson populaire est un
art de la rue colporté par transmission orale.
Chanson populaire, traditionnelle ou folklorique ? Il est difficile d’en faire la distinction.
Les mazarinades
Le cardinal Mazarin géra les affaires de la France de 1642 à 1661. Les chanteurs du pont Neuf écrivirent quelque 6 000 chansons, poèmes, libelles ou épigrammes contre lui, les mazarinades.
Son impopularité était partagée par le peuple écrasé d’impôts et la
noblesse qui se ligue contre lui dans la Fronde.
https://www.youtube.com/watch?v=JtoO49GU3JU
Bourgs, villes et villages
L’tocsin il faut sonner
Rompez tous les passages
Qu’il avoit ordonné
Refrain
Faut sonner le tocsin
Din Guin Din
Pour pendre Mazarin
Ce méchant plein d’outrage
A ruiné sans deffaut
Vous tous, gens de villages
Vous donnant de impôts
Nostre France est ruinée
Faut de ce cardinal
Abréger les années
Il est autheur du mal
Louis XV a dix-sept ans lorsque Charles-Alexis Piron, Charles-François Panard, Charles Collé et Crébillon fils, participent chaque dimanche soir, chez l’épicier Gallet, à des agapes lyriques, au cours desquelles chacun improvise une chanson sur un thème donné. De ce jeu naîtra le Caveau qui inspirera à son tour de petites académies chantantes grâce auxquelles les chansonniers jouiront d’une considération égale à celle des écrivains et des musiciens.
Ces lices de chansonniers
permettent l’évolution vers une chanson plus musicale.
Jusqu’au XIXe siècle, les
ballades, les complaintes qu’ils composaient tinrent lieu de chroniques et
assurèrent la propagation des nouvelles car les gazettes ne touchaient qu’un
petit nombre de lettrés.
La chanson joue un rôle de
première importance dans la diffusion de la culture orale. C’est une vraie
littérature populaire, en marge de la culture livresque, qui donne une idée
bien précise de la société.
Il ne faut pas croire,
toutefois, qu’il s’agit d’une production instinctive et spontanée du peuple, la
plupart de ces chansons sont d’origine lettrée et citadine. La grande ville est
dès le XVIe siècle le lieu de production majeur de tout un pan du répertoire
traditionnel, celui des voix-de-ville. Elles furent colportées ensuite dans
toutes les régions et les gens du peuple les transformèrent à leur guise.
Depuis Charlemagne jusqu’à la guerre de 14, toute l’Histoire de France
peut être lue en chansons. Un livre d’histoire anonyme où le peuple porte son
regard critique sur les évènements de l’époque.
Le roi a fait battre tambour
De quel roi s’agit-il, de
quelle favorite ? Les spécialistes en discutent encore.
Il est bien possible qu’il s’agisse de Henri IV dont la maîtresse
Gabrielle d’Estrées mourut en couches, ce qui frappa l’imagination de ses
contemporains.
https://www.youtube.com/watch?v=ESKU84ApUH4
Le roi a fait battre tambour (bis)
Pour voir toutes ces dames
Et la première qu’il a vue
Lui a ravi son âme
...
La reine a fait faire un bouquet (bis)
De belles fleurs de lys
Et la senteur de ce bouquet
À fait mourir marquise.
La chanson fut relancée par le music-hall à la fin de XIXe siècle.
L’amour de moy (XVIe siècle) aborde l’un des mythes les plus
répandus de la poésie amoureuse, celui du jardin.
https://www.youtube.com/watch?v=POUyZoXSny0
L’amour de moy s’y est enclose
Dedans un joli jardinet
Oû croist la rose et le muguet
Et aussi fait la passerose
Selon la région, l’histoire se raconte différemment. En Savoie, le
jardin devient montagne.
Derrière chez nous, il y a-t-une montagne
Moi mon amant nous la montons souvent
Il arrive parfois que la vérité historique soit tergiversée dans une chanson comme c’est le cas pour Malbrough s’en va-t-en guerre. Le général John Churchill, duc de Marlborough, qui l’inspira, n’est pas mort sur le champ de bataille mais tout simplement dans son lit.
https://www.youtube.com/watch?v=OONI1BBm66I
Malbrough s’en va-t-en guerre
Mironton, mironton, mirontaine
Malbrough s’en va-t-en guerre
Ne sait quand reviendra
Selon la tradition, la chanson fut mise à la mode dans la Cour de Louis XVI par la nourrice du Dauphin, Madame Poitrine. De là, elle passa à la ville et bien plus tard elle intégra, comme la plupart de ses sœurs, les albums de chansons enfantine.
Le Roi Dagobert est un voix-de-ville contemporain de Malbrough. Le roi mérovingien n’est qu’un prétexte à caricaturer Louis XV, la chanson datant de 1750.
https://www.youtube.com/watch?v=i0rcZDzTKM0
Le bon roi Dagobert
Avait mis sa culotte à l’envers
Le grand saint Éloi
Lui dit “O mon roi!
Votre majesté
Est bien mal culotée”
“C’est vrai, lui dit le roi,
je vais la remettre à l’endroit”.
Elle s’adapta plus tard au règne suivant et Dagobert devint le portrait de Louis XVI. Plus tard encore, elle redevint à la mode sous chacun des deux Empires, caricaturant les deux Napoléon et finalement elle n’amusa plus que les enfants.
La plus célèbre et l’une des plus anciennes des complaintes populaires, Le roi Renaud, provient d’une ballade scandinave et d’un “gwerz” breton. La légende scandinave, reprise par les bretons, parle d’un chasseur surpris par une fée et qui préfère mourir avant d’être infidèle à son épouse. La version française n’a retenu que le dénouement : la mort de Renaud revenu blessé de guerre
https://www.youtube.com/watch?v=GIisizyzqqM
Le roi Renaud de guerre revint
Portant ses tripes dans ses mains
Sa mère était sur le créneau
Qui vit venir son fils Renaud
Renaud, Renaud,
réjouis-toi
Ta femme est accouchée d’un roi !
-Ni de la femme, ni du fils
je ne saurais me réjouir.
...
Ah ! Dites-moi, ma mère m’amie
Que pleurent nos valets ici ?
-Ma fille, en baignant nos chevaux
ont laissé noyer le plus beau.
...
Ah ! Dites-moi, ma mère m’amie
Pourquoi la terre est fraîche ici ?
-Ma fille, ne puis plus le celer
Renaud est mort et enterré....
Terre, ouvre-toi ! Terre, fends-toi !
Que j’aille avec Renaud mon roi
La mélodie est une libre variation sur un hymne grégorien tiré des
vêpres de la Vierge.
Imprimée en 1837, célébrée par Gérard
de Nerval, la chanson s’adaptait très bien à l’esprit romantique qui
redécouvrait le Moyen Âge.
Au clair de la lune est un voix-de-ville datant du XVIIIe siècle qui
commença sa carrière vers 1790.
https://www.youtube.com/watch?v=yN38P4DypUo
Au clair de la lune
Mon ami Pierrot
Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot
Ma chandelle est morte
Je n’ai plus de feu
Ouvre-moi ta porte
Pour l’amour de Dieu
Vers 1820, le mime Debureau lança boulevard du Temple la mode de
Pierrot, personnage de la “commedia dell’arte”, ce qui donna un nouveau souffle
à la chanson. Dès 1877, elle figurait dans l’un des premiers ouvrages destinés
à l’école communale.
https://www.youtube.com/watch?v=qppCBM47FhE
C’est la mère Michel qui a perdu son chat
Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra
C’est le père Lustucru qui lui a répondu
“Allez, la mère Michel, votre chat n’est pas perdu”
Sur l’air du tra la la
Sur l’air du tradérilala
La marche sur laquelle sont placés les couplets remonte au XVIIe siècle. Le personnage de Lustucru est présent dans le répertoire chansonnier depuis 1650.
Sur l’pont du Nord date du XVIIIe siècle et provient apparemment de
Bretagne même si l’on en a recensé au moins trente-cinq versions en France,
c’est-à-dire sans compter les québécoises et louisianaises. Son sujet,
l’interdit du bal et sa punition, remonte au XIIe siècle.
https://www.youtube.com/watch?v=XTC9EJwqYYE
Sur l’pont du Nord
Un bal y est donné (bis)
Adèle demande
À sa mère d’y aller
Pendant la deuxième guerre mondiale on écoutait sur la BBC une version
particulière de cette chanson traditionnelle.
https://www.youtube.com/watch?v=-2b_vuOE-jQ
Sur l’pont de Londres
Un bal y est donné
Hitler demande
À Goering d’y aller
Le Pas de Calais
C’est dur à traverser
C’est difficile à Londres
D’arriver
Depuis les Croisades, l’histoire de France ressemble à une série
ininterrompue de guerres. Ceci explique, sans doute, la grande quantité de chansons
de soldats dans le répertoire traditionnel.
Bien que ses paroles évoquent Versailles, Paris et Saint-Denis, Auprès de ma blonde est d’origine vendéenne.
https://www.youtube.com/watch?v=OAS-vyaBtZw
Je donnerais Versailles, Paris et Saint-Denis (bis)
Les tours de Notre-Dame et le clocher de mon pays
Auprès de ma blonde, qu’il fait bon, fait bon, fait
bon
Auprès de ma blonde, qu’il fait bon dormir
La tradition la fait dater de 1672, quand les Hollandais envahirent l’île de Noirmoutier. Sa première version imprimée (1704) se nomme d’ailleurs Le prisonnier de Hollande.
La mélodie de En passant par
la Lorraine date du XVIe siècle. Elle se répandit ensuite dans plusieurs
provinces. L’une des variantes “En m’en revenant de Rennes” est à la base du
pastiche Anne de Bretagne de la fin du XIXe siècle.
https://www.youtube.com/watch?v=7H7VGwT_0YU
En passant par la Lorraine
Avec mes sabots
En passant par la Lorraine
Avec mes sabots
Rencontrai trois capitaines
Avec mes sabots oh ! oh!
Avec mes sabots
À la fin du XIXe siècle, le climat revanchard et antiallemand de l’époque conféra une connotation patriotique à ses paroles anodines.
Trois jeunes tambours ou Joli tambour est comme “Auprès de ma blonde” une chanson de marche qui est devenue un classique du répertoire enfantin.
https://www.youtube.com/watch?v=8OS8iVhI54A
Trois jeunes tambours s’en revenaient de guerre (bis)
Et ri et ran rataplan
S’en revenaient de guerre
Le plus jeune a dans sa bouche une rose (bis)
Et ri et ran rataplan
Dans sa bouche une rose
La fille du roi était à sa fenêtre (bis)(...)
Joli tambour, donnez-moi votre rose(...)
Fille du roi donnez-moi votre cœur(...)
Joli tambour, tu auras donc ma fille(...)
Sire le roi, je vous en remercie
---Dans mon pays, y en a de plus jolies
L’un de ses couplets, qui ne se chante guère, permet de la dater avec
assez de précision.
Joli tambour, dis-moi quel est ton père ?
-Sire le roi, c’est le roi d’Angleterre !
Et ma mère est la reine de Hongrie !
Cette dernière ne peut être que Marie-Thérèse d’Autriche, couronnée
reine de Hongrie en 1741.
La plupart des chansons de marins datent de l’époque de la marine à voile. Il s’agissait généralement de chants destinés à rythmer des manœuvres ou des tâches bien précises ou bien des complaintes que l’on chantait sur le gaillard d’avant pendant les moments de détente.
Sur un timbre de 1792, on
composa le chant Pauvre soldat. La tradition orale le transforma. Une des
versions donne á la chanson la forme que nous connaissons, le soldat devient
marin et la chanson Pauvre marin.
https://www.youtube.com/watch?v=sgN1MJ1zcQ4
Brave marin revient de guerre
Tout doux
Tout mal chaussé tout mal vêtu
“Brave marin, d’où reviens-tu ?
Tout doux !
Le thème du navire merveilleux est présent dans la chanson française depuis le XVe siècle.
Il était un petit navire est apparue, en 1852, dans une comédie du Théâtre du
Vaudeville, à Paris.
https://www.youtube.com/watch?v=IxAsrQ4XqF
Il était un petit navire
Qui n’avait ja ja jamais navigué (bis)
Ohé ! Ohé ! matelot
Matelot navigué sur les flots
Elle dérive d’une chanson du gaillard d’avant nommée La courte paille.
Beaucoup de ces chansons traditionnelles, oubliées en France depuis
longtemps, y sont revenues dans les bagages des soldats canadiens qui participèrent
de la guerre de 14.
La plus connue d’entre elles, Alouette, est une typique chanson
énumérative où l’on répète à l’infini la même formule.
https://www.youtube.com/watch?v=gaCZd4Z0H8E
Ses antécédents sont très anciens mais la version actuelle, d’origine québécoise, remonte au début du XXe siècle.
À la claire fontaine fut, quant à elle, adoptée comme hymne par les
patriotes franco-canadiens qui se révoltèrent en 1837 contre la domination
anglaise.
https://www.youtube.com/watch?v=03q-TjHTwm0
À la claire fontaine
M’en allant promener
J’ai trouvé l’eau si belle
Que je m’y suis baigné
Il y a longtemps que je t’aime
Jamais je ne t’oublierai
La chanson était arrivée en Nouvelle France au XVIIe siècle.
Dans les prisons de Nantes ou Les cloches de Nantes, chanson d’origine urbaine, est née au XVIIe siècle en Bretagne, elle parcourut toute la France pour se retrouver finalement au Québec où elle fut très populaire.
https://www.youtube.com/watch?v=1XL3Yfmag38
Dans les prisons de Nantes
Dans les prisons de Nantes
Il y a un prisonnier
Que personne ne va voir
Que personne ne va voir
Que la fille du geôlier
C’est une chanson de la série “prisonnier sauvé” grâce à la naïveté de la fille de geôlier.
Connue dans toute la France de langue d’oïl, répandue au Québec sous de
multiples versions, Le canard blanc, Derrière chez nous il y a un
étang ou bien, plus simplement V’là l’bon vent, date du XVIe siècle.
https://www.youtube.com/watch?v=ET3gUVJ0Ll0
Derrière chez nous y a un étang (bis)
Trois beaux canards y vont nageant
V’là l’bon vent, v’là l’joli vent
V’là l’bon vent
V’là l’bon vent, ma mie m’appelle
V’là l’bon vent, v’là l’joli vent
V’là bon vent, ma mie m’attend
Apparu au milieu du XVe siècle, le noël est en vérité une chanson profane, autant liée aux divertissements du nouvel an qu’à la fête de la Nativité. Le répertoire en est donc très composite, mêlant chants pieux, pastorales et chansons populaires.
Il est né le divin enfant est actuellement un véritable noël populaire. Il est
cependant récent, apparaissant pour la première fois en 1874.
https://www.youtube.com/watch?v=g4cyWxevyAY
Il est né le divin enfant
Jouez hautbois, resonnez musettes
Il est né le divin enfant
Chantons tous son avènement
Après la guerre de 14, le noël fut arrangé en version chorale et chanté
à la messe de minuit.
Bien plus ancien, Les anges dans nos campagnes, du XVIIIe
siècle, fut composé sur l’air du Gloria.
https://www.youtube.com/watch?v=gyJc3o6R6Hc
Les anges dans nos campagnes
Ont entonné l’hymne des Cieux
Et l’écho de nos montagnes
Redit ce chant mélodieux
Il devint au XIXe siècle l’air d’accompagnement des cérémonies autour de la crèche. Il entra ainsi dans le domaine populaire.
Le cantique le plus connu du répertoire de Noël, Minuit,
chrétiens ! fut créé le 25 décembre 1847 dans l’église de Roquemaure,
dans le Gard. Ses auteurs, Placide Cappeau, négociant et poète à ses
heures et le célèbre compositeur, l’auteur de Giselle. Adolphe Adam
https://www.youtube.com/watch?v=LWq5OWYaXDw
Minuit, chrétiens ! C’est l’heure solennelle
Où l’Homme –Dieu descend jusqu’à nous
Pour effacer la tâche originelle
Et de son Père arrêter le courroux
Le monde entier tressaille d’espérance
À cette nuit qui lui offre un sauveur
Peuple à genoux ! Attends la délivrance !
Noël ! Noël ! Voici le Rédempteur ! (Bis)
Les chansons d’auteur qui nous sont parvenues datent du XVIIIe siècle.
Il faut considérer que les lois sur le droit d’auteur furent adoptées par les
Assemblées de la Révolution en 1791 et 1793. Ces lois ratifiaient une évolution
commencée au début du XVIIIe siècle, quand les chansonniers prirent l’habitude
de signer leurs œuvres.
Gabriel Charles, abbé
d’Atteignant et chanoine de Reims (1697-1779) goûtait plus des salons que des
sacristies. La tradition lui attribue J’ai du bon tabac. Elle fut
publiée dans un recueil en 1750. Comme la plupart des chansons du XVIIIe
siècle, J’ai du bon tabac entra dans le répertoire enfantin vers la fin
du XIXe siècle.
https://www.youtube.com/watch?v=XfM8YyV_7wQ
J’ai du bon tabac dans ma tabatière,
J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas.
J’en ai du frais et du rappé,
Ce n’est pas pour ton fichu nez.
J’ai du bon tabac dans ma tabatière,
J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas.
Fabre d’Églantine (1750-1794), acteur et auteur de vaudevilles et d’opéras-comiques, écrivit Il pleut bergère en 1779. Mise en musique par Victor Simon en 1782, elle devint la romance à la mode dans les salons gagnés par le goût préromantique pour la nature, dérivation naïve des idées de Jean- Jacques Rousseau.
https://www.youtube.com/watch?v=MnhsN_RvuWA
Il pleut, il pleut bergère,
Rentre tes blancs moutons ;
Allons à ma chaumière,
Bergère, vite allons
Fabre d’Églantine sera plus tard l’un des auteurs du calendrier révolutionnaire et mourra guillotiné sous la Terreur.
À la même époque, en 1785, Jean-Paul Schwarzendorf, dit Martini, maître de chapelle du roi, met en musique un poème de Florian. La chanson s’appelait tout d’abord La romance du chevrier, on la chante encore aujourd’hui sous le nom de Plaisir d’amour.
https://www.youtube.com/watch?v=t_ZLRb99KPo
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
Chagrin d’amour dure toute la vie.
J’ai tout quitté pour l’ingrate Sylvie,
Elle me quitte et prend un autre amant.
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