DEUX ARGENTINS QUI ÉCRIVENT EN FRANÇAIS - DOS ARGENTINOS QUE ESCRIBEN EN FRANCÉS
Laura Alcoba et Santiago H.Amigorena sont argentins et écrivent en français. Ce ne sont pas les seuls, ni les premiers. Avant eux, Hector Bianciotti, qui intégra l’Académie française et Copi, parmi d’autres, le firent aussi.
Or, Amigorena et
Alcoba ne s’expriment littérairement qu’en cette langue et tous deux, enfants,
ont été obligés de quitter leur pays natal à cause de la violence des
dictatures.
Tous deux ont, en
outre, un rapport particulier avec le silence.
« -Pourquoi tu écris ?
-Parce que je ne parle pas »,
écrit l’auteur d’Une enfance laconique
au début de son nouvel ouvrage, Premier
exil.
Quant à Laura Alcoba, elle affirmait, en août 2014, au journal Libération : «Sans le français, je n'aurais pas écrit. C'est l'espagnol qui m'a appris à me taire. En espagnol, enfant, je suis devenue mademoiselle Rien du tout : il m'était interdit de dire comment je m'appelais. On ne se défait pas d'un tel pacte. C'est la langue française qui m'a permis de sonder le silence et de m'en défaire.»
Manèges, petite histoire argentine, Laura Alcoba
Gallimard, 2007
« Mon nom est Personne », ce sont les
mots d’Ulysse. Or, Ulysse était bien loin d’être une petite fille de 7 ans,
obligée de cacher son identité pour ainsi protéger sa mère et d’autres membres
du groupe terroriste Montoneros avec qui elles habitent, dans la ville de La
Plata, dans une Argentine où règne la terreur de la main de l’AAA (Alianza
Anticomunista Argentina) et, après le coup d’État du 24 mars 1976, sous la
botte des militaires.
Elle s’appelle Rien du tout. Voici comment elle se
présente à une belle voisine qui
l’interroge sur son nom. Rien du tout,
le silence face aux dangers de mort, et même face à l’éventualité de la
torture.
Cette terrible
éventualité est traduite par l’enfant à ce qu’elle peut, sinon comprendre, du moins imaginer. Lorsqu’on lui parle d’une femme qui,
en main des tortionnaires, « n’a pas
parlé. . On lui a fait des choses horribles, tu sais, des choses que l’on ne
peut pas dire à une petite fille de ton âge. Mais elle n’a pas ouvert la
bouche. Elle a tout supporté sans un mot.
Je n’ai pas cherché à savoir en quoi consistaient ces
“choses”. Moi aussi, je sais me taire. Je n’ai fait qu’imaginer.
J’ai pensé à des choses qui font très, très mal, avec de
grands clous rouillés ou plein de petits couteaux à l’intérieur, tout au fond.
Et elle, qui n’avait pas desserré les dents. Puis je me suis dit, de moi à moi,
qu’être une femme forte, c’était ça. »
On impose alors à
l’enfant un pacte de silence. Mais, qui est ce « on » ? Sa mère,
l’ingénieur qui met au point le système qui occulte une imprimerie clandestine, les autres
Montoneros, les circonstances ? Devant le danger d’une descente de la
police dans la maison où ils se cachent, c’est aussi la petite fille qui sera
envoyée en éclaireuse dans le quartier.
La fillette subit,
en outre, l’absence de sa mère. Tout d’abord, lorsque son père est arrêté,
celle-ci laisse sa fille chez ses parents. Quand elles se retrouvent, l’enfant
s’étonne :
« Ma mère ne ressemble plus du tout à ma mère.
C’est une jeune femme maigre, aux cheveux courts et roux, d’un rouge très vif
que je n’avais jamais vu sur des cheveux. J’ai un mouvement de recul
lorsqu’elle se penche pour m’embrasser.
— C’est moi, c’est maman. Tu ne me reconnais pas ? C’est
à cause de mes cheveux….
Mon grand-père et ma mère échangent quelques mots à
peine.
Je crois comprendre qu’elle essaye de le rassurer. »
Et puis, dans leur
dernier hébergement en Argentine :
« Ma mère, elle, ne met plus du tout le nez dehors. Sauf
au moment des repas, je ne la croise presque plus dans la maison. Depuis le
coup d’État, la rotative offset qui est cachée derrière les cages à lapins
imprime le plus grand nombre de journaux possible, et ma mère n’a plus un
moment de répit. »
Cette absence est peut-être
comblée par la lumineuse Diana Teruggi, qui dans ces temps-là, attendait un
enfant, et à qui Laura Alcoba dédicace son ouvrage. Diana sera assassinée par
une patrouille militaire. Son bébé, Clara
Anahí Mariani, sera l’un des enfants volés par la dictature. Sa grand-mère,
Chicha Mariani, grande figure des Grand-mères de la Place de Mai, mourut
en 2018 sans avoir pu la retrouver.
« Parfois, Diana fait un peu la maîtresse
d’école pour moi. Juste avant de commencer à préparer le dîner, elle invente
quelques exercices que je dois résoudre sur la table de la cuisine, avant qu’il
ne soit l’heure de mettre le couvert. Le plus souvent, elle me fait faire des
mathématiques. »
Une scène peut
symboliser cette enfance sous le signe du silence, celle su goûter de la petite
fille :
« Aujourd’hui, c’est le jour où on nettoie les
armes. J’essaie de trouver un coin de table propre car elle est jonchée de
tiges et d’écouvillons pleins d’huile. C’est que je ne voudrais pas souiller ma
tartine de dulce de leche. »
Laura finira par quitter
l’Argentine et s’exiler en France, où se trouve déjà sa mère. La mémoire de la
violence la hantera jusqu’à ce qu’en 2003, durant un voyage en Argentine, elle
décide que le moment est venu de raconter ses années d’enfance :
« …si je fais aujourd’hui cet effort de mémoire pour parler de l’Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d’enfant, ce n’est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j’arrive à oublier un peu. »
Pour ma part, ce
beau livre sans stridences, dans lequel on ressent vraiment le regard de la
petite fille devant un monde qui s’effondre, m’a permis, bien que je n’aie
jamais oublié ces années de plomb, de m’en souvenir un peu plus. Il me faut
préciser qu’en 1976, j’avais déjà 28 ans et je n’oublie pas, je n’oublierai
jamais, le climat de terreur qui régnait dans la ville de Buenos Aires, les 72
heures que je passai dans un commissariat suite à une razzia de la police dans
le cafés de l’avenue Corrientes, la rue des théâtres de la ville, des gens que
l’on côtoyait et qui, d’un jour à l’autre, disparaissaient. Car nous savions
très bien que les militaires faisaient disparaître des opposants, nous savions
très bien que la ESMA (l’École de Mécanique de la Marine) était un centre de
détention. Nous savions…
Je sais aussi que
la lecture de Manèges, petite histoire
argentine, éviterait aux plus jeunes d’oublier ces moments atroces de
l’histoire qu’ils n’ont, heureusement, pas connus.
Le premier exil, Santiago H.Amigorena
P.O.L., 2021
L’année dernière,
la lecture de Ghetto intérieur, le première livre de Santiago H.Amigorena que
j’ouvrais, m’avais beaucoup plu, et, par moments, profondément ému.
Ma réaction devant
son opus 2021, Le Premier Exil, est bien plus mitigée. Je dirais que, parfois,
l’égotisme qui déborde de certaines pages m’a franchement gêné, ainsi qu’une
ironie assez pédante, têtard graphophile,
batracien graphomane et d’autres jeux
de mots, qui à force de se répéter finit
par, dirais-je, s’éventer.
Et puis, l’ouvrage d’Amigorena
est farci de citations, en italique, certes, mais aucune mention d’auteurs. Une
érudition prétentieuse qui semble ne s’adresser qu’à un public aussi savant que
l’auteur.
J’avoue que le
livre faillit, très souvent, me tomber des mains !
Il est vrai,
pourtant, que lorsque l’écrivain, se penche sur son enfance à Montevideo, les
amis de sa rue, ses amours d’enfant, le « gomero » du jardin, son
arbre refuge, le récit peut devenir plus attachant.
« … la maison, dans son jardin lilliputien,
abritait ce dernier abri immense, ce labyrinthe aux multiples chambres
secrètes, à la fois occultes et ouvertes sur le monde, où, perchés comme deux
grands paresseux, mon frère et moi passions des heures : notre gomero.
(…)dans cet arbre touffu qui étendait ses bras tortueux vers la maison telle la
pieuvre dans son ballet intime ses tentacules vers son poulpe amoureux, dans
cet arbre prodigieux, démesuré, presque aussi grand que la maison elle-même,
mon frère et moi, très vite après notre déménagement, avions trouvé cinq ou six
alcôves formées par les ramifications des multiples branches. Au réveil les
jours où nous n’avions pas école, au retour de l’école après le goûter, nous
nous disputions ces diverses niches d’où nous scrutions la rue et ses enfants. »
Les pages qui
retracent les signes avant-coureurs du déferlement de violence qui allait
s’abattre sur l’Amérique latine, me font, j’avais 17 ans au moment du coup
d’État du général Onganía et j’allais entrer à l’Université, revivre cette
époque formatrice.
« Le coup d’État du général Juan Carlos Onganía avait porté à la tête de l’Argentine une idéologie libérale, nationale-catholique et anticommuniste, qui s’était distinguée, un mois à peine après avoir pris le pouvoir, par une attaque féroce à l’Université de Buenos Aires. Au cours de cette nuit, qu’on devait nommer plus tard la Nuit des Longs Bâtons, la police avait forcé les universitaires à quitter la faculté en leur hurlant dessus « Communistes ! », « Fils de pute ! », « Juifs de merde ! » et d’autres insultes illettrées. Puis on les avait obligés à passer entre une double rangée de policiers qui avaient roué de coups de bâton et de crosses de fusil les hommes et tripoté grossièrement les femmes. Cela n’avait pas été seulement une opération préméditée : le pouvoir militaire s’en était ensuite enorgueilli en rendant publiques les photos des universitaires humiliés et en décrivant l’université elle-même comme un « antre de communistes » et un lieu dangereux « où l’on faisait circuler du savoir ». Lorsqu’il fut questionné, l’officier qui mena l’attaque résuma la situation en une phrase courte et définitive : ‘’L’autorité est au-dessus de la science’’. »
Or, ces quelques
pages ne suffisent pas à faire oublier les autres où l’écrivain s’entortille
sur lui-même. Comme, à mon âge, je n’ai
plus de temps à perdre avec des textes qui m’ennuient ou m’exaspèrent, avec des
textes dans lesquels il m’est difficile de déceler une valeur littéraire, j’ai
refermé Le Premier Exil, je l’ai placés sur l’une des étagères les plus hautes
de ma bibliothèque, et j’ai commencé la lecture d’un autre ouvrage.
Laura Alcoba y Santiago
H.Amigorena son argentinos y escriben en francés. No son los únicos, ni los
primeros. Antes que ellos, Héctor
Bianciotti, que integró la Academia Francesa, y Copi, lo hicieron también.
Amigorena y Alcoba, empero, sólo se expresan literariamente en esta
lengua y ambos, de niños, fueron obligados a abandonar su país natal a causa de
la violencia de las dictaduras.
Ambos tienen, además, una relación particular con el silencio.
« ¿-Por qué escribís?
-Porque no hablo.», escribe el autor de Una infancia lacónica a comienzos de su nueva obra, Primer exilio.
En cuanto a Laura Alcoba, afirmaba en agosto de 2014, al diario Libération: «Sin el francés, yo no habría escrito. Es el castellano que me enseñó a callarme. En castellano, de niña, me volví la señorita Nada de nada: me estaba prohibido decir cómo me llamaba. Una no se deshace de un tal pacto. La lengua francesa me permitió sondear el silencio y deshacerme de él.»
Manèges, petite histoire argentine, Laura Alcoba
Gallimard, 2007
En Argentina:
La casa de los conejos, traducción de Leopoldo Brizuela
Edhasa, 2008
«Mi nombre es Nadie», son las palabras de Ulises. Pero Ulises
estaba muy lejos de ser una niña de 7 años, obligada a esconder su identidad
para proteger así a su madre y a otros miembros del grupo opositor Montoneros
con quienes ellas habitaban, en la ciudad de La Plata, en una Argentina en que
reina el terror de la mano de la AAA (Alianza Anticomunista Argentina) y, luego
del golpe de estado del 24 de marzo de 1976, bajo la bota de los militares.
Se llama Nada
de nada. Así es cómo se presenta a una linda vecina que la interroga sobre
su nombre. Nada de nada, el silencio
frente a los peligros de muerte, y aún, frente a la eventualidad de la tortura.
Esta terrible eventualidad es traducida por la
niña en lo que puede, si no entender, por lo menos imaginar. Cuando le hablan
de una mujer, quien en manos de los torturadores, «no
habló. Le hicieron cosas horribles, sabés, cosas que no se le pueden decir a
una chica de tu edad. Pero no abrió la boca. Soportó todo sin decir una
palabra.
No traté de saber en qué
consistían esas ‘’cosas’’. Yo también se callarme. Sólo imaginé.
Pensé en cosas que
duelen mucho, con grandes clavos oxidados o cantidad de cuchillitos en el
interior, en el fondo. Y ella, que no había abierto la boca. Luego me dije, de
mí a mí, ser una mujer fuerte, es eso.»
Se le impone a la niña un pacto de silencio.
Pero, ¿quién es ese “se”? ¿Su madre, el
ingeniero que pone a punto un sistema que oculta la imprenta clandestina, los
otros Montoneros, las circunstancias? Ante el peligro de una inspección de la
policía en la casa en que se ocultan, es la niña que será enviada como
exploradora en el barrio.
La chica sufre, además, la ausencia de su madre. Primero, cuando su
padre es detenido, déjà a su hija en lo de sus padres. Cuando se vuelven a
encontrar la niña se asombra:
« Mi madre ya no se parece para
nada a mi madre. Es una joven flaca con cabello corto y pelirrojo, un rojo muy
vivo que nunca antes vi en cabellos. Hago un movimiento de rechazo cuando se
inclina para besarme.
— Soy yo, mamá. ¿No me reconocés?
Es a causa de mi cabello…
Mi abuelo y mi madre intercambian
apenas unas palabras.
Creo entender que trata de
tranquilizarlo.»
Y luego, en su último domicilio en Argentina:
« Mi madre ya no saca la nariz
fuera de la casa. Salvo en el momento de las comidas, ya no la cruzo en la
casa. Desde el golpe de estado la rotativa offset escondida detrás de las
jaulas de conejos, imprime la mayor cantidad de diarios posible, y mi madre ya
no tiene un momento de descanso.»
Esta ausencia es colmada tal vez por la luminosa Diana Teruggi, quien en
esos tiempos esperaba un niño, y a quien Laura Alcoba dedica su libro. Diana
será asesinada por una patrulla militar. Su bebé, Clara Anahí Mariani, será uno
de los niños robados por la dictadura. Su abuela, Chicha Mariani, gran figura
de las Abuelas de Plaza de Mayo, murió en 2018 sin haberla podiso encontrar.
«A veces Diana hace un poco la
maestra para mí. Justo antes de empezar a preparar la cena, inventa algunos
ejercicios que debo resolver en la mesa de la cocina, antes de que sea la hora
de poner los cubiertos. Lo más a menudo me hace hacer matemáticas.»
Una escena puede simbolizar esta infancia bajo el signo del silencio, la
de la merienda de la nena:
« Hoy es el día en que se limpian
las armas. Trato de encontrar un lugar limpio en la mesa ya que está llena de
varillas y de baquetas llenas de aceite. No quisiera ensuciar mi tostada con
dulce de leche.»
Laura terminará por abandonar Argentina y exilarse en Francia donde ya
se encuentra su madre. La memoria de la violencia la atormentará hasta que en
2003, durante un viaje a Argentina, decida que llegó el momento de contar esos
años de infancia:
«…si hago hoy este esfuerzo de memoria para hablar de la Argentina de los Montoneros, de la dictadura y del terror vista con ojos de niña, no es tanto para acordarme que para ver, después, si logro olvidar un poco. »
Por mi parte, este bello libro sin estridencias, en el que se siente
realmente loa mirada de la niña frente a un mundo que se derrumba, me permitió,
aunque nunca haya olvidado esos años de plomo, acordarme un poco más. Hay que
precisar que, en 1976, yo ya tenía 28 años y no olvido, no olvidaré jamás, el
clima de terror que reinaba en la ciudad de Buenos Aires, las 72 horas que pasé
en una comisaría después de una razzia policial en los cafés de la calle
Corrientes, la calle de los teatros de la ciudad, de la gente que uno
frecuentaba y que, de un día para el otro, desaparecía. Ya que sabíamos muy
bien que los militares hacían desaparecer a sus opositores, sabíamos muy bien
que la ESMA (Escuela de Mecánica de la Armada) era un centro de detención. Sabíamos…
Sé también que la lectura de La Casa de los Conejos, evitaría a los más jóvenes olvidar esos momentos atroces de la historia que afortunadamente no conocieron.
Le premier exil, Santiago H.Amigorena
P.O.L., 2021
El año pasado, la lectura de Gueto
interior, el primer libro de Santiago H. Amigorena que abría, me había
gustado mucho, y, por momentos, emocionado profundamente.
Mi reacción ante su obra de 2021, El
Primer Exilio, es mucho más mitigada. Diría que, a veces, el egotismo que
desborda de ciertas páginas, francamente,
me molestó, así como una ironía bastante pedante, renacuajo grafófilo, batracio
grafómano, y otros juegos de
palabras que, a fuerza de repetirse, termina por, diría, perder el sabor.
Y además, el trabajo de Amigorena está plagado de citas, en bastardilla, ciertamente, pero sin ninguna
mención de autores. Una erudición pretenciosa que parece sólo dirigirse a un público
tan sabio como el autor.
¿Confieso que el libro estuvo muchas veces a punto de caerse de mis
manos!
Es verdad, sin embargo, que cuando el escritor se inclina sobre su infancia
en Montevideo, los amigos de su calle, sus amores de niño, el gomero del
jardín, su árbol refugio, el relato puede volverse más entrañable.
« … la casa, en su jardín
liliputiense, albergaba este último asilo inmenso, ese lkaberinto de múltiples
cámaras secretas, ocultas y a la vez abiertas al mundo, en que, trepados como
dos grandes perezosos, mi hermano y yo, pasábamos horas, nuestro gomero. (…) en este árbol frondoso que extendía sus
brazos hacia la casa como un pulpo en su ballet íntimo sus tentáculos hacia su
pulpo enamorado, en este árbol prodigioso, desmesurado, casi tan grande como la
casa misma, mi hermano y yo, muy rápido después de la mudanza, habíamos
encontrado cinco o seis alcobas formadas por las ramificaciones de sus múltiples
ramas. Al despertar, los día en que no teníamos
colegio, al volver del colegio después de la merienda, nos disputábamos estos
diversos nichos desde donde escrutábamos la calle y a sus niños. »
Las páginas que retrasan los signos premonitorios de la oleada de
violencia que iba a abatirse sobre América Latina, me hacen, tenía 17 años en
el momento del golpe de estado del general Onganía e iba a entrar a la
Universidad, revivir esta época formadora..
« El golpe de estado del general Juan Carlos Onganía había llevado a la cabeza de la Argentina una ideología liberal nacional-católica y anticomunista, que se había distinguido, un mes apenas después de haber tomado el poder, por un ataque feroz a la Universidad de Buenos Aires. En el transcurso de esa noche, que más tarde debía llamarse la Noche de los Bastones Largos, la policía había forzado a los universitarios a abandonar la facultad aullándoles “ ¡Comunistas!, “¡Hijos de puta!, “¡Judíos de mierda!” y otros insultos iletrados. Luego se los había obligado a pasar entre una doble fila de policías que habían molido a golpes de bastón y de culatas de fusil a los hombres y toqueteado groseramente a las mujeres. Esto no había sido sólo una operación premeditada: el poder militar se había luego enorgullecido volviendo públicas las fotos de los universitarios humillados y describiendo a la misma universidad como un « antro de comunistas » y un lu gar peligroso ‘’donde se hacía circular saber’’. Cuando se le preguntó, el oficial que llevó adelante el ataque resumió la situación con una frase corta y definitiva: ‘’La autoridad está por arriba de la ciencia’’. »
Estas pocas páginas, empero, no bastan para hacer olvidar las otras en
las que el escritor se enrosca sobre sí mismo.
Como, a mi edad, ya no tengo tiempo que perder con textos que me aburren
o me exasperan, con textos en los que me es difícil detectar un valor
literario, cerré Le Premier Exil, lo ubiqué en un estante bien alto de la
biblioteca y empecé la lectura de otro libro.
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