L’esclavage en toutes lettres (4) – La esclavitud con todas las letras (4)

« Comme tous les enfants de l’esclavage, les “criollitos” (petits créoles) comme on les appelait, je suis né dans une infirmerie, où on amenait les Noires grosses pour qu’elles accouchent. À mon avis, il s’agissait de la plantation Santa Teresa, même si je ne suis pas bien sûr. Ce dont je me souviens c’est que mes parrains me parlaient beaucoup de cette plantation et de ses propriétaires, des messieurs nommés La Ronda. Mes parrains ont porté ce nom pendant longtemps, jusqu’à ce que l’esclavage est parti de Cuba. Les Noirs se vendaient comme des “cochinaticos” (porcelets) et moi, j’ai été vendu très vite, voilà pourquoi je ne me souviens rien de cet endroit. » Celui qui s’exprime ainsi se nomme Esteban Montejo, il s’agit d’un Noir marron, figure centrale du roman-témoignage Biografía de un cimarrón (Biographie d’un marron) (1966) de l’écrivain et ethnologue cubain Manuel Barnet . À 22 ans, Barnet rencontre Montejo, 103 ans, ancien esclave et ancien marron. Après trois ans ...